La saison de Formule 1 commence cette fin de semaine, et comme chaque année, il est bien difficile de savoir comment se déroulera la saison avant d’avoir les résultats du Grand Prix d’Australie. Les essais hivernaux sont parfois (devrais-je même dire souvent?) trompeurs et c’est lorsque les choses sérieuses commencent qu’on peut vraiment voir qui a fait ses devoirs au cours des derniers mois.

Pour ce premier article, je vous propose donc un tour d’horizon des écuries et je vous ferai quelques hypothèses les concernant. Soyons honnêtes, une hypothèse, c’est une prédiction qui permet simplement à l’auteur de ces lignes de se défendre s’il a tort en rappelant que ce n’était seulement qu’une hypothèse. Eh oui, je joue déjà sur les mots!

Distance complétée en essais hivernauxEt si... Mercedes était encore l’équipe à battre?

Jusqu’à preuve du contraire, l’écurie Mercedes demeure l’équipe à battre, et je crois que ce sera encore le cas cette saison. L’équipe allemande a tout pour elle : des ressources financières et humaines, un pilote d’exception en Lewis Hamilton, un 2e pilote capable d’aller chercher de précieux points, la confiance, l’expérience...

En essais hivernaux, Hamilton a fait le 8e meilleur temps, Bottas le 10e. Décevant? Pas du tout. Contrairement à ses rivaux, Mercedes n’a pas utilisé les pneus les plus rapides (hyper-tendres). De plus, les flèches d’argent ont accumulé plus de kilomètres au compteur que n’importe quelle autre équipe, ce qui démontre une fois de plus la fiabilité de la voiture.

Et comme si ce n’était pas suffisant, Valtteri Bottas a maintenant ses repères chez Mercedes et il pourrait être à surveiller cette saison. Il le faudra s’il souhaite conserver sa place au sein de l’écurie...

Ferrari au sommetEt si... la pression faisait mal à Ferrari?

Tous les espoirs sont permis chez Ferrari. La Scuderia s’est imposée comme une véritable prétendante au titre l’an dernier. Cette année, la voiture semble rapide. Suffit de jeter un coup d’œil au classement des essais hivernaux pour le constater, avec Sebastian Vettel au 1er rang et Kimi Räikkönen tout juste derrière.

On sent l’ambition chez les rouges, mais aussi la pression. Depuis 2008 que les tifosis attendent le prochain championnat. Et lorsque le stress augmente, que la tension s’intensifie, on voit parfois Ferrari faire des erreurs coûteuses. C’est sous pression qu’on voit parfois Sebastian Vettel en faire trop, comme lors du départ du dernier Grand Prix de Singapour. C’est alors que la lutte au titre était au plus fort que Ferrari a eu des problèmes de fiabilité, comme lors des qualifications en Malaisie ou de la course du Grand Prix du Japon, alors qu’une simple bougie d’allumage avait ruiné les chances de Vettel.

Les rouges seront rapides, certes. Mais cette fois, ils devront être au sommet de leur art toute la saison.

Et si... Red Bull jouait les trouble-fêtes?

Pour moi, Red Bull peut compter sur le meilleur duo de pilotes de la Formule 1. Malgré son jeune âge, la réputation de Max Verstappen n’est plus à faire. Tout le monde s’entend sur son talent exceptionnel, même si parfois, ses manœuvres agressives ne font pas l’unanimité.

Daniel Ricciardo est tout l’inverse. Moins agressif et spectaculaire, il est toutefois un exemple de régularité et de constance. Sans faire parler de lui, l’Australien trouve régulièrement le moyen de monter sur le podium. Et c’est payant! Même si Verstappen est sur toutes les lèvres, c’est Ricciardo qui a terminé devant son coéquipier la saison dernière.

Bref, si la Red Bull est le moindrement rapide, ces deux pilotes ont tout ce qu’il faut pour se battre pour le titre. Oh, et fiable aussi! La Red Bull devra être rapide et fiable. Parce qu’avec 7 abandons pour Verstappen et 6 pour Ricciardo l’an dernier, impossible de lutter pour quoi que ce soit.

Et si... Force India perdait le 4e rang?

Force India accomplit des miracles avec les ressources limitées dont l’écurie dispose. Terminer 4e au championnat des constructeurs deux années de suite, ce n’est pas rien! L’équipe peut compter sur un solide duo de pilotes, mais Esteban Ocon et Sergio Perez ont parfois la fâcheuse habitude de se nuire entre eux.

Les panthères roses seront encore une fois au plus fort de la lutte en milieu de peloton, mais seront-elles en mesure de s’imposer une 3e année de suite pour le fameux 4e rang? Avec les rivaux qui ont de grandes ambitions, ce ne sera pas évident.

Et si... Williams connaissait une saison difficile?

Difficile d’être optimiste chez Williams à l’aube de la nouvelle saison. La récolte de points de l’écurie régresse constamment depuis 2014.

Les essais hivernaux ont été difficiles pour Williams. Il s’agit, de loin, de l’équipe qui s’est le moins améliorée comparativement aux essais de l’an dernier, alors que ses rivaux directs ont gagné beaucoup de temps. Cela étant dit, il faut aussi prendre en considération que le meilleur temps de Williams a été réalisé par Sergey Sirotkin avec des pneus tendres, loin d’être les plus rapides disponibles à Barcelone.

Ajouter à cela un duo de pilote qui a peu d’expérience en Lance Stroll et Sergey Sirotkin. Imaginez, à 19 ans, Stroll doit déjà jouer le rôle du vétéran dans l’équipe. Bien sûr, il y a la présence du vétéran Robert Kubica, mais un pilote d’essai peut-il vraiment être considéré comme le leader d’une équipe?

Bref, chaque point sera important pour Williams, qui perdra en plus le soutien de Martini au terme de la saison. Ne reste plus qu’à espérer que le directeur technique, Paddy Lowe, nous réserve un petit miracle avec la voiture.

Amélioration des équipesEt si... Renault faisait un grand pas en avant?

Voici l’équipe en qui j’ai le plus d’attentes cette saison (et qui, par conséquent, risque le plus de me décevoir). À sa 3e année en Formule 1 depuis son retour, Renault doit maintenant faire un important pas en avant. Les ambitions sont claires chez le motoriste au losange qui souhaite retourner au sommet au cours des prochaines saisons. Ça pourrait commencer par une 4e place au championnat des constructeurs dès cette saison. J’y crois sincèrement... mais il faudra bien sûr travailler très fort pour y parvenir, surtout face à McLaren et Force India.

On a les ressources chez Renault et pour la 1re fois, on a un duo de pilotes solide en Nico Hulkenberg et Carlos Sainz fils. Bref, il n’y a pas de raisons de ne pas réussir.

Et si... Toro Rosso et Honda, ça fonctionnait?

On pouvait s’attendre au pire chez Toro Rosso avec l’arrivée de Honda comme motoriste. On le sait, le motoriste nippon n’a clairement pas fait le travail chez McLaren. Les essais hivernaux s’annonçaient complexes...

Et c’est tout le contraire qui s’est produit. La petite sœur de Red Bull est la 3e équipe qui a inscrit le plus de tours lors des essais hivernaux! Une surprise, vous dites? Toute une! Et on commence à se demander... et si ça fonctionnait? Pour la première fois, Toro Rosso pourra compter sur un motoriste exclusif, qui ne travaille que pour eux.  On a risqué beaucoup... mais le résultat pourrait être intéressant. Mais attendons tout de même un peu avant de crier victoire, Honda a encore beaucoup de choses à prouver... et à se faire pardonner.

Quant aux pilotes, Pierre Gasly est un jeune prometteur, notamment champion de F2 (alors GP2) en 2016. Quant à Brendon Hartley, son parcours est atypique, ce qui le rend fort intéressant. À 28 ans, il est notamment double champion du monde en endurance.

Et si... Haas avait un meilleur duo de pilotes?

De toutes les équipes, Haas est probablement la plus difficile à cerner. Après des débuts d’essais hivernaux plus difficiles, l’équipe américaine a trouvé le rythme lors des derniers jours, suggérant une bonne amélioration face à l’an dernier. L’écurie devrait se battre pour des points tout au long de la saison, espérant que les récurrents problèmes de freins soient maintenant chose du passé.

À sa 3e année en Formule 1, Haas doit aussi trouver un nouveau souffle. L’effet nouveauté n’est plus. Maintenant, il faudra travailler d’arrache-pied pour espérer monter les échelons. Et je me demande si Romain Grosjean et Kevin Magnussen sont capables d’amener ce nouveau souffle. Non pas qu’ils soient de mauvais pilotes, au contraire. Ils méritent leur place en Formule 1. Mais ont-ils ce qu’il faut pour inspirer toute une équipe, être des leaders, pousser tout le monde vers l’avant et faire la différence dans un peloton aussi serré?

Distance complétée en essais hivernauxEt si... c’était McLaren le problème?

Avec le départ de Honda, on sent que McLaren s’est enlevé un lourd poids des épaules. La collaboration entre les deux a été catastrophique et Honda a pris la grande partie de blâme.

Sauf qu’à Barcelone, une fois les essais commencés, rien n’a changé. On a parlé de la nouvelle couleur orange de la voiture quelques minutes, puis les problèmes de fiabilité ont retenu toute l’attention. Et cette fois, Honda n’était plus là pour jouer le bouc émissaire. Non, Honda était occupé à accumuler les kilomètres avec Toro Rosso, pendant que McLaren est l’équipe qui a le moins roulé.

McLaren a donc tout à prouver cette saison. La voiture sera peut-être plus rapide, mais si elle n’est pas fiable, il faudra se regarder dans le miroir chez McLaren et prendre ses responsabilités.

En espérant aussi qu’Alonso ne s’éparpille pas trop entre la Formule 1 et le Championnat du monde d’endurance, lui qui a décidé d’attaquer les deux championnats en même temps… Mais si un pilote peut prendre ce pari, c’est bien Fernando Alonso!

Et si... la patience était une vertu pour Sauber

Parmi les bonnes nouvelles de l’entre-saison, il y a le retour d’Alfa Romeo, en partenariat avec Sauber.

L’équipe suisse fait partie du paysage de la F1 depuis tellement d’années, mais elle peine à survivre à la F1 moderne, qui demande des budgets astronomiques. De voir un partenaire comme Alfa Romeo, qui jouit d’une belle réputation en Formule 1, se joindre à Sauber laisse présager de belles choses pour l’avenir. Non, les résultats ne se feront peut-être pas sentir dès cette saison, mais enfin, on a de quoi voir l’avenir d’un bon œil chez Sauber.

En plus de pouvoir admirer le rouge Alfa Romeo sur les voitures, les partisans de F1 pourront aussi voir à l’œuvre Charles Leclerc. Très prometteur, Leclerc fait partie de l’Académie de Ferrari et représente probablement le futur de la Scuderia. Il est notamment champion de GP3 en 2016 et champion de F2, l’an dernier.

*Ce texte a d'abord été publié sur le site accesf1.com.