Connaissez-vous bien des gens qui regrettent d’avoir joué dehors ? Moi non plus. Prendre un bol d’air est synonyme, chez la vaste majorité, de satisfaction, de plénitude, de bonheur même. C’est du moins ce que rapportent 87 % des 2000 répondants à un sondage réalisé pour le compte du groupe environnemental Conservation de la nature Canada (CNC). Du même souffle, deux sur trois indiquent néanmoins qu’ils passent moins de temps qu’auparavant dans la nature.

 

Nous passons, en moyenne, moins de 5 % de nos heures éveillées à l’extérieur... quand nous sortons de la maison. Dans le sondage de CNC, trois répondants sur quatre affirment qu’il est tout simplement plus facile de passer du temps à l’intérieur. Sans surprise, la religion du confort teinte pareillement nos habitudes d’entraînement. « Zwifter » n’a jamais été aussi populaire ; il y a même des séances de groupe sur tapis roulant !

 

 

Avantage nature

On gagne pourtant à suer dans de grands espaces. Au cours d’une étude publiée dans la revue scientifique PLOS One, des chercheurs autrichiens ont comparé les réponses physiques et mentales d’individus en bonne santé à deux séances de marche de trois heures, l’une sur un sentier, l’autre sur tapis roulant. Les participants étaient libres de choisir leur vitesse. Aussi, les parcours des deux entraînements, réel et simulé, étaient délibérémentJouez dehors semblables.

 

Au final, les randonneurs ont déployé plus d’effort dans les bois : leur fréquence cardiaque était, en moyenne, plus élevée que sur tapis roulant de six battements par minute. Malgré tout, ils ont davantage apprécié leur marche en sentiers. Mieux encore : ils ont paradoxalement trouvé l’effort moins fatigant ! Dit autrement, la même séance d’entraînement, selon qu’elle est exécutée à l’intérieur ou l’extérieur, n’est pas vécue de la même manière.

 

Bien sûr, établir une comparaison entre un sentier et un engin de torture inventé au XIXe siècle peut paraître quelque peu simpliste. Cependant, une recherche parue en 2015 dans Proceedings of the National Academy of Sciences fait état de résultats similaires : les scientifiques ont observé que marcher dans des espaces verts plutôt qu’en ville sur des artères achalandées réduit l’activité neuronale dans la partie du cerveau associée à l’anxiété et à la dépression. On tire donc des bénéfices  pour la santé uniques en leur genre à fréquenter la « vraie » nature.

 

 

Un art

La beauté de la chose, c’est que chaque sport (ou presque) se pratique dans la nature. Les coureurs sur route se tourneront vers les sentiers de randonnée pédestre. Les nageurs troqueront quant à eux la piscine chlorée contre l’un des quelque 500 000 lacs du Québec. Même les cyclistes ne sont pas en reste : au guidon de la bonne monture, ils délaisseront les pistes cyclables et le bitume au profit des forêts ou des chemins de garnotte.

 

Attention toutefois à ne pas avoir les yeux plus grands que la panse. En effet, l’une des principales caractéristiques de la nature est d’être peu ou pas aménagée, ce qui risque d’occasionner des défis inédits. Ainsi, le coureur qui étrenne ses chaussures à crampons sera surpris de constater une baisse considérable de sa vitesse horaire moyenne ; naviguer entre les racines sur des sentiers à la fois étroits, sinueux et accidentés ne s’apprend pas du jour au lendemain. Jouer dehors est un art avant d’être une science.

 

 

Un conseil

À force d’avoir les yeux rivés sur sa fréquence cardiaque, son allure de course et la puissance qu’on déploie, on finit par se déconnecter de ses sensations. Afin de bien savourer l’effet de la nature sur ses performances, il est judicieux de parfois mettre de côté les accessoires intelligents. On peut les utiliser tout en veillant à masquer les données gênantes à l’aide d’un morceau de ruban adhésif, par exemple.

 

 

Auteur : Maxime Bilodeau, collaborateur au magazine Geo Plein Air et kinésiologue de formation

 

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