Il fait frette ? Pas d’inquiétude !

 

C’est écrit dans le ciel : cet hiver encore, des pisse-vinaigre tenteront de gâcher vos loisirs hivernaux avec leur mauvaise foi légendaire. Petit guide d’autodéfense contre leurs affirmations sans nuances.

 

 

« Tu perds 50 % de ta chaleur par la tête. »

 

Quel parent n’a pas déjà brandi cet argument-choc auprès de son gréviste de la tuque de 15 ans ? Seul problème : ce chiffre est le fruit d’une interprétation erronée. Une étude parue en 2008 dans le British Medical Journal retrace ses origines à une expérience menée dans les années 1950 par l’armée états-unienne. Dans des conditions de froids extrêmes, des cobayes bien emmitouflés, mais sans couvre-chef, perdaient leur chaleur corporelle principalement par lahIVER tête, ont-ils observé. Un mythe persistant était né.

 

Or, il y a fort à parier que les conclusions auraient été tout autres si les sujets avaient été... nus ! Autrement dit : notre chaleur corporelle s’échappe par les parties du corps non protégées du froid, pas seulement par la tête. C’est d’ailleurs ce que rapporte une autre recherche publiée en 2011, au cours de laquelle des valeureux ont patienté pendant une heure sous une brise « fraîche » de -15 °C. Les sujets recouvraient leur visage d’une cagoule lors d’un premier passage, mais non d’un second. Dans quelle condition ont-ils mieux préservé leur chaleur ? La première, bien entendu.

 

 

« Fais gaffe : tu vas te geler les poumons. »

 

Tousser au contact d’un air glacial ne signifie pas qu’on se brûle les poumons. Avant d’atteindre les alvéoles pulmonaires, où s’effectuent les échanges d’oxygène et de gaz carbonique, l’air emprunte un long chemin. Son passage préalable par la cavité nasale, la bouche, le pharynx, le larynx, la trachée puis les bronches lui donne amplement le temps de se réchauffer et de s’humidifier. Résultat : sa température s’approche inévitablement de celle de l’organisme, et ce, même si elle était de -30 °C au départ.

 

Alors, à quoi est due cette toux ? On sait depuis quelques années que les adeptes de sports hivernaux sont plus à risque de développer de l’asthme à l’effort. Les fondeurs sont tout particulièrement ciblés : les dizaines de litres d’air froid, certes, mais surtout sec qu’ils respirent chaque minute imposent un lourd fardeau à leurs poumons. À long terme, plusieurs éprouvent des troubles respiratoires à l’entraînement : souffle court, sifflement, toux... C’est pourquoi certains protègent bouche et nez d’un foulard ou d’un masque de sport ; ils humidifient  ainsi l’air inspiré, atténuant du même coup leurs symptômes.

 

 

« L’être humain ne tolère pas le froid. »

 

Homo sapiens est un mammifère dont la majeure partie de l’histoire évolutive s’est bien sûr déroulée dans des régions tropicales du globe. Sauf pour les cas de pilosité, disons, exceptionnelle, il est dénué de fourrure pour se garder au chaud. Cette tâche incombe plutôt à ses vêtements : la veste en Gore-Tex et les caleçons en laine de mérinos forment une barrière contre le froid, ce qui permet au corps de maintenir une température optimale de 37 °C. Un véritable microclimat, en somme. En deçà de ce seuil, les premiers signes d’hypothermie font leur apparition.

 

 

Attention :

L’exposition répétée au froid n’affranchit pas l’organisme de la nécessité de se couvrir. Au mieux, on constate une meilleure tolérance aux éléments – la perte de chaleur corporelle est moins rapide, le frissonnement se déclenche plus tardivement, on se sent subjectivement mieux. C’est ce qui explique en partie pourquoi le 0 °C de novembre nous paraît plus froid que celui de mars. Même les populations nordiques comme les Inuits du Nunavik, les Nunavimmiuts, pourtant habitués aux températures extrêmes, doivent tôt ou tard enfiler une doudoune pour jouer dehors.

 

Auteur : Maxime Bilodeau , collaborateur au magazine Geo Plein Air et kinésiologue de formation

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