Par Kevin Massé - 2013 a marqué l’histoire de la série Tomb Raider avec un reboot tout à fait réussi. Même si le second épisode fut moins inspiré en 2015, il faut donner au studio Crystal Dynamics que leur vision de Lara Croft, plus humaine et plus réaliste, est l’évolution moderne et rafraîchissante qu’il fallait. Le troisième opus est maintenant développé conjointement avec le Studio Eidos Montréal (Deus Ex: Human Revolution). Cela donne l’épisode le plus mature et enivrant de la série.

 

Voilà donc Lara Croft de retour. Toujours à la poursuite des Trinitaires, le groupe responsable de la mort de son père, l’aventurière est au Mexique, dans la péninsule du Yucatan. Ayant la majorité du temps une longueur d’avance sur l’ordre, la jeune aventurière se retrouve au coeur d’un temple qui protège une dague maya. À peine l’a-t-elle soulevé de son socle, qu’elle découvre qu’elle a déclenché ni plus ni moins la minuterie qui mène à l’apocalypse. L’ordre réussi par la suite à lui voler la dague tout en lui expliquant que la seule façon d'enrayer la malédiction est de retrouver une boîte d’argent pour y enfermer la dague.

 

Et bang, un tsunami engouffre le village. Un amuse-gueule avant que la grande aventure commence.

 

 

Un récit somme toute classique, qui a cependant le mérite d’être beaucoup plus sombre et introspectif que les précédents volets. Effectivement, même si on voit venir les retournements de situation de l’intrigue principale, le jeu nous fait voyager dans le temps. Nous révélant ainsi les secrets de jeunesse qui ont forgé l’esprit vindicatif de Lara. Un plus qui plaira aux fans de la série.

 

Mais encore plus, Shadow of Tomb Raider, est certainement le titre qui crée le lien entre le genre survie du reboot et les origines intrépides et “plateauesque” que nous avons connu lors de ses débuts en 1996. Il y a ces temples incas, mais aussi cette Lara, plus solide, agile et expérimentée, qui sait comment tirer profit de l’ombre et la lumière. Une vraie guerrière qui n’hésite pas à tuer, sait manier l’arc et assassiner en silence.

 

 

On raffine les mécaniques de jeux

 

Les mécaniques de jeu ne changent guère. Le joueur doit principalement explorer son environnement en escaladant les parois, en nageant sous l’eau, en évitant les pièges et en résolvant des énigmes sous forme de mécanismes à actionner.

 

Lara peut également chasser et amasser des matériaux afin de fabriquer des armes ou encore les acheter à des marchands.

 

Cette exploration est cependant raffinée par de belles nouveautés. Notre grappin nous permet maintenant de descendre en rappel et permet d’attacher les ennemis aux branches telles Batman dans la série Arkham. Il est également possible de fabriquer de nouvelles flèches qui lâcheront un gaz rendant fou l’ennemi.

 

 

La furtivité au premier plan

 

En parlant de raffinement, Shadow of Tomb Raider met des efforts fortement bienvenus sur l’aspect furtif des approches de Lara. Maintenant, l'archéologue peut appliquer de la boue sur elle et se camoufler dans les plantes qui longent les parois. Les ennemis sont également moins nombreux que dans les autres volets. Il y a beaucoup moins d’échange à l’arme à feu et un face à face est presque mortel pour Lara.

 

L‘intelligence artificielle des ennemis reste cependant à désirer. Ces derniers suivent candidement leur chemin prédéfini. Souvent, ils n’auront aucune réaction si trois corps gisent au même endroit sur le sol.

 

Peu importe, la diversité des tactiques furtives proposées ajoute un réel facteur fun au titre.

 

 

Un monde à couper le souffle

 

Bien que l’histoire principale de Shadow of Tomb Raider dure qu’une quinzaine d’heures, il est possible d’allonger le tout en explorant le monde semi-ouvert du jeu. On vous le suggère grandement, car les deux villages servants de hubs regorgent de missions secondaires dont certaines valent le détour.

 

S’écarter de notre mission principale permet également de profiter des décors époustouflants du jeu. Note spéciale au level design parfois relevant du génie et à l’ambiance qui coule tranquillement vers le film d’horreur.

 

La musique également, rappelant le cliquetis du temps qui passe, fait monter la tension à l’instar du film Dunkerque.

 

 

On n’a cependant pas été impressionné par les doublages ainsi que les expressions faciales des personnages. Lara sembla n’avoir que deux ou trois expressions faciales. Les sentiments passent donc moins bien. Les doublages, de leur côté, ont de la difficulté à suivre la synchronisation labiale. Bref, deux accros qui amoindrissent le sentiment d’immersion.

 

Peu importe, ce troisième épisode du reboot de la série Tomb Raider est une grande réussite. Le joyau d’Eidos Montréal et Crystal Dynamics n’est certes pas aussi poli que nous l’espérions. Les problèmes d’intelligence artificielle et les doublages boiteux en sont les raisons. Reste que l’univers proposé est d’une grande beauté et jouit de plusieurs mécaniques — architecture de niveau, approche furtive, histoire entrainante, belles énigmes — qui nous accroche à notre manette jusqu’à une finale qui vaut le détour.

 

VERDICT

Excellent

 

Positifs

Scénario accrocheur et révélateur

Un côté furtif mis de l’avant

Une architecture de niveau au petit oignon

Des énigmes bien pensées

Une ambiance intense à souhait

 

Négatifs

Quelques bogues visuels

L’intelligence artificielle qui date

Les doublages boiteux

 

Shadow of Tomb Raider

Date de sortie: 12 septembre 2018

Développeur: Eidos Montréal, Crystal Dynamics

Éditeur: Square Enix

ESRB: M

Plateformes: PS4, Xbox ONE, PC

Joué sur Xbox ONE