SHAKHIR, Bahreïn – Largement battue, à la surprise générale, par Mercedes et Red Bull en Australie lors de la manche inaugurale de la saison de F1 mi-mars, Ferrari doit se reprendre au Grand Prix de Bahreïn dimanche.

La Scuderia avait pourtant dominé les essais d'avant-saison à Barcelone mi-février. Mais à Melbourne l'Allemand Sebastian Vettel a échoué au pied du podium, à 57 secondes du vainqueur finlandais Valtteri Bottas (Mercedes) et à 34,5 secondes du troisième, le Néerlandais Max Verstappen (Red Bull).

« À Bahreïn, l'équipe doit s'assurer qu'elle a compris et rectifié les domaines dans lesquels nous étions faibles en Australie (...) Nous nous attendons à voir les effets des corrections apportées », annonce Mattia Binotto, directeur technique et, depuis cet hiver, directeur général de l'écurie italienne.

« Nous avons quelques réponses », abondent Vettel et son équipier monégasque Charles Leclerc. « Nous avons des raisons de penser que nous serons plus forts ici mais je ne peux pas encore le quantifier », poursuit l'Allemand.

Avec quatre succès en 2012, 2013, 2017 et 2018, il est le pilote qui s'est le plus imposé sur le circuit de Sakhir, situé en plein désert. Ferrari est l'équipe la plus récompensée avec six victoires, deux fois plus que Mercedes.

Mercedes se veut « challenger »

Et comme le rappelle le patron autrichien de Mercedes Toto Wolff, « un Grand Prix ne suffit pas à déterminer la hiérarchie pour la suite de la saison ». Particulièrement sur un circuit aussi atypique que celui de Melbourne, qui n'accueille pas de courses le restant de l'année.

« Après les essais de Barcelone, nous avions le sentiment d'être challengers. Quel qu'ait été le résultat en Australie, notre état d'esprit n'a pas changé depuis », assure-t-il.

Outre ses performances, les communications radio de Ferrari feront l'objet d'une attention particulière, à l'affût de nouvelles consignes d'équipe, après la décision à Melbourne de ne pas laisser Leclerc, qui dispute sa première saison en rouge, tenter de dépasser un Vettel bien moins véloce.

Si Binotto assure qu'elle était motivée par la prudence, pour ne pas perdre plus de points dans une lutte intestine inutile, celui-ci avait laissé entendre lors des essais que son équipe avait d'ores et déjà un no 1, Vettel, et un no 2, Leclerc.

Alors que l'on prête au plus jeune l'étoffe d'un champion du monde, il sera intéressant de voir si cette hiérarchie se précise et s'il n'est pas tenté de la contester, même s'il assure comprendre cette décision et ne pas en avoir été « frustré ».

Bottas a son « meilleur niveau »

Du côté de Mercedes, qui n'a pas hésité à favoriser le Britannique Lewis Hamilton, sur le point de s'adjuger un cinquième titre mondial, face à Bottas en fin de saison dernière, pas de meneur ni de lieutenant pour l'heure.

Pour preuve, le Finlandais, que beaucoup croyaient perdu après une saison 2018 sans aucune victoire, a montré un visage plus conquérant que jamais – et pas seulement parce qu'il arbore depuis peu une courte barbe – en réalisant en Australie sa « meilleure course » en F1 pour voler la victoire à son équipier, deuxième malgré sa position de tête.

« Quand vous avez la sensation d'être à votre meilleur niveau, c'est beau. Je vais essayer de continuer sur cette lancée », a-t-il promis jeudi.

Insatiable, il s'était aussi offert le point du meilleur tour en course, de nouveau adjugé cette saison pour la première fois depuis 1959 et qui a été au coeur d'une âpre bataille entre les trois premiers en fin de course.

Au crépuscule à Bahreïn, où il a signé la première pole de sa carrière en 2017 et compte deux podiums ces deux dernières années avec les Flèches d'argent (3e en 2017 et 2e en 2018), Bottas a quelques arguments.

Mais Hamilton étant l'ogre que l'on connaît, il voudra sans nul doute reprendre au plus vite l'ascendant sur son voisin de garage depuis deux ans... « Pour moi, ça ne change rien du tout », clame-t-il d'ailleurs.