Par une belle matinée ensoleillée sur son terrain de jeux, elle s’est présentée au parc Maisonneuve à Montréal en vélo, car elle ne dispose pas d’automobile. Avec une barre de chocolat noir et une bouteille d’eau qu’elle m’a offertes. J’avais tellement entendu parler en bien de Diane Légaré. Des athlètes du genre ne doivent pas sombrer dans l’oubli. Cet aspect me fatigue.

 « À 67 ans, on y va pour la santé », lance-t-elle d’entrée de jeu. Détrompez-vous, car quand on dispose d’un talent exceptionnel depuis les débuts, il devient difficile d’écarter les performances.

Elle a participé à seulement deux courses l’an dernier et elle a vomi avant chacune d’elles ! Elle vous dira qu’en vieillissant, elle ne doit pas perdre de la vitesse ou du moins, mettre davantage le focus sur cette facette.

 « À 28 ans, je savais tricoter et faire du macramé. » Aussi, le ski de fond, le canot, le camping occupaient la majeure partie de ses activités. Elle dira : « Si tu savais, il y a beaucoup de talents qui dorment sur des fauteuils ». Initiée à la course à pied par son mari Gilles Légaré, son talent s’étale rapidement. Un podium obtenu à sa première course à Sorel-Tracy lui fournira le coup de pouce dont elle avait besoin.

 

Diane Légaré (en rouge) court depuis près de 40 ans.

 

À 32 ans, Jean-Yves Cloutier l’intègre avec les Vainqueurs. Les blessures viennent la hanter. « On me surnommait la petite porcelaine », précise celle qui a couru à maintes reprises au pays de l’Oncle Sam. Même qu’en 2005, elle a souffert du syndrome du compartiment. Sa jambe ressemblait à celle d’une poupée de cire ! « Je souffrais d’une nécrose des vaisseaux et depuis cet incident, il devient difficile de courir plus d’une heure », poursuit celle qui a réalisé huit marathons en carrière dont le meilleur fut en 2h54 et le dernier couru en 1999.

 « J’ai confiance en l’univers. J’aime me dire que plus vite c’est terminé, mieux je suis. J’ai mal au moral. Ça fait 39 ans que je cours. Aujourd’hui, je suis rendu ailleurs. » Pour le démontrer, elle attendait avec impatience un voyage aux Îles de la Madeleine.

 Séparée depuis 12 ans, Diane Guénette est son nom de fille. Née à Montréal, elle se souvient lorsque son père qui courait, l’amenait au parc Lafontaine pour assister à des événements de course à pied.

 

Nous avons rencontré Diane sur son terrain de jeux, le parc Maisonneuve.

 

Il fut une époque où elle appréciait le fait de vieillir ce qui lui permettait de dominer les temps dans ses groupes d’âge. Par le fait même, elle a amassé plusieurs records. « Je sais que je cours moins vite mais on a tous notre petit orgueil. Généralement, les adeptes vivent dans l’excessif mais je considère que je ne me retrouve pas dans cette catégorie. On doit comprendre que dans chacune des passions, existe un p’tit brin de folie. »

 Diane n’a pas d’enfant. Elle aurait voulu mais des problèmes d’ordre physique l’ont empêchée. « Je suis la mère de tous », enchaîne celle qui sans l’obtention de hautes performances, continuerait quand même à courir.

 « Les classes sociales n’existent pas sur la ligne de départ et j’adore la bonne humeur que nous ressentons lors d’une course. »

 Quand elle se lève le matin, ses pulsations cardiaques tournent autour de 40 ! Archiviste médicale à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, elle profite avantageusement de la retraite depuis maintenant six ans. Durant 27 ans, elle a œuvré à temps partiel. Au cours de sa carrière, elle a amassé de nombreuses bourses et durant ses belles années, elles pouvaient totaliser jusqu’à 8,000$ pour chaque saison de course à pied.

 

Ce fut un réel plaisir et un privilège de pouvoir jaser de course à pied avec cette grande dame.

 

« La pensée dirige nos intentions et notre destinée. Voilà pourquoi on ne faut pas se mettre des limites. »

 De la vitamine C régulièrement, Diane dit que l’on ne doit jamais se retourner durant une course. Ce geste exprime le doute et peut encourager celles qui suivent derrière. Parfois, elle entend des personnes lui confier qu’elle n’a plus rien à prouver aujourd’hui ! « Elle n’aime pas ce commentaire car au contraire, elle cherche toujours à conserver le haut du pavé, considérant sa catégorie d’âge bien entendu.

 Puis, nous avons abordé un sujet délicat, celui de la reconnaissance. « Je pense que pour obtenir de la reconnaissance dans la course à pied, on doit courir des marathons. Si je voulais de la reconnaissance, je joindrais les rangs d’un club. Je suis sur Facebook depuis octobre dernier seulement et jamais, je n’affiche mes temps sur les réseaux sociaux. »

 Parmi ses faits cocasses, disons qu’elle s’est déjà retrouvée à plat ventre lors du 15km à Utica aux États-Unis et que lors d’un 5km à Trois-Rivières, elle est venue en aide à un homme en difficulté suite à une chute ce qui l’a empêché de finir sa course !

 Elle reconnaît que son corps encaisse péniblement la réalisation d’un marathon. Elle peine à s’asseoir après une telle distance. Elle ne croit plus qu’elle tentera l’expérience à nouveau.

 Sympathique, souriante, Diane Légaré sourit à la vie. On ressent son bonheur, sa quiétude et on dénote facilement qu’elle se retrouve en paix.

 Je ne voulais pas qu’elle soit oubliée.

 

 RECORDS


En 1986, nommée athlète par excellence au championnat canadien des Maîtres au 1500 et 5000 mètres.

 En 1994, athlète sur route par excellence, toutes catégories (Elle est âgée de 43 ans).

En 1997, d’après le magazine Running Times, 1ière chez les maîtres 45-49 ans

En 1999, 1ière au classement général au circuit provincial Sport-Expert.

 

5KM

 -Record canadien 45 ans avec 17 :08

-Record canadien 55 ans avec 18 :46

-Record canadien 60 ans avec 19 :43

-Record canadien 65 ans avec 21 :15

 5 Mile

 -Record canadien 45 ans avec 29 :09

-Record canadien 50 ans avec 29 :28

-Record canadien 65 ans avec 35 :25

 8KM

 -Record canadien 50 ans avec 29 :28

-Record canadien 65 ans avec 35 :25

 10KM

 -Record canadien 50 ans avec 36 :30

-Record canadien 55ans avec 38 :50

-Record canadien 60 ans avec 41 :42

-Record canadien 65 ans avec 44 :50

 15KM

 -Record canadien 45 ans avec 55 :12

-Record canadien 50 ans avec 55 :51

-Record canadien et record mondial 55ans avec 59 :03

 10 Mile

 -Record canadien 45 ans avec 1 :01 :08

 20KM

 -Record canadien 45 ans avec 1 :16 :49

21.1KM

-Record canadien 45-49 ans de 1h19:03 réalisé en 2000, battu en 2017.