Listen to "Le compte de 8 - 21 août 2018 - Un combat explosif attend David Lemieux" on Spreaker.

Il y a quelques semaines, je vous demandais qui était le meilleur boxeur « livre pour livre » de la planète.

Impossible de faire l’unanimité et avec raison. Chacun d’entre nous aime un style de boxeurs différents. Certains raffolent des durs cogneurs. D’autres admirent les boxeurs scientifiques.

Pas moins de trois pugilistes sur la scène internationale ont obtenu des votes de première place. Ce sont Vasiliy Lomachenko, Terence Crawford et Gennady Golovkin.

Si je vous posais la même question, mais avec des boxeurs de chez nous, je demeure persuadé que le choix de premier rang serait aussi controversé.

Or, allons-y, je vous donne mes choix :

1 – Adonis Stevenson : 29-1-1, 24 K.-O.

C’est lui qui a le plus d’années d’ancienneté sur son titre WBC des mi-lourds. Je suis assuré que ce choix sera contesté au possible, car « Superman » n’a pas toujours défendu sa couronne contre des boxeurs de premier plan.

N’oubliez pas qu’il est reconnu comme le plus puissant cogneur des trois autres champions mi-lourds. Par contre, il aura 41 ans le 30 septembre prochain, mais reste quand même en excellente forme physique.

Sa fiche en matchs de championnat est de 10-0-1 (7 K.-O.). 

Il n’a combattu qu’une fois par année au cours des trois dernières années. On l’a souvent accusé d’avoir choisi des boxeurs de deuxième ordre au lieu de défendre son titre contre les meilleurs.

Ses victimes ont été Chad Dawson (K.-O./1), Tavoris Cloud (RTD/7), Tony Bellew (K.-O. technique/6), Andrzej Fonfara (DU/12), Dmitry Sukhotskiy (K.-O./5), Sakio Bika (DU/12), Tommy Karpency (K.-O. technique/3), Thomas Williams fils (K.-O./4) Andrzej Fonfara (K.-O. technique/2), Badou Jack (DM/12).

Il défendra sa couronne WBC le 1er décembre prochain contre Oleksandr Gvozdyk.

2 – Eleider Alvarez : 24-0, 12 K.-O.

Depuis sa victoire sur Sergey Kovalev, il est le plus populaire et le plus admiré de nos trois champions.

Il a causé une surprise en enlevant la couronne à Kovalev, dans un match où il était le négligé des parieurs.

Une clause de revanche existe et il est question qu’il donne une deuxième chance à Kovalev en décembre prochain.

Lors de son dernier combat, il nous a montré une force de frappe qu’on ne lui connaissait pas jusque-là.

3 – Artur Beterbiev : 12-0, 12 K.-O.

On n’entend pas tellement parler de lui et il est toujours en appel juridique à la suite de la décision qui le lie à Groupe Yvon Michel.

À cause de ses démêlés juridiques, il n’a livré que trois combats depuis le 4 juin 2016.

Il n’a pas combattu depuis le 11 novembre 2017 quand il a remporté le titre vacant IBF des mi-lourds contre l’Allemand Enrico Kölling. Il défendra cette couronne le 6 octobre prochain au Wintrust Arena de Chicago contre le Britannique Callum Johnson.

Très bon boxeur doté d’une force de frappe dévastatrice, mais il demeure le moins spectaculaire et le moins populaire des trois champions montréalais.

4 – David Lemieux : 39-4, 33 K.-O.

Boxeur très spectaculaire, bon amuseur public, ex-champion IBF des poids moyens. Titre WBC continental des Amériques des poids moyens gagné par K.-O./3 contre Curtis Stevens, le 11 mars 2017.

David Lemieux a mal paru le 16 décembre 2017 quand il a perdu la décision et du même coup il a raté sa chance de coiffer la couronne WBO des poids moyens contre Billy Joe Saunders. Mais dites-vous bien que Lemieux n’a pas plus mal fait qu'Andy Lee, qu'Artur Akavov et que Willie Monroe fils, les dernières victimes du champion de la WBO toujours invaincu après 26 combats.

Depuis son revers contre Saunders, Lemieux a balayé Karim Achour, en mai dernier, à Québec.

Le 15 septembre à Las Vegas, en sous-carte de l’affrontement entre Gennady Golovkin et Saul « Canelo » Alvarez, Lemieux affrontera l’Irlandais Gary O’Sullivan.

Même s’il a déjà disputé 43 combats en carrière, Lemieux est toujours relativement jeune à 29 ans.

S’il peut vaincre O’Sullivan de façon décisive, il n’est pas impossible qu’on le retrouve une deuxième fois face à GGG ou pourquoi pas « Canelo », car Lemieux jouit d’une très bonne réputation aux États-Unis comme au Canada.

5 – Christian M'Billi : 11-0, 11 K.-O.

Retenez bien ce nom. M’Billi est natif du Cameroun, mais il est bien connu en France. Il s’est amené au Canada en février 2017 pour lancer sa carrière professionnelle sous la tutelle de Marc Ramsay.

Il a connu une très bonne carrière amateur et s’est rendu jusqu’en quart de finale lors des Jeux olympiques de 2016 à Rio. Il a été battu par le Cubain Arlen Lopez, l’éventuel médaillé d’or chez les poids moyens.

M’Billi a une musculature parfaite. Sa force de frappe est de première qualité et sa science de boxe est excellente pour un jeune homme de 23 ans.

Il vient d’être couronné champion jeunesse des poids moyens du WBC, le 27 juillet dernier à Le Canet, sur la Méditerranée, en passant le K.-O. au cinquième round au Mexicain Ramon Agunaga, invaincu jusque-là.

Seule chose à surveiller : il ne fait que 5’8 ½’’, ce qui n’est pas tellement grand pour un poids moyen. Mais rappelez-vous : « Marvelous » Marvin Hagler ne faisait que 5’9 ½’’, et pourtant, il été un des plus grands champions de sa catégorie.

6 – Custio Clayton : 15-0, 10 K.-O.

Un des meilleurs espoirs nés et entraînés au Canada. Il a quitté sa ville natale de Darthmouth, en Nouvelle-Écosse, pour lancer sa carrière professionnelle en 2014 après avoir fait belle figure chez les amateurs, où il s’est rendu jusqu’en quart de finale aux Jeux olympiques de Londres, en 2012.

Depuis son arrivée à Montréal, il a tout battu sur son passage. Sa dernière victoire par décision unanime (120-108 x 3) sur Stephen Danyo (14-0-3, 6 K.-O.) a été un vrai petit bijou. Le résident de Manchester, en Angleterre, a vu sa fiche souillée à tout jamais par Clayton.

Il est déjà le premier aspirant à la couronne WBO des mi-moyens qui appartient à Terence Crawford, et un jour, ce sera son tour...

7 – Simon Kean : 15-0, 14 K.-O.

Difficile d'évaluer le talent de Simon Kean. À 29 ans, il est encore jeune. Il a l’expérience olympique et le gabarit pour aspirer aux grands honneurs. Mais c’est difficile de comprendre où il est rendu dans sa carrière.

C’est vrai qu’il a battu tous les boxeurs qu’on lui a présentés, mais il n’a jamais vaincu personne parmi les meilleurs, soit parmi les vingt-cinq premiers disons.

Le talent est là, mais ce n’est pas avec des Dillon Carman, son prochain rival, qu’on pourra se faire une idée jusqu’où il peut aller.

8 – Junior Ulysse : 16-1, 9 K.-O.

Il ne fait aucun doute, Yves Ulysse fils est un bon, même un très bon boxeur. D’ailleurs, en date du 21 août 2018, son nom apparaissait toujours parmi les aspirants à la WBC (8e), IBF (13e) et WBO (12e) en dépit de cette défaite par décision partagée contre l’Albertain de Calgary, Steve Claggett.

Après 14 victoires de suite, Ulysse a failli à la tâche dans un match durement disputé, où il a laissé Claggett prendre l’initiative dès les premiers instants, ce qui a semblé impressionner les juges au MTelus de Montréal.

Heureusement, Ulysse s’est admirablement bien repris dans ses deux combats suivants en faisant subir à ses deux adversaires leur première défaite en carrière.

Ce fut tout d’abord Cletus Seldin qui a été le premier à goûter à la médecine de Junior en balayant le tapis dans chacun des trois premiers rounds pour finalement s’incliner par décision. Puis, le vétéran de 36 ans Ernesto Espana a quitté Québec après avoir été pratiquement blanchi par Ulysse (100-90, 100-90 et 99-91).

Il semble que Junior Ulysse a bel et bien appris de ses erreurs lors de sa seule défaite contre Claggett et continue d’espérer se retrouver sur HBO en décembre prochain.

9 – Steven Butler : 24-1-1, 21 K.-O.

Il n’y a pas si longtemps, je croyais que Steven Butler deviendrait une tête d’affiche sur la scène mondiale. Aujourd’hui, j’hésite un peu avant de poursuivre plus loin.

Certes, le talent est là. Après tout, la boxe fait partie de la génétique de sa famille. Disons que je n’ai jamais digéré sa défaite par K.-O. technique/7 face à Brandon Cook en janvier 2017, au Centre Bell.

Pourtant, depuis ce revers, il a collé six victoires de suite, toutes acquises par K.-O. C’est bien beau, mais regardez contre qui ces triomphes ont été acquis?

Le 6 octobre prochain, il va affronter Jordan Balmir, 10-0 (6 K.-O.), de Drummondville.

« Bang Bang » ne peut même pas envisager une défaite devant un tel rival inexpérimenté qui n’a jamais battu personne jusqu’ici. Mais ce n’est certainement pas la confiance ni le désir qui manquent. Non... c’est le manque d’expérience qui me fait peur.

S’il fallait que Balmir triomphe de Butler, ce serait une catastrophe pour sa carrière.

Tout comme Kean, il faut absolument qu’on augmente la qualité de ses rivaux. Après tout, après 26 combats, il est temps qu’on sache sa vraie valeur.

10 – Oscar Rivas : 24-0, 17 K.-O. et Jean Pascal 33-5-1, 20 K.-O.

Oscar Rivas et Jean Pascal méritent d’être classés parmi les meilleurs, mais j’ai de la difficulté à les placer, car je ne sais pas vraiment quand Rivas sera remis de sa blessure à un biceps. Quand ce n’est pas le biceps, c’est l’épaule ou bien encore la vision. Quand sera-t-il de retour?

J’ai toujours aimé le style de « Kaboum », mais sa musculature est tellement fragile qu’on se demande chaque fois qu’il monte sur un ring si ce n’est pas la dernière fois qu’on le voit à l’œuvre.

Enfin, il y a le cas de Pascal. Il prétend qu’il sera de retour sur le ring, mais cette fois, comme mi-lourd. Si tel est le cas, il n’y a qu’un seul combat pour lui. C’est un affrontement contre Stevenson, même si « Superman » devait perdre son affrontement contre Gvozdyk en décembre prochain. Les amateurs de boxe montréalais veulent cet affrontement depuis des années. Pourquoi ne pas leur donner raison?

Pascal est un bon boxeur, mais il a 35 ans. Je ne le vois pas vaincre Beterbiev ou bien encore Bivol et certainement pas Alvarez chez les mi-lourds.

À votre tour de faire votre choix.

Bonne boxe!