On avait hâte de voir comment les changements techniques de 2022 allaient mélanger le jeu de cartes en vue de cette nouvelle. Les deux premiers Grands Prix de la saison nous ont donné plusieurs éléments de réponse, et ce, même si la saison est encore très jeune et beaucoup de choses vont changer au cours des prochains mois.

Vers une lutte Verstappen-Leclerc

On avait déjà un sentiment que cela se dessinait dès la deuxième semaine d’essais hivernaux à Bahreïn, et cela s’est confirmé lors des deux premières épreuves de la saison. Après la rivalité Verstappen-Hamilton l’an dernier, on dirait bien qu’on assistera à celle de Verstappen et Leclerc.

Pour l’instant, on remarque notamment le respect entre les deux. Ça détonne avec le climat tendu de la fin de saison il y a quelques mois à peine. Ce n’est pas qu’il n’y avait pas de respect entre Hamilton et Verstappen, mais la fin de saison, les accrochages et les controverses ont bien sûr fait augmenter la tension.

C’est peut-être bien ce qui risque d’arriver aussi entre Leclerc et Verstappen si la course au titre s’avère aussi serrée qu’on l’anticipe. Pour l’instant, les batailles sont spectaculaires, mais propres et on se félicite mutuellement après les courses à la radio. Est-ce que ce sera toujours le cas en octobre? L’avenir nous le dira.

En fait, à certains points dans les deux courses, le respect était peut-être même un peu trop grand! Vous avez vu ces moments ou Leclerc et Verstappen ont freiné plus tôt que d’habitude à l’approche de freinage afin de laisser passer l’autre avant le point de détection du DRS. Même qu’à Jeddah, les deux ont utilisé ce stratagème au même moment, bloquant tous les deux les roues avant le dernier virage. À noter que je ne blâme aucunement les pilotes d’utiliser toutes les stratégies et techniques à leur disposition, au contraire, mais je crois que la F1 doit commencer à réfléchir à cet enjeu.

Quand on laisse volontairement passer un rival en première place, car on juge que profiter du DRS par la suite est un avantage plus grand, c’est sans doute un signe que les effets du DRS sont trop importants. Ce système est arrivé en Formule 1 pour éviter qu’un pilote soit coincé derrière une voiture plus lente sans être capable de la dépasser pendant plusieurs tours, et non pour devenir synonyme de dépassement assuré.

Pour moi, ça démontre que ce système doit être revu, surtout avec ces nouvelles voitures qui doivent favoriser les dépassements. On peut notamment réduire la distance sur laquelle il peut être utilisé, permettant par exemple aux pilotes de l’utiliser seulement sur la dernière portion d’une ligne droite.

Mais pour l’instant, il semble bien que la Formule 1 ne souhaite pas prendre ce chemin. Ce week-end, en Australie, il y aura QUATRE zones de DRS sur le circuit. On risque donc de voir beaucoup de dépassements encore une fois ce week-end... mais combien sans l’aileron arrière ouvert? On verra quel genre de spectacle ça donnera.

Revenons toutefois à la lutte Verstappen et Leclerc. Je pense qu’on aura droit à une lutte au titre de grande qualité entre ces pilotes. Ils se connaissent bien, eux qui ont couru ensemble en karting notamment. Champion du monde l’an dernier, Verstappen prouve encore une fois qu’il peut tirer le meilleur de sa voiture. Même si la Ferrari semble avoir un léger avantage en ce début de saison, Verstappen est capable de mettre de la pression sur Leclerc et même d’aller chercher une victoire.

Quant au Monégasque, il a enfin une autre occasion de montrer son talent après deux années difficiles pour Ferrari. Maintenant, il doit prouver qu’il peut garder le rythme tout au long de la saison, lui qui s’est parfois tiré dans le pied avec quelques erreurs de pilotage ces dernières saisons.

Et Mercedes dans tout ça?

Ce qui a aussi retenu l’attention depuis le Grand Prix de Bahreïn, ce sont les difficultés de Mercedes et de Lewis Hamilton. Le septuple champion du monde a profité des abandons des deux Red Bull pour inscrire un podium inespéré à Sakhir, mais il n’était pas l’ombre de lui-même lors de la course suivante. Éliminé en Q1 pour la première fois depuis 2017, il a finalement terminé dixième, amassant un point.

Il y a plusieurs problèmes chez Mercedes, mais le plus important demeure le marsouinage. Pour réduire cet effet indésirable, Mercedes doit compenser avec une voiture plus haute, ce qui lui fait perdre de l’adhérence, rendant la voiture peu compétitive face à la Red Bull qui peut être beaucoup plus basse (on le voyait bien par la quantité d’étincelles produites par les Red Bull comparativement aux Mercedes).

Il y a aussi le moteur, qui étrangement, n’est plus aussi dominant qu’il l’était lors des dernières saisons, et ce sont toutes les écuries munies de l’unité de puissance Mercedes qui en souffrent en ce début de saison. Il est peut-être bien tôt plus regarder le classement des constructeurs, mais un simple coup d’œil vous permet de voir où se trouvent McLaren, Aston Martin et Williams, les trois écuries clientes de Mercedes. Un indice? Commencez par la fin.

Tout n’est pas perdu pour Mercedes, loin de là. Il y aura des développements et des améliorations sur la voiture tout au long de la saison, et ça commence dès cette fin de semaine. Mercedes est aussi convaincu du potentiel de sa voiture sans pontons, mais cherche encore à trouver comment l’exploiter pleinement.

Mais cela ne se règlera pas en un claquement de doigts non plus. Surtout qu’avec le plafond sur les dépenses, l’écurie ne peut plus mettre autant de ressources et d’argent comme auparavant. On verra au cours de la saison, en commençant par le Grand Prix de ce week-end en Australie, à quel point Hamilton et George Russell pourront rattraper le rythme.