À la veille de son combat contre Jessie Vargas cette fin de semaine, Manny Pacquiao va-t-il donner suite à la chanson de Gerry Boulet « Avant de m’en aller », ou bien va-t-il continuer, disons pour une dernière fois? Histoire d’y aller d’une dernière performance contre son ennemi juré, Floyd Mayweather, et tenter de se prouver à lui-même et ses admirateurs qu’il n’est pas fini.

S’il n’en tient qu’à Bob Arum, c’est Go. Il va tout faire pour que Pacman se mesure à nouveau à Mayweather. Mais selon les proches de Money, ce dernier ne veut rien savoir de son ex-rival unibrassiste qu’il a toujours soupçonné d’avoir joué la comédie parce qu’il ne faisait pas le poids dans leur affrontement millionnaire de mai 2015. Et ce n’est pas en vue d’un retour non plus si le roi invaincu a repris l’entraînement plus sérieusement que d’habitude.

Il faut comprendre que depuis son plus bas âge, Mayweather s’est toujours très bien entraîné jour après jour et ce n’est pas aujourd’hui qu’il va changer de tactique.

Le politicien en congé

Pacquiao a mis un bémol sur sa carrière de politicien pour affronter Vargas. Mais il commence à se faire vieux. Il soufflera 38 chandelles le 17 décembre prochain et il a reçu des coups sur la caboche dans 68 combats depuis le début de son illustre carrière qui l’amènera facilement au Temple de la renommée de la boxe.

Son rival est dix ans plus jeune que lui. C’est dans une deuxième tentative dans un combat de championnat du monde qu’il est finalement parvenu à vaincre Sadam Ali par K.-O. technique au 9e round pour ainsi coiffer la couronne mondiale WBO des mi-moyens.

Fait à souligner, c’était la première fois depuis 2011 que Vargas parvenait à battre un rival par K.-O..  Sa dernière victime avait été Josito Lopez.

En étudiant la fiche des deux boxeurs, il est peu probable que cet affrontement se termine par un K.-O..

Après sa défaite contre Money, Pacquiao a annoncé qu’il se retirait de la compétition pour se dévouer à sa cause de sénateur aux Philippines, mais après avoir été élu il est revenu sur sa décision.

« Ma source principale de revenus est la boxe, avait-il prétendu. Je dois faire vivre non seulement ma famille, mais aussi celle de mon épouse et aussi plusieurs gens qui viennent me voir parce qu’ils ne peuvent plus arriver avec leurs revenus. Il me faut absolument les aider eux aussi. »

En somme, Pacman a été retraité pendant sept mois. Il a livré son dernier combat en mai 2015 et il est monté à nouveau sur le ring en avril 2016 pour vaincre Timothy Bradley, le même qui a fait subir l’unique défaite à Jessie Vargas.

Pacquiao a choisi Vargas

C’est Pacman lui-même qui a choisi Jessie Vargas, le champion WBO des mi-moyens à titre de rival. On aurait plutôt aimé que Pacquiao se mesure à Terrence Crawford, une vedette montante chez HBO, mais le risque de défaite aurait été plus grand pour celui qui a déjà gagné pas moins de huit titres mondiaux en carrière.

Vargas n’est pas un mauvais boxeur, mais plusieurs croient qu’il n’est pas dans la classe du Pacman. Ce n’est pas un triomphe sur Timothy Bradley qui veut dire que vous êtes un grand champion. Sa fiche de victoires ne se compare en rien à celle de son rival. Plusieurs lui reprochent de ne pas avoir une force de frappe de champion (27-1-0 (10 K.-O.). À cela, on peut répondre que Manny n’a pas gagné par mise hors de combat depuis novembre 2009, soit il y a sept ans, alors qu’il avait battu Miguel Cotto par K.-O. technique au 12e round.  

La différence entre les deux pugilistes, c’est que Vargas est bon, mais il ne fait pas partie de la classe élite. Pacquiao, lui, est dans cette catégorie d’athlètes élites. Et son style endiablé est fait sur mesure pour la télévision.

Il lui faut gagner

Pour que Pacquiao poursuive sa carrière après cet affrontement contre Vargas, il lui faut avant tout remporter la victoire. Être le plus spectaculaire possible. Vendre le plus de parts de télévision possible et montrer qu’il est toujours une attraction de première force pour le petit écran.

Mais si jamais il se dégonfle? Là, ce sera la fin, la vraie. Pacquiao soutient que c’est parce qu’il est pratiquement toujours plus léger que ses rivaux s’il ne réussit pas plus de K.-O.. Pourtant, quand il a été assommé par Juan Manuel Marquez, Pacman pesait 147 livres, soit quatre de plus que son rival.

Pas de lendemain.  La télévision ne pardonne pas, surtout pas les canaux payants.

À quand le prochain K.-O. de Manny?    

Une victoire par décision à la boxe, c’est très bien. Mais un triomphe par K.-O., c’est encore mieux.

Une chose est certaine, Manny Pacquiao ne nous a pas tellement gâtés au cours des dernières années, du moins par sa force de frappe. 

Après une victoire par décision partagée sur Juan Manuel Marquez en mars 2008 pour le titre WBC des super-plumes, Pacman filait le bonheur parfait.

Imaginez, quatre triomphes par K.-O. dans ses quatre combats suivants. Et pas contre les moindres. Ce fut David Diaz (34-1-1), Oscar De La Hoya (39-5-0), Ricky Hatton (45-1-0) et enfin Miguel Cotto (34-1-1).

Puis le tonnerre s’est tu. Plus de mise hors de combat. Niet, rien… Des victoires, mais par décision seulement.

Pacquiao n’a pas enregistré de mise hors de combat au cours de ses 11 derniers duels, excepté le sien aux mains de Juan Manuel Marquez au 8e engagement en 2012.

Cela fera 2 548 jours sans K.-O. pour Pacman. C’est 364 semaines, ou bien 6 ans, 11 mois et 22 jours. C’est long. C’est le temps que cela change.

Depuis Cotto, il a été battu trois fois par Timothy Bradley et Floyd Mayweather en plus de s’être fait assommer par Juan Manuel Marquez.

Les forces de chacun

Force de frappe

La rapidité de Manny est sa force de frappe en dépit de ses 37 ans. Il est capable d’atteindre son rival même si par moments ses gestes sont tout croches. Timothy Bradley l’a appris à ses dépens en se retrouvant au tapis à deux occasions lors de leur dernier combat, justement à cause de ces coups.

Avantage : Pacquiao

Rapidité

Pacman est reconnu comme un boxeur ultrarapide sur ses pieds. C’est vrai qu’il a quelque peu ralenti, mais pas tellement pour son âge. En tout cas, il est vite et plus rapide que Vargas, qui boxe surtout avec les pieds plats. 

Avantage : Pacquiao

Durabilité

Vargas pourrait surprendre ici. Il n’a jamais perdu un combat par K.-O. et une seule fois en carrière il s’est retrouvé au tapis sur un genou à la suite d’un coup au corps par Wale Omotoso.

Pacquiao a été passé K.-O. à trois occasions, se faisant entre autres assommer par Juan Manuel Marquez à leur dernier affrontement.

Par contre, Vargas n’a pas affronté les durs cogneurs contre lesquels Pacman s’est mesuré.

Avantage : Pacquiao

Énergie

Avez-vous déjà vu Pacquiao manquer d’énergie dans un combat, excepté lors de sa défaite contre Floyd Mayweather?

Mais attention, il a 37 ans, soit dix ans de plus que son rival.

Avantage : Pacquiao

Défensive

Depuis quelques combats, Vargas est soudainement devenu un boxeur de contre-attaque. Pacquiao aime darder ici et là, ce qui pourrait lui jouer des tours si jamais la contre-attaque de son rival fonctionne.

Avantage : Vargas

Forme physique

Vargas vient de livrer la performance de sa vie contre Sadam Ali. Il a 27 ans et s’améliore de jour en jour. Pacquiao est de dix ans son ainé, mais lui aussi jouit d’une forme physique impeccable. Les deux ne devraient pas manquer d’énergie ni de surprise.

Avantage : Vargas

Les coins

Là, Vargas a un petit problème. Freddie Roach, l’entraîneur de Pacman est du matériel pour le Temple de la renommée. Il prétend même que son poulain va passer le K.-O. à son rival.

Vargas n’a jamais subi le K.-O.  même si plusieurs entraîneurs se sont présentés dans son coin.

On a tenté toutes sortes d’expériences avec Vargas au cours des six derniers combats. Dewey Cooper, qui le seconde depuis mars dernier, est le quatrième professeur de boxe à se présenter sur le ring avec lui

Avantage : Pacquiao

Et le gagnant...

Manny Pacquiao, par décision unanime

Bonne boxe!