Pour la première fois en 10 ans, la Formule 1 est de retour dans l’Hexagone pour le Grand Prix de France. L’épreuve se tiendra sur le circuit Paul-Ricard, circuit qui avait été utilisé en F1 dans les années 1970 et 1980.

Il s’agira donc de la première épreuve de F1 en France depuis la course disputée à Magny-Cours, en 2008. Felipe Massa s’était alors imposé au volant d’une Ferrari.

On peut donc dire que la saison 2018 marque le retour en force de la France en Formule 1, et cela va bien plus loin qu’un simple Grand Prix. Après des années moins fructueuses au tournant des années 2000, il y a longtemps que le drapeau tricolore n’avait pas été aussi bien représenté dans la catégorie reine du sport automobile. Cette saison, on dénombre trois pilotes français en Romain Grosjean, Esteban Ocon et Pierre Gasly. On compte aussi trois directeurs d’équipes français, soit Éric Boullier chez McLaren, Cyril Abiteboul chez Renault et Frédéric Vasseur chez Sauber. Le retour de Renault en tant qu’écurie, en 2016, illustre aussi cette tendance. Et finalement, vous pouvez ajouter à cela la présence de Charles Leclerc, officiellement monégasque, mais qui a fait ses preuves en courses automobiles dans le système français.

En piste, la France a obtenu ses meilleurs résultats dans les années 1970 et 1980, menée notamment par Alain Prost, René Arnoux, Jacques Laffite et Didier Pironi. Depuis le départ de Prost en 1993, c’est plus difficile pour cette nation. Il y a eu les victoires de Jean Alesi à Montréal en 1995 et d’Olivier Panis à Monaco en 1996, mais depuis, aucun de nos « cousins » n’est monté sur la plus haute marche du podium.

Profitant de leur passage à Montréal, j’ai discuté de cette situation avec Gasly et Leclerc. Le pilote Sauber avait d’ailleurs une hypothèse intéressante lorsque je lui ai demandé ce qui pouvait expliquer ce renouveau français. « Je sais qu’avec Esteban et Pierre, on a roulé ensemble depuis qu’on est tout petit. On s’est tous poussé. Chaque fois qu’on arrivait à une course, il y en avait toujours un qui avait trouvé un petit truc de plus que les autres. Ça nous a vraiment fait progresser ensemble et ça nous a aidés à arriver à la F1 tous les trois ensemble », a-t-il expliqué.

Même son de cloche du côté de Gasly : « On roulait déjà ensemble à six ou sept ans en mini-kart, alors c’est sûr que c’est marrant de se voir maintenant les trois dans le même paddock en Formule 1. Nous avons une bonne génération ».

Une bonne génération, ça ne fait aucun doute. Et comme Ocon, Gasly et Leclerc font partie des filiales des trois grandes équipes, on peut s’attendre à voir une bonne rivalité et des luttes à l’avant entre les trois amis. L’avenir français (et monégasque) s’annonce brillant en Formule 1.

Finalement, je ne peux évoquer cette génération sans glisser un mot sur Jules Bianchi. Lui aussi était voué à un avenir brillant et il incarnait, avec Romain Grosjean, le début de cette nouvelle vague française. Bianchi est toutefois décédé à la suite d’un accident au Grand Prix du Japon, disputé en 2014 (il est décédé neuf mois après la course, soit le 17 juillet 2015). Bianchi était d’ailleurs un ami très proche de Leclerc. « Jules c’était mon parrain sportif, a-t-il expliqué lors de son passage à Montréal. C’est une personne qui m’a beaucoup aidé dans ma carrière et une personne qui me manque énormément en ce moment. »

Red Bull prend le risque Honda

Dans un autre ordre d’idées, on a appris mardi matin que l’écurie Red Bull mettra un terme à son partenariat moteur avec Renault, se tournant vers Honda pour un contrat de deux ans.

Les réactions sont nombreuses. Red Bull et Renault travaillaient ensemble depuis plus d’une décennie et ils ont remporté quatre titres mondiaux des constructeurs entre 2010 et 2013. Il est vrai que les performances du moteur Renault ont baissé depuis l’arrivée des moteurs hybrides en 2014, mais il reste que Red Bull parvenait à obtenir de bons résultats, comme le démontrent les deux victoires de Daniel Ricciardo cette saison.

Sauf que la philosophie de l’écurie n’a jamais été de se battre pour des victoires. Chez Red Bull, on veut se battre pour le championnat, ce qui n’a pas été le cas depuis 2014. En plus, depuis le retour de l’écurie Renault, Red Bull n’est plus la priorité du motoriste au losange. Non pas que Renault va lui offrir des moteurs moins performants qu’à sa propre écurie, mais il reste que désormais, le moteur Renault est conçu à la base pour la voiture Renault.

Avec Honda, Red Bull pourra travailler en étroite collaboration afin que le moteur corresponde le plus possible aux caractéristiques de la voiture. L’écurie pourra aussi compter sur un partenaire qui ne travaillera qu’avec eux et l’écurie sœur Toro Rosso. Éventuellement, ça pourrait donner un résultat intéressant. On peut même se permettre de rêver un peu et commencer à croire que ça pourrait marcher!

Le risque demeure toutefois énorme, car Honda a complètement raté son retour en F1 avec McLaren, et les doutes sont encore omniprésents, malgré un début de saison respectable avec Toro Rosso. Espérons que Red Bull ne vive pas le même cauchemar que McLaren.

Toutefois, si jamais les résultats ne sont pas au rendez-vous, il faut s’attendre à ce que l’écurie procède à des changements. Red Bull n’accepte pas la défaite et n’est pas réputé pour sa patience. Si ça se passe mal, Honda ne sera qu’une transition vers autre chose. Peut-être qu’Aston Martin, commanditaire titre de l’écurie, pourrait tenter sa chance en tant que motoriste pour la saison 2021?

L’avenir de deux pilotes en jeu

Maintenant, Red Bull doit se pencher sur le dossier Ricciardo. Le pilote australien est à la recherche d’un contrat pour l’an prochain et la décision de son écurie concernant son moteur pèsera certainement dans la balance. À 28 ans, Ricciardo veut une voiture qui lui permettrait de remporter son premier titre mondial. Est-il prêt à tenter sa chance avec Honda et prendre le même risque qu’a pris Fernando Alonso? C’est la première question dans son cas. La deuxième, a-t-il vraiment le choix? Est-ce que l’intérêt de Ferrari ou Mercedes est vraiment présent?

Justement, parlant d’Alonso, l’Espagnol aussi a peut-être vu son avenir prendre une autre direction cette semaine. Alonso a remporté les 24 Heures du Mans avec Toyota à sa toute première participation. Il a d’ailleurs très bien fait, surtout lors de son relais de nuit, permettant à son équipe de combler un retard de près de deux minutes pour prendre la tête.

Alonso est très clair, il veut devenir le deuxième pilote de l’histoire, après Graham Hill, à compléter la triple couronne. Il ne lui manque qu’une victoire aux 500 miles d’Indianapolis pour y parvenir. Va-t-il continuer en F1 et participer uniquement à l’Indy 500, ou souhaite-t-il faire le saut à temps plein en IndyCar afin de s’offrir la meilleure préparation possible?   

Je lui ai posé la question à Montréal, donc avant sa victoire aux 24 Heures. Il m’avait répondu ceci.

« On verra. Je demeure très ouvert pour l’an prochain. La triple couronne est mon principal objectif présentement. On verra comment ça se passe au Mans.»

Si c’était son objectif principal avant même sa victoire, ce l’est encore plus aujourd’hui...