Non mais, quel championnat mes amis! Comme si la F1 avait voulu nous rappeler ce qu'elle était, jadis. Un éreintant et passionnant parcours vers le titre des pilotes, pimenté d'une des courses au titre des constructeurs les plus enlevantes depuis des lunes! Un clash des générations, plus de 12 ans séparant les deux grands pilotes en lutte. Le quête d'un record formidable pour l'un, la soif d'atteindre le statut de « dominant » pour l'autre.

 

La guerre des structures, Mercedes, le grand constructeur, Red Bull, la grande et riche écurie indépendante. L'ultime round entre deux motoristes légendaires dans l'histoire du Championnat du monde. Tout cela, sur un terrain connu, mais grandement remodelé. Après neuf longs mois, le grand cirque de la Formule 1 s'apprête à donner sa dernière représentation de 2021. Sa plus importante, sa plus grandiose, sa plus lourde de sens. Celle vers laquelle les yeux du monde entier seront tournés!

 

Deux pilotes, deux écuries, deux motoristes

 

On a beaucoup parlé récemment de la grande rivalité entre Ayrton Senna et Alain Prost à la fin des années 1980, en lien avec l'actuelle course au championnat entre Lewis Hamilton et Max Verstappen et à n'en pas douter, les similitudes sont nombreuses. Que ce soit sur la piste, dans les paddocks ou devant les caméras, le crescendo est le même, avec des coups de volant de plus en plus incisifs, une froideur manifeste sur le podium, des déclarations publiques au service de la guerre psychologique que l'un veut imposer à l'autre! Mais il n'y a pas d'égal au fait que cette passionnante saga se joue aussi entre deux écuries qui se sont, elles aussi, déclaré la guerre! Les meilleurs moments du duel Senna-Prost sont survenus alors qu'ils étaient tous les deux chez McLaren. Un peu comme la dernière « vraie » course au titre, impliquant les pilotes Mercedes Nico Rosberg et Lewis Hamilton, en 2016.

Bien qu'elles furent excitantes au possible, ces guerres internes s'accompagnaient aussi de malaises malheureux sur la place publique, l'un faisant allusion au « favoritisme », l'autre à des « cachettes », les deux se plaignant du manque d'esprit d'équipe ou sportif de l'un et de l'autre. En bout de ligne, c'était souvent un cauchemar pour le directeur de l'écurie, qui devait perdre un temps fou à gérer les chicanes de famille plutôt que de consacrer tout son temps et toute son énergie à la gestion de son équipe et surtout, à l'aspect compétitif du championnat.

 

Cette année, il n'y a rien de tout cela. C'est Lewis contre Max. Mercedes contre Red Bull. Toto contre Christian. Mercedes contre Honda! Avec en bonus, une égalité parfaite chez les pilotes. Que demandez de mieux? Honnêtement, la fibre « nationaliste » en moins, on revit pratiquement 1997 et le grand combat Schumacher-Villeneuve. Dommage que Sergio Perez n'ait pu compléter le GP d'Arabie Saoudite au niveau espéré. On aurait aussi un classement encore plus serré chez les constructeurs. Mais là encore, rien n'est joué!

 

La fin de plusieurs cycles

 

Quand les deux championnats auront été décidés, à l'issue du Grand Prix d'Abou Dhabi, il y aura toute une suite d'événements ou de situations qui nous plongerons dans une certaine nostalgie, vers certaines émotions et parallèlement, qui nous donneront envie de passer rapidement à la prochaine saison!

 

Ce sera notamment la fin pour Valteri Bottas chez Mercedes. Si j'en parle en premier lieu, c'est que je crois que ce sera le moment le plus fort et le plus intense de l'après-course. Il y aura des coeurs gros et des yeux rougis dans les garages de Mercedes à commencer par Lewis Hamilton, lui-même. Le multiple champion n'a jamais caché publiquement son appréciation pour Bottas qui fut, pour lui, bien plus qu'un numéro deux idéal. Il fut le grand partenaire de ses succès de l'après Rosberg, un acteur de soutien digne d'un oscar, qui lui a donné la réplique plus d'une fois de la bonne façon, au bon moment. Bottas a enfin ce qu'il a toujours voulu : un contrat de plus d'une saison, chez Alfa Romeo. Tant mieux pour lui, il le mérite. Mais il mérite aussi que Mercedes se souvienne autant (et surtout) de sa grande contribution que de ses baisses de performance occasionnelles.

 

Par ailleurs, bien qu'il ne fut titré qu'une seule fois et bien qu'il ne fut pas le plus grand ambassadeur de la F1 sur la place publique, la retraite de Kimi Raikkonen devrait nous amener à lui donner toute la reconnaissance qu'il mérite. Raikkonen a été un grand pilote, certainement bien au-delà de ce que croient plusieurs amateurs de F1. Il pouvait être éblouissant en dépassement (retournez voir certains de ses exploits contre Michael Schumacher par exemple) mais tout aussi brillant en étirant un relais sur un même train de pneus. Il en avait peut-être un peu perdu vers la fin (sa sortie de piste de vendredi en est la preuve), il ne fut peut-être pas le plus vaillant ni le plus impliqué dans ses différentes écuries, mais « Iceman » va nous manquer. Ses répliques bougonnes aussi!

 

Soyez aussi assurés, enfin, de conserver quelques souvenirs en photo ou en vidéo de ce dernier GP de 2021. Adieu les ailerons complètement fous, adieu les « gadgets » aérodynamiques hors de prix, adieu les pneus de 13 pouces! Les monoplaces actuelles arrivent en fin de vie. La F1 termine, elle aussi, un grand cycle technique!

 

On a hâte à...

 

Tout ceci et bien d'autres choses nous poussent à avoir très hâte, évidemment, à 2022 et ce, pour plusieurs raisons! Les F1 auront certes de nouvelles lignes révolutionnaires, mais ce qui est le plus attendu n'est pas relié à l'esthétique. C'est l'espoir de voir des monoplaces amoindries sur le plan aérodynamique être en mesure de se suivre de plus près en piste et donc, de rehausser le potentiel de dépassement. Combiné au retour du principe de l'effet de sol, il y a lieu d'être optimiste. Cela dit, avec les 18 pouces à semelle basse, elles auront aussi une très belle gueule ces F1 du futur!

 

Les courses sprint qualificatives ayant passé le test, elles seront utilisées à six occasions en 2022 et Montréal devrait faire partie de cette liste. Si on peaufine un peu la formule, si on rend ces courses un peu plus « payantes » pour les pilotes et les écuries, il est indéniable qu'il s'agit d'une valeur ajoutée plus qu'intéressante pour les spectateurs et les téléspectateurs.

 

Chez les pilotes, le principal point d'intérêt est assurément l'arrivée de George Russell chez Mercedes, aux côtés de Lewis Hamilton. Comment pourront-ils cohabiter? Russell s'amène avec un talent fou, avec un potentiel énorme, que lui et l'écurie voudront développer au maximum, le plus rapidement possible. Après tout, c'est lui qui est désigné pour donner la réplique à Max Verstappen, quand Hamilton quittera la F1. Le statut de numéro deux, Russell n'en voudra absolument pas!

 

Un mot en terminant sur Lance Stroll et Aston Martin. La saison 2021 se sera avérée extrêmement décevante pour l'écurie et ses pilotes. En principe, on aurait dû se battre avec Ferrari et McLaren pour le 3e rang chez les constructeurs. On en fut bien loin, pour ne pas dire à des lunes. Mais attendons les premiers essais hivernaux. Il y a longtemps que le développement de 2021 a été arrêté au profit de la préparation de la nouvelle voiture de 2022 et il y a tout lieu de croire que les choses seront beaucoup plus sérieuses à compter de maintenant. Lawrence Stroll n'a jamais aimé la médiocrité, n'a jamais accepté la défaite et il y a fort à parier que Sebastian Vettel et son fils Lance auront des montures beaucoup plus à la hauteur la saison prochaine.

 

Là-dessus, soyez avec nous pour ce grand dénouement. On vous attend avec impatience, à 7 h 30 samedi et dimanche!