JEDDAH, Arabie saoudite – Venues à bout des doutes des pilotes, les instances dirigeantes de la Formule 1 ont reconfirmé le maintien du Grand Prix d'Arabie saoudite, au lendemain de l'attaque d'un site pétrolier proche du circuit de Jeddah par les rebelles yéménites Houthis.

« Après des discussions avec toutes les équipes et les pilotes (qui ont duré jusque tard dans la nuit de vendredi à samedi, NDLR), le Grand Prix d'Arabie saoudite de Formule 1 se poursuivra comme prévu », précisent le promoteur Formula 1 et la Fédération internationale de l'automobile (FIA) dans un communiqué.

« De longues discussions se sont tenues entre les parties prenantes, les autorités gouvernementales saoudiennes et les agences responsables de la sécurité qui ont donné des assurances complètes et détaillées sur la sécurité de l'événement », ajoutent les instances.

Les pilotes, restés silencieux après cette réunion, ont par la suite fait part de leur « résolution de participer aux essais et aux qualifications aujourd'hui et à la course demain », par la voix de leur association (la GPDA).

Place donc à la troisième séance d'essais libres à 17 h locales (10 HAE) puis aux qualifications à 20 h (13 h). Suivra la course dimanche à 20 h (13 h).

L'attaque à Jeddah fait partie d'une vague revendiquée par les Houthis vendredi, à la veille du septième anniversaire de l'intervention de la coalition militaire dirigée par Ryad au Yémen, pour soutenir le gouvernement face aux rebelles proches de l'Iran.

Elle a provoqué un gigantesque incendie et un nuage de fumée noire visibles depuis le circuit lors des essais libres 1 à 17 h (10 h).

« En sécurité »

« C'est peut-être dur à comprendre si vous n'avez jamais piloté une F1 sur le circuit rapide et difficile de Jeddah, mais voir la fumée causée par l'incident rendait difficile de demeurer un pilote de course pleinement concentré et d'effacer les inquiétudes humaines naturelles », ont expliqué les pilotes par l'intermédiaire de la GPDA.

Plusieurs patrons d'écuries ont aussi pris la parole en début d'après-midi, lors de leur habituelle conférence de presse du samedi.

Aucun n'a trahi le secret des échanges de la veille mais « le plus important était d'être de nouveau assurés d'être en sécurité », a confié le directeur général de McLaren Andreas Seidl.

« Les pilotes ne sont pas à 100 % heureux et entièrement détendus mais ils ont entendu les assurances et compris que l'important était de rester ici pour courir », a ajouté son homologue chez Ferrari Mattia Binotto.

« En tant que F1, ce que nous pouvons faire, c'est essayer d'avoir un impact positif dans les pays que nous visitons, justifie l'Italien, à l'unisson des autres dirigeants d'écuries. C'est notre devoir, notre tâche. »

« On va courir »

Des propos qui font écho aux réponses de tous les acteurs du championnat lorsqu'ils sont interrogés sur l'opportunité de courir dans des pays accusés de violations des droits humains, à commencer par l'Arabie saoudite, où la F1 s'est établie la saison dernière.

Quant à savoir si ce GP a sa place, « ce n'est pas nous (les écuries) qui sommes chargés du calendrier » mais la F1 et la FIA, rappelle Jost Capito pour Williams, même si les équipes sont évidemment consultées. « Si des discussions doivent avoir lieu, elles auront lieu après le Grand Prix mais pas pendant, du moment que nous sommes en sécurité », dit-il.

Juste après les essais libres 2 vendredi soir, les organisateurs du championnat avaient annoncé le maintien du GP malgré l'attaque mais les pilotes ont eu besoin de plus de quatre heures pour en débattre, se séparant vers 2 h 20 (19 h 20) sans annonce officielle concernant leur position.

La question semblait toutefois tranchée, plusieurs patrons d'équipes affirmant « on va courir » aux médias présents.

En représailles aux événements de vendredi, la coalition a mené des frappes aériennes dans la nuit à Sanaa et Hodeidah, villes yéménites tenues par les rebelles, selon l'agence saoudienne officielle SPA.

D'après un haut responsable saoudien contacté par l'AFP samedi, les rebelles Houthis ont proposé un cessez-le-feu et des pourparlers de paix pour mettre fin à la guerre qui paralyse le pays depuis sept ans.