Les jours et les semaines passent, mais toujours la même réalité : Le confinement. Plusieurs font 99,9% de leurs activités à la maison : Télétravail, entraînement de vélo virtuel, course sur le tapis roulant, exercices de musculation, yoga et ajoutez à ça les enfants qui eux aussi sont confinés dans la même pièce! Qu’advient-il alors des repères? Qu’advient-il des objectifs de performance des cyclistes et des triathlètes alors que la majorité des événements sont annulés? Comment maintenir une routine adéquate alors qu’autour, tout est en mutation?

Si vous êtes comme moi, votre cerveau vous rappelle à maintes reprises dans la journée que vous êtes à une longueur de bras du sac de chips! Très tentant n’est-ce pas? Tout ça peut vite devenir lourd et avoir un impact direct sur la motivation. La motivation? Elle vient et elle repart sans même dire aurevoir. Êtes-vous déstabilisé par cette période d’incertitude et d’inconnue? De mon côté, malgré ma bonne volonté, je dois admettre que tout ça influence mes choix alimentaires.

JudithJ’ai décidé d’en parler avec Judith Perrault nutritionniste et fondatrice de NutriAct pour y voir plus clair. Ayant collaborée avec plusieurs équipes nationales affiliées à l’Institut National du Sport du Québec, elle se spécialise dans la nutrition sportive entres autres en cyclisme et en triathlon. Possédant une maîtrise en nutrition sportive à l’Université de Montréal, Judith en avait beaucoup à dire sur les changements d’habitudes alimentaires en ce temps de pandémie. Voici mon entretien avec elle.

Qu’est-ce qui influence les habitudes alimentaires dans cette situation de confinement?

« C’est une combinaison de plusieurs facteurs. Le stress et l’incertitude, tout le monde le vit et certaines personnes encore plus que d’autres. Ça a effectivement un impact sur notre appétit soit en l’augmentant ou en le diminuant. Évidemment, le changement de routine au niveau des choses de base comme faire son épicerie le moins souvent possible pour éviter les contaminations ou encore les files d’attente, demande une planification supplémentaire. 

De plus, il faut être prêt à faire des substitutions car il est possible que certains aliments usuels ne soient pas disponibles. Pour ce qui est du télétravail, ça vient avec la possibilité de manger à toute heure de la journée, contrairement à lorsqu’on quitte pour le bureau où les heures sont fixes semaines après semaines. Cette routine qui est complètement bouleversée a un grand impact sur le comportement alimentaire. »

Garder une routine est le point central pour maintenir son poids, pourquoi?

« La routine est un élément clef. Présentement, nous sommes dans une période où il faut être doux avec soi-même, car on ne veut pas se stresser davantage avec l’idée de prendre du poids. Il faut contrôler ce qu’on est capable de contrôler dans la mesure du possible. La routine, c’est quelque chose de très sain et ça va justement nous aider à prendre le contrôle de notre journée. Maintenir une régularité au niveau des heures de repas et des collations permet d’éviter de faire des excès en raison d’une trop longue période sans manger.

Ces jours-ci, avec les insécurités, il se peut qu’on ait davantage le goût d’aliments réconfortants riches en gras, en sucre et moins nutritifs. C’est normal, car la nourriture nous procure du plaisir. L’idée n’est pas de se sentir coupable de ces envies, mais d’essayer de se mettre dans des bonnes conditions par l’entremise d’une planification adéquate et un bon équilibre des repas. Il sera ainsi peut-être plus facile de réduire les fameux cravings! »

Quelles sont les conditions idéales pour rester motivé et performer malgré les événements annulés?

« Au printemps, les cyclistes et les triathlètes veulent s’approcher de leur poids de compétition (5% du poids naturel), car ils veulent être performants aux premières courses de la saison. Il peut donc y avoir une certaine pression de perdre du poids lors de cette période. Pendant la pandémie, c’est une pression qui est inutile, puisque les événements sont annulés jusqu’à nouvel ordre. Cela peut au contraire être nocif sur le mental en engendrant du stress. Se mettre dans des conditions idéales, c’est de maintenir son poids au lieu de vouloir en perdre.

La difficulté est que certains athlètes font moins d’heures d’entraînement depuis le confinement. Par exemple un triathlète va troquer la nage pour une séance de yoga ou va choisir de ne faire qu’un seul sport par jour au lieu de travailler ses trois disciplines. Le mot d’ordre est de ne pas paniquer. Nous avons probablement davantage le temps de cuisiner et c’est le moment idéal pour miser sur la qualité de l’alimentation en mettant en place de saines habitudes axées encore plus sur les fruits et les légumes. Cela aidera à pallier la dépense énergétique qui est actuellement plus faible. Une fois de retour à un rythme de vie normal, ces bonnes habitudes pourront demeurer dans le quotidien. »

Écouter les signaux de faim, comment m’y prendre?

« C’est bien d’être conscient des moments où nous avons envie d’aliments plus riches ou plus gras. Est-ce lorsque je suis stressé, fatigué ou est-ce pour me récompenser? Lorsqu’on mange un repas, c’est important de s’asseoir pour manger et de prioriser la dégustation au lieu de dévorer devant la télévision. C’est la façon idéale pour ressentir la satiété.

Évidemment, il y a des moments où le désir de manger ces aliments trop salés ou trop sucrés ne passent pas. Il faut garder en tête que ça prend 10 à 15 minutes pour changer une idée, donc pour que ce désir envahissant cesse. Appeler un ami, prendre une marche ou aller jogger peut aider. Sinon, on y va pour une petite quantité en prenant une portion dans un bol. Ça se peut qu’au début on ne réussisse pas, mais après la 4e ou 5e fois, ce sera plus facile. Juste d’en prendre conscience sera déjà un bon début pour la suite! Il n’existe pas de recette magique, s’écouter et avoir une structure amènera un équilibre. »

Son dernier conseilConsultation

« Il est important de souligner que cette crise n’affecte pas tout le monde au même niveau. Puisque les objectifs sportifs et de performance doivent être ajustés, les objectifs nutritionnels doivent l’être eux aussi tout en tenant compte du contexte de chacun. Ainsi, de déterminer une ou des cibles réalistes en nutrition selon nos capacités actuelles est une bonne façon de garder le cap en nutrition et surtout, de se motiver! » 

Pour votre confinement, Judith partage un menu pour vous aider.  Semaine après semaine, elle est là pour vous accompagner avec son approche saine et douce. Vous pouvez aussi la contacter pour une consultation nutritionnelle virtuelle pour répondre à vos besoins spécifiques 

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