PARIS, France - L'écurie américaine Haas, dans laquelle Mick Schumacher débute en Formule 1, prend cette saison un fort accent russe dans le sillage de son sulfureux second pilote, novice également, Nikita Mazepin.

Ainsi de sa monoplace présentée jeudi. La livrée de la VF-21 n'est pas sans rappeler le drapeau blanc-bleu-rouge de la Russie de Mazepin et de son commanditaire personnel devenu commanditaire principal de Haas, Uralkali (entreprise spécialisée dans la potasse, dont le père du pilote, l'homme d'affaires Dmitry Mazepin, est directeur non-exécutif).

En difficulté financièrement et sportivement, Haas avait besoin de capitaux et a remplacé cette saison ses pilotes vétérans Romain Grosjean et Kevin Magnussen par deux débutants au fort potentiel commercial: Uralkali s'affiche ainsi aux côtés de la marque de télécommunications allemande 1&1, attirée par Mick Schumacher.

Alors qu'on pouvait penser que l'arrivée du fils du septuple champion du monde Michael Schumacher ferait les gros titres, ce sont les polémiques entourant Mazepin qui l'ont emporté lors de ce lancement. 

De Mick, qui aura 22 ans le 22 mars et fait ses débuts en F1 après avoir gagné le championnat de Formule 2 (dont Mazepin a fini 5e), on retiendra qu'il « ne (dira) jamais et (n'a) jamais dit que (porter le nom Schumacher) était une pression ».

« J'en suis heureux et je serai heureux de ramener ce nom en F1 », neuf ans après l'ultime saison de son père, a-t-il expliqué en conférence de presse virtuelle. « J'en suis fier, c'est une motivation tous les jours », affirme Schumacher fils, qui fait partie de la filière de jeunes de Ferrari, avec laquelle son paternel a connu la gloire au début des années 2000. 

Polémiques

Il n'annonce pas d'objectif de résultats, seulement celui « d'être à (son) meilleur niveau dans chaque situation », « de (se) donner à 100% à chaque fois ».

Difficile, de toute façon, de voir plus grand pour un débutant dans une équipe en mal de résultats, 9e sur 10 en 2020, et qui n'a que peu développé sa voiture pour la saison 2021, qui débute le 28 mars à Bahreïn.

« Nous concentrons nos énergies sur 2022 quand, nous l'espérons, il y aura davantage d'équité sur la grille », justifie le chef d'équipe Guenther Steiner, tourné vers la révolution réglementaire de l'an prochain. 

Mazepin, lui, a répondu avec froideur à une avalanche de questions dont il se serait sans doute bien passé. 

Il a d'abord dû s'expliquer longuement sur une polémique qui le suit depuis décembre: une vidéo publiée sur les réseaux sociaux le montrant tentant de toucher la poitrine d'une jeune femme.

« Énorme erreur »

« J'ai fait une énorme erreur. J'en ai pris la responsabilité, j'en ai tiré les leçons », a répété le Russe de 22 ans. « Être pilote de F1 signifie que vous devenez une sorte d'exemple pour d'autres jeunes [...] et vous devez donc adopter une certaine façon de se comporter. Je ne l'ai pas fait, je l'ai réalisé trop tard, malheureusement. »

Est venue ensuite la rumeur persistante selon laquelle son père espère racheter Haas. « En tant que pilote, je n'ai rien entendu, je n'en ai pas parlé, je n'en parlerais pas et ça n'est pas une question qu'on me posera », répond le fils.

« Il n'y a pas de discussions pour faire de M. Mazepin un actionnaire de l'écurie », embraye Steiner.

Enfin, il y a cette monoplace aux allures de drapeau russe, surprenante alors que le pays vient d'être exclu pour deux ans des grandes compétitions internationales mais que ses athlètes peuvent concourir sous bannière neutre s'ils n'ont jamais été convaincus de dopage.

« Nous ne contournons rien, assure Steiner. Nous avons crée cette livrée avant cela. Bien évidemment, nous ne pouvons pas utiliser le drapeau russe en tant que tel mais on peut utiliser les couleurs sur une voiture. C'est l'athlète qui ne peut pas arborer ce drapeau, l'équipe elle est américaine. »

Mazepin, pour sa part, indique n'avoir pas encore décidé comment il se présentera. Et n'en a donc pas fini de répondre à des questions déplaisantes.