On  ne lui a pas collé le surnom de « Problem » pour rien. Adrien Broner est un vrai problème sur le ring et dans la vie privée.

Il voulait que le combat contre Adrian Granados ait lieu à 147 livres au lieu de 142. Cela lui fut accordé. Il aimait mieux que l’affrontement soit de dix assauts au lieu de douze. Encore une fois, les dirigeants du gala lui ont donné raison.

Oui, il a remporté la victoire sur son ex-partenaire d’entraînement Adrian Granados, mais un peu comme ce fut le cas lors de la victoire d’Andre Ward sur Sergey Kovalev, les gens autour du ring étaient loin d’être satisfaits de la décision.

Essayez de comprendre. Deux juges, Robert Pope de l’Ohio et Steve Weisfeld du New Jersey, ont remis des cartes de pointage de respectivement 96-94 et 97-93 en faveur de Broner, mais le troisième juge, Phil Rogers de la Pennsylvanie, a trouvé qu’Adrian Granados méritait la victoire par un pointage de 97-93, exactement le contraire que Steve Weisfeld .

Même le représentant de Boxing New 24 croyait que Granados était victorieux par la marge de sept rounds contre trois.

Beaucoup d’accrochages

Le combat n’a pas été mauvais en soi, mais il aurait pu être meilleur, surtout de la part de Broner, un ex-champion chez les super-plumes, les légers, les mi-moyens et les super-légers. Il a accroché plus souvent qu’à son tour au cours de la rencontre, ce qui a rendu la tâche et le spectacle plus ou moins moches.

Supposément que le « Problem » s’était blessé à la main dès le premier round. « C’est pour cette raison que je n’ai pu utiliser mon jab à volonté », a-t-il admis à Jim Gray, de Showtime, après sa victoire pendant que la foule le huait. Et pourtant, il était chez lui, devant les siens.

L’arbitre du combat, Ernie Shariff, aurait pu intervenir et même enlever un ou deux points à Broner pour avoir retenu, mais tout comme l’avait fait Robert Byrd dans le duel entre Ward et Kovalev, il a fermé les yeux.

Si jamais vous cherchez un boxeur malchanceux, pensez à Adrian Granados. Pour la cinquième fois de sa carrière, il subissait un revers par décision. Trois ont été par décisions majoritaires et les deux autres par décisions partagées.

« J’aimerais obtenir un combat revanche, mais cette fois chez nous à Chicago, devant mes admirateurs », a demandé Granados après l’annonce de sa défaite.

À cela, Broner a répondu : « il n’en est pas question! »

Trois victoires de suite

Broner a maintenant collé trois victoires de suite depuis sa défaite contre Shawn Porter en juin 2015. Que va-t-il faire de sa carrière? Va-t-il retourner chez les super-légers où il occupe le quatrième rang des aspirants à la WBC ou bien va-t-il rester chez les 147 livres?

Le « Problem » prétend qu’il a changé sa vie, lui qui dans le passé a connu toutes sortes de démêlés avec la justice. Il a été arrêté pour ivresse au volant. Il a déjà menacé de se suicider et a envoyé une photo de lui avec le revolver à la main. Il a aussi tenté d’étouffer une serveuse de restaurant. Il a jeté des centaines pour ne pas dire des milliers de dollars dans une toilette puis a tiré la chasse d’eau. Il a été impliqué dans un vol à main armée puis déclaré non coupable.

Inutile de vous dire que son idole est nul autre que Floyd Mayweather et que tout comme son idole, il aime vivre dans la haute société. Il a même touché une bourse de 1 million de dollars comparativement à 250 000 $ pour son rival. Et dire qu’à un certain moment, on croyait qu’il pourrait éventuellement devenir le successeur de « Money » sur le ring. Mais aujourd’hui, rares sont ceux qui sont de cet avis.

Oui, Broner a gagné sa bataille contre Adrian Granados, mais il a perdu des centaines et des centaines d’admirateurs à la suite de sa performance bien ordinaire de samedi soir dernier à Cincinnati.

Bobby Gunn n’était pas de taille

Il y a eu un combat de boxe vendredi soir dernier au Chase Center de Wilmington, au Delaware. C’est dommage, mais un seul boxeur s’est présenté sur le ring. Son nom est Roy Jones, un vénérable quadragénaire qui a remporté la victoire par retrait de Bobby Gunn, après seulement sept secondes du huitième engagement.

En somme, le combat a plutôt été un numéro de cirque.

Après l’accolade d’usage à la fin de l’engagement, Gunn, le champion à poings nus a été assez franc pour admettre : « Je pense qu’il a eu pitié de moi…! » Et comment!

Gunn n’était pas monté sur un ring depuis trois ans et j’espère pour lui qu’il ne remettra pas les gants de sa vie. S’il l’avait réellement voulu, Jones aurait pu le blesser sérieusement dès le premier round. Il aurait pu le finir au septième engagement, mais voyant que son rival vacillait sur ses jambes, le nouveau champion WBF a reculé et a permis à Gunn de finir le round. Était-ce de la gentilhommerie ou de la pitié pour un rival totalement déclassé?

Jones ne s’est pas caché pour dire après la rencontre : « J’aurais pu le finir plus rapidement, mais je voulais donner un bon spectacle à la foule », estimée à 2 200 personnes.

Maintenant, on sait un peu mieux ce qu’est la différence entre un batailleur de rue, un pugiliste à poings nus et un boxeur.

La boxe, c’est une science, et un peu comme à l’école, un boxeur doit apprendre son métier. Il est évident que Jones était un meilleur élève que Gunn.

Ce qui me fait peur, c’est que Jones a déclaré après sa victoire qu’il en était à sa dernière année à boxer, mais qu’il avait l’intention de continuer d’ici là. Le problème, c’est qu’il ne faudrait pas qu’il prenne sa victoire sur Gunn comme exemple si jamais il devait affronter des vrais boxeurs. Jones a montré quelques séquences d’antan, mais sur une période assez courte et il est évident qu’il a ralenti.

Déjà, il y a un vétéran du nom d’Imamu Mayfield qui lui a lancé un défi et Jones est prêt à l’accepter. « Où veut-il que le combat ait lieu et à quel poids, a lancé Jones en apprenant le défi. J’ai 48 ans et si cela en vaut la peine, j’ai le temps. Pourquoi pas? »

Mayfield est un ex-champion mondial IBF des lourds Léger de 44 ans. Mais sa fiche est peu reluisante. Il n’a gagné que deux combats à ses huit dernières sorties tout en perdant quatre fois par K.-O.

Il a cessé de combattre en 2008 puis est revenu à la compétition en 2016. Il a livré deux batailles l’an dernier et il est maintenant inactif depuis novembre

Mais attention… Il a tout de même remporté 19 de ses 26 victoires par K.-O. On sait que Jones n’a plus le menton qu’il présentait en début de carrière. Et un combat contre Mayfield n’aurait pas l’air d’une exhibition comme ce fut le cas contre Gunn.

« Je suis conscient de tout cela, d’admettre Jones. À 48 ans, chaque bataille peut être la dernière de ma carrière. Il n’y a pas si longtemps, Bernard Hopkins a livré ce qui devait être son dernier combat et c’est probablement le cas. Je sais que la même chose pourrait m’arriver. »

Que fera Gunn maintenant qu’il a perdu son heure de gloire? Je suppose qu’il va retourner dans ses cours arrière, ses entrepôts ou encore ses garages désaffectés pour affronter des videurs de club, des ex-boxeurs, et des gardes du corps, mais lui aussi est sur le point de rendre les armes, ce que je lui souhaite au plus vite.

Bonne boxe.