Elle est en avance sur son temps.

 

Disons qu’elle a compris l’importance de protéger notre planète. Elle ne fait pas qu’en parler, elle pose des gestes. Je l’admire.

 

Les photos m’ont sidéré lorsque je l’ai vue terminer son 10 km lors du week-end du marathon de Québec avec un gros sac rempli de déchets qu’elle avait recueillis en courant. Vraiment, c’est impressionnant et ça fait réfléchir.

 

Il y a deux ans, j’avais réalisé une entrevue avec un instigateur pour ce mouvement au Québec (le plogging), James Guibaud de Montréal. À l’époque, il nous faisait prendre conscience de ce geste anodin et pourtant important pour la santé de notre environnement.

 

Anne-Marie Gingras, 36 ans, ne court que depuis deux ans. « Jadis, nous habitions en forêt mais maintenant installés près du fleuve à Beauport, aux abords des pistes cyclables, on réalise davantage l’importance de cette prise de conscience », de dire la mère de deux enfants, Elie et Charlie (comme Chaplin).

 

Cet intérêt est apparu naturellement dans son esprit et il est rapidement devenu une passion. Elle avance même qu’elle court pour ramasser des déchets ! « C’est un geste pour les autres, un ancrage positif qui me garde alerte. Si chacun des adeptes de la course à pied au Québec décidait de ramasser au moins un déchet par course ou entraînement, il serait impressionnant de constater ce que l’on pourrait obtenir comme poids. »

 

 

 

87,846 MASQUES RAMASSÉS

 

 

Elle a même planifié une course de 5 km où les participants devaient ramener cinq déchets ce qui leur procurait la chance de gagner une participation gratuite à un autre événement.

 

Que dire du fameux Masquathon qui virtuellement, avait capté l’attention de 373 personnes qui en une semaine, sur des entraînements de 42 km, avaient récolté un total impressionnant de 87,846 masques jetés ici et là depuis le début de la pandémie.

 

« J’ai entretenu cette mentalité au cours des deux dernières années. Au fur et à mesure, tu apprends à trouver un équilibre. Les déchets, ça ne poussent pas dans la nature ! Lorsque l’on en voit un au sol, notre réflexion première est de croire qu’une autre personne va le ramasser. Mais si toutes les personnes réfléchissent ainsi, il risque de rester au sol pendant très longtemps. »

 

Intervenante dans un centre de prévention pour les jeunes, Anne-Marie appartient à cette génération qui a saisi le message, qui a compris l’importance d’agir dans ce sens et de surtout ne pas se fier aux autres. Ce qui devient encourageant est que l’on sent qu’ils sont de plus en plus nombreux à être sensibilsés.

 

1349 LBS DE DÉCHETS

 

 

« Je sais que certaines personnes ressentent un peu de gêne à faire cet effort car tu le sais que des gens vont t’observer. On devine qu’ils te regardent parce qu’ils sont fiers de ton comportement et qu’ils sont mal à l’aise de ne pas en faire autant. »

 

Entre mars et octobre 2022, Anne-Marie estime qu’en 639 km, elle a pu ramasser 1349 lb de déchets, un résultat plus qu’impressionnant.

 

« Je n’ai pas encore dit mon dernier mot pour le plugging. J’ai encore d’autres projets car on doit continuer dans cette direction. Il serait intéressant que les grandes organisations de course à pied du Québec collaborent avec cette idée. On doit trouver des façons créatives pour réveiller la population des coureurs. »

 

Gonflée à bloc, Anne-Marie Gingras se considère en mission et si elle ne lâche pas le morceau, les résultats pourraient devenir encore plus impressionnants. Déjà qu’elle épate la galerie !