Nico Rosberg a largué une véritable bombe sur l’univers de la F1 et sur celui du sport en général il y a quelques heures à peine. L’annonce de sa retraite de la F1 s’est avérée une très grande surprise, surtout compte tenu du moment où celle-ci fut rendue publique, soit quelques jours à peine après la conquête du titre des pilotes.

Mais en lisant son long message, repris sur la plupart des tribunes publiques et sociales, en regardant la courte bande vidéo au cours de laquelle il explique sa décision, on en vient rapidement à comprendre que le nouveau champion est parfaitement à l’aise avec ce choix, qu’il est en paix avec lui-même.

S’il a fallu un alignement de planètes parfait pour qu’il soit couronné dimanche dernier à Abou Dhabi, on peut aisément conclure que les planètes sont aussi parfaitement alignées pour qu’il se retire à cette étape de sa vie, même si, à 31 ans, un pilote de F1 a en général une marge de manœuvre supplémentaire pour continuer à exceller contre des rivaux plus jeunes.

De ses justifications, exprimées avec beaucoup de sincérité et d’humilité du reste, certaines sont particulièrement révélatrices de ses états d’âme. Quand il dit ne plus être prêt à tout donner pour être hautement compétitif, même pour une seule autre saison et qu’il ne veut surtout pas se contenter de terminer 4e ou à d’autres positions inférieures, cela dit pas mal tout. Rosberg est usé, au bout du rouleau sur le plan mental et il serait complètement ridicule de vouloir piloter une F1 de façon sécuritaire dans de telles conditions.

Par ailleurs, quand il parle des deux années très difficiles à être deuxième derrière Lewis Hamilton, il touche le cœur même de cette usure personnelle qui le pousse à la retraite de façon prématurée. Au cours de son séjour chez Mercedes, Rosberg fut le coéquipier d’un véritable « monstre » en Lewis Hamilton, d’un compétiteur « format géant » qui a su se montrer dominant sur tous les fronts, autant en piste que mentalement.

Combien de fois avons-nous entendu Nico dire que « Lewis a été tout simplement plus rapide que moi, c’est tout » ? Seules les circonstances favorables de ce championnat 2016 lui auront permis de puiser au plus profond de lui-même pour finalement arracher ce titre dont il rêvait depuis sa plus tendre enfance. Il a cependant dû vider le réservoir. Il ne reste plus rien, visiblement.

C’est quand même ironique, avec le recul, d’apprendre qu’il a entrepris le Grand Prix d’Abou Dhabi en sachant qu’il s’agissait de sa dernière course en F1. Habituellement, les derniers tours de piste se font de façon plutôt détachée, comme ce fut le cas pour Jenson Button et Felipe Massa. Pour Rosberg, cet adieu s’est fait à la suite d’un combat mémorable, d’abord contre l’étoile montante de la discipline, Max Verstappen puis contre son coéquipier, qui lui tendait un autre piège pour tenter de le pousser à la faute. À n’en pas douter, ce dernier parcours lui laissera un merveilleux souvenir, un sentiment de satisfaction particulier, compte tenu de la maîtrise exceptionnelle qu’il aura démontrée.

Bien sûr, il est légitime de se poser la question : est-ce la bonne décision? Difficile pour nous de juger. Mais personnellement, je peux très bien comprendre ses motifs et je crois qu’il s’arrête au meilleur moment possible. S’il n’a plus le goût, pourquoi s’obstiner? Pour risquer encore plus sa vie à plus de 300 km/h? Jacques Villeneuve aurait peut-être dû faire la même chose à l’automne de 1997. Il savait que Williams allait tout droit vers la dégringolade. Plus tard, il savait que l’aventure BAR allait être très risquée pour lui. En s’arrêtant, il aurait évité bien des sarcasmes à son sujet, il aurait pu profiter de la véritable reconnaissance qu’il méritait de plein droit, à ce moment de sa carrière. Mais Jacques en avait encore envie! Avec passion, avec conviction! Et il a tout tenté pour goûter à nouveau à l’euphorie de la victoire. Rosberg, lui, préfère garder jalousement ce goût, sans risquer de lui enlever sa saveur.

Au lendemain de sa conquête, Nico Rosberg a publié une magnifique photo sur son compte Twitter, une photo qui, au fond, était grandement annonciatrice de la suite des choses. On le voit en tenue décontractée, tenant la main de sa petite Alaïa qui elle-même tient la main de sa maman, sur le bord de la mer. Cette photo m’a vraiment fait chavirer, dans le bon sens!

Je n’ai pu faire autrement que de la retransmettre immédiatement sur mon propre compte Twitter et j’y ai ajouté le commentaire suivant : « La vraie victoire d’un champion du monde, c’est ça! »

Amoureux fou de sa belle Vivian, fier comme un paon de son petit trésor d’à peine un an, Rosberg a donc choisi la vraie vie... plutôt que celle d’un pilote de F1! Comment l’en blâmer?