« Rouler à Monaco, c’est comme essayer de faire du vélo dans son salon »

 

Difficile de trouver une meilleure métaphore que celle qu’a utilisée Nelson Piquet pour décrire le Grand Prix de Monaco. Cette fin de semaine, les pilotes auront devant eux le plus grand défi de la saison. Le circuit qui pardonne le moins, celui où les pilotes doivent être parfaits, non pas seulement sur un tour, mais pendant 78 tours. L’épreuve que tous les pilotes ont rêvé de gagner, plus jeune.

 

Pourtant, l’épreuve reine de la saison reçoit son lot de critiques après chaque année. Le problème est évident: impossible d’y dépasser. Et les statistiques sont là pour le prouver. Le vainqueur de la course a pris le départ dans le top-3 lors de 54 des 64 Grands Prix de Monaco dans l’histoire. En fait, depuis 1985, un seul vainqueur est parti plus loin que la troisième place sur la grille de départ. Il s’agit d’Olivier Panis, en 1996... alors que seulement trois voitures avaient rallié l’arrivée!

 

Dépassé, le Grand Prix de Monaco? Plus de notre temps? Une simple ballade du dimanche? Surtout avec les voitures qui sont plus larges depuis la saison dernière, il y a à peine de l’espace pour deux voitures de large. Bonne chance pour dépasser. Pas le meilleur spectacle, donc.

 

Malgré tout, si l’on se pose souvent ces questions la semaine suivant le Grand Prix de Monaco, on ressent toujours cette même fébrilité à l’approche de l’épreuve. C’est justement le fait que ce circuit est un non-sens dans les normes d’aujourd’hui qui le rend si unique. Monaco, c’est les images qui ont marqué l’histoire du sport. C’est les souvenirs de Senna ou Schumacher, dominant dans les rues de la principauté, en course bien sûr, mais aussi en qualifications. C’est Mark Webber, tellement heureux de sa victoire, qu’il saute dans la piscine avec toute sa combinaison. C’est l’histoire, la passion, les accidents spectaculaires. C’est LE week-end qu’il ne faut pas rater au cours de la saison.

 

Alors, comme vous le voyez, les opinions divergent souvent à propos de ce Grand Prix. Je vous laisse vous forger la vôtre. La mienne, de mon côté, est déjà faite... et je peine à patienter jusqu’à samedi pour la séance de qualifications.

Monaco, un Grand Prix très spécial

 

D’autant plus qu’on peut s’attendre à un excellent spectacle cette saison, et, souhaitons-le, une véritable lutte à trois équipes. L’an dernier, c’est Ferrari qui s’est imposé... non sans quelques controverses. Sebastian Vettel l’avait emporté devant son coéquipier, Kimi Räikkönen, qui dominait pourtant l’épreuve avant que l’ordre change en raison des stratégies d’arrêt aux puits.

 

En 2016, c’est Daniel Ricciardo qui était l’homme à battre. Premier en qualifications, il se dirige vers la victoire... jusqu’au moment où son équipe l’attend dans les puits, sans les pneus!

 

Et en 2015, c’est Lewis Hamilton, sur Mercedes, qui croyait mettre la main sur la victoire, mais Mercedes le fait entrer aux puits sous une voiture de sécurité virtuelle, ce qui lui coûte la victoire.

 

Bref, voici ce qu’il faut retenir de ces trois dernières éditions : premièrement, on a toujours droit à quelques surprises, et deuxièmement... les trois équipes de tête ont dominé tour à tour sur ce circuit. C’est donc un rendez-vous sur RDS samedi matin dès 8 heures 45 et dimanche, à 8 heures 30.

 

Une recrue qui impressionne…

 

D’ailleurs, cette année, il y aura un pilote local au Grand Prix de Monte-Carlo pour la première fois depuis Olivier Berretta, en 1994. Il s’agit du pilote Sauber, Charles Leclerc. Et le public monégasque aura de quoi être fier de son poulain, car Leclerc démontre de belles choses depuis quelques courses.

 

Après un début de saison difficile marqué par plusieurs sorties de pistes, le jeune pilote de 20 ans étale son énorme potentiel depuis le Grand Prix de Bakou. En Azerbaïdjan, Leclerc a pris le sixième rang, soit le meilleur résultat de l’écurie Sauber depuis Felipe Nasr, en 2015. Avec un autre point inscrit il y a deux semaines à Barcelone, il est également devenu le premier pilote Sauber à inscrire des points lors de deux courses de suite depuis ce même Nasr.

 

Il ne faut pas oublier que Leclerc réussit le tout dans la voiture qui a terminé au dernier rang des constructeurs lors des deux dernières saisons. En fait, Leclerc a déjà amassé plus de points en cinq Grands Prix (9) que Sauber en a récoltés au cours des deux dernières saisons (7). Il domine également son coéquipier, Marcus Ericsson, qui a amassé deux points cette saison. N’oublions pas qu’Ericsson est un vétéran de cinq saisons en Formule 1. Bref, pas mal pour une recrue!

 

Il ne faut toutefois pas être surpris des succès de Leclerc, qui est un des plus beaux espoirs en Formule 1. Leclerc est champion de F2 l’an dernier et champion de GP3 en 2016. Il fait partie de l’équipe de développement de Ferrari, qui fonde beaucoup d’espoir en lui. On pourrait donc très bien le voir avec la Scuderia au cours des prochaines années, et en attendant, le parcours logique serait de le voir passer chez Haas, qui entretient un partenariat serré avec Ferrari. Il a d’ailleurs été pilote de développement pour Haas au cours des dernières saisons.

 

... et un vétéran qui déçoit

 

Parlant de Haas, le nom de Romain Grosjean est sur toutes les lèvres depuis la dernière manche du championnat... mais ce n’est pas pour les bonnes raisons. Le Français traverse une séquence assez difficile qui s’est soldée, à Barcelone, par un tête-à-queue au troisième virage de l’épreuve. Une perte de contrôle, ça arrive en F1, mais ce qu’on lui a surtout reproché, c’est d’avoir accéléré sans retenue et d’être revenu en plein milieu de la piste, fauchant au passage Nico Hulkenberg et Pierre Gasly. Grosjean s’est expliqué aux commissaires, qui lui ont finalement imposé trois places de pénalité à Monaco. Rien pour aider.

 

Tout ça survient deux semaines après un incident gênant où Grosjean a dû abandonner à Bakou, perdant la maîtrise de son bolide sous la voiture de sécurité et envoyant la monoplace dans le mur.

Mythique Monaco!

 

Depuis le début de la saison, Grosjean est un des deux seuls pilotes à ne pas avoir amassé de points, l’autre étant Sergey Sirotkin. Cependant, la voiture Haas démontre bien sûr un rythme beaucoup plus convaincant que la Williams de Sirotkin.

 

Évidemment, Grosjean a eu son lot de malchance. Difficile de lui reprocher quoi que ce soit en Australie, alors qu’une roue mal fixée sur sa voiture a mis fin à sa course alors qu’il était cinquième. Sauf que son coéquipier, Kevin Magnussen, a eu la même malchance que lui en Australie... et il a depuis inscrit 19 points.

 

En fait, Grosjean n’a pas inscrit de points à ses neuf dernières courses si l’on remonte à l’an dernier. C’est la plus longue séquence active de courses sans points en F1! Il s’agit évidemment du pire début de saison de sa carrière.

 

Bref, Grosjean a souvent des hauts et des bas. Dommage, car lorsqu’il est au sommet de son art, c’est un très bon pilote, capable de se battre avec les meilleurs. Il l’a prouvé à quelques reprises, notamment lors de son passage chez Lotus. Il avait notamment réussi 10 podiums, dont trois de suite en 2013. Par contre, on se souvient surtout de ses mauvais coups. On a encore en tête les nombreux accidents provoqués lors de son arrivée en F1, dont le carambolage au départ du Grand Prix de Belgique en 2012, qui lui avait valu une suspension d’une course. On se souvient aussi du Grand Prix du Brésil, en 2016, où, sous la pluie, il avait envoyé sa voiture dans le mur lors de son tour de mise en grille. Sa course était ainsi terminée une quinzaine de minutes AVANT le tour de chauffe.

 

Bref, on espère revoir le meilleur de Romain très rapidement. Sinon, une certaine recrue chez Sauber aimerait sans doute faire le saut chez Haas...