MONTRÉAL – Était-ce le réveil hâtif et les deux heures de route qui nous faussaient la vue ? Il a fallu se frotter les yeux pour s’assurer que ce ne soit pas le cas. Il s’agissait bien de Régis Cibasu, du moins de la version allégée de 34 livres de cet athlète. 

La différence est épatante et elle saute aux yeux. Durant la saison morte, le joueur des Alouettes de Montréal a accepté de se lancer à fond dans la transformation proposée par le directeur général Danny Maciocia et l’entraîneur-chef Khari Jones. 

« Danny et Khari m’ont appelé après la dernière saison et ils m’ont demandé de perdre un peu de poids en me disant que ça allait grandement m’aider au niveau des unités spéciales et en attaque pour avoir plus d’implication et de chances de voir le terrain », a expliqué Cibasu. 

On a voulu en savoir plus sur cette histoire dès qu’on a aperçu le numéro 83 au camp d’entraînement des Alouettes à Trois-Rivières. En 2021, Cibasu avait accepté la mission de s’exercer comme centre-arrière. Cette année, il a repris son rôle de receveur, mais à condition d’être plus « svelte ». L’utilisation des guillemets s’impose car Cibasu pèse tout de même 232 livres et mesure six pieds trois pouces. 

« J’ai abordé le tout avec la mentalité de perdre le plus de poids, mais en restant solide car si je dois bloquer de gros bonhommes comme des ailiers défensifs, je dois pouvoir le faire. Mais il fallait que je devienne assez léger pour courir les tracés et être plus polyvalent », a décrit l’ancien des Carabins de l’Université de Montréal. 

Au moment de raconter cette transformation, Cibasu affiche son grand sourire caractéristique. Mais ce projet lui a parfois perdre cet outil charismatique. 

« J’ai perdu plus de 30 livres, ce n’était pas facile, admet-il en riant. C’est sûr que c’est un gros défi. Tu peux te dire, ‘Peut-être qu’ils n’ont pas un grand intérêt envers moi’. Mais j’ai choisi de voir le tout positivement, je me suis dit que ce ne serait pas une mauvaise chose pour moi de perdre du poids supplémentaire. Ça pouvait juste m’aider physiquement et mentalement et je le vois déjà », a-t-il constaté. 

Après avoir excellé avec les Carabins, Cibasu a tenté de promouvoir ses atouts pour la NFL. Cette tentative a échoué et il a dû se consacrer à un rôle limité depuis dans la LCF. En deux saisons dans le circuit canadien, il n’avait pas encore capté une seule passe. Sa patience a été récompensée avec sa première passe complétée, dès le deuxième match de la saison, contre Toronto. 

« Ce changement me permet déjà d’être plus souvent sur le terrain pour les unités spéciales et ça m’aide beaucoup. En tant que Canadien, tu veux jouer souvent sur les unités spéciales, démontrer ce que tu peux faire et peut-être avoir plus de chances en attaque plus tard », a convenu celui qui a disputé sa saison recrue avec les Argonauts. 

Cibasu n’a pas eu besoin de peser le pour et le contre bien longtemps. 

« Je me disais que ce sont des sacrifices que je m’imposais. Le football, ça ne dure pas longtemps donc pourquoi ne pas le faire et mettre le plus de chances de mon côté. Je me suis beaucoup entraîné, j’ai joué au basket très souvent et j’ai vraiment changé mon alimentation. Pour être honnête, je ne mangeais pas très bien, j’ai coupé toutes les cochonneries et j’ai été sérieux dans mon entraînement », a exprimé le colosse. 

Cibasu tient à remercier son entraîneur privé chez Gordo Performance ainsi que Pierre-Olivier Breault, l’entraîneur de renforcement musculaire et de conditionnement physique des Alouettes.  

« Je suis très reconnaissant de leur aide. »

Parlant de reconnaissance, il est emballé de voir que ses coéquipiers remarquent une grande différence. Après tout, certains auront pu ne pas le reconnaître tellement il a fondu comme neige au soleil. 

« L’an passé, j’étais quasiment un peu chubby. Tu le vois tout de suite dans la vidéo quand on fait des unités spéciales. Là, je bouge mieux ! Quand je suis arrivé au camp, je flyais sur les unités spéciales. Même dans les exercices un contre un pour les receveurs, ça allait mieux. Tout le monde me disait ‘Wow, t’as vraiment maigri’. Quand les autres te disent que ça se voit juste de la manière dont je me déplace sur le terrain, c’est là que tu sais que tu as accompli du bon boulot. En tant qu’athlète, ce sont des compliments que tu aimes entendre. C’est gratifiant », a reconnu Cibasu. 

Son coéquipier Marc-Antoine Dequoy, un spécimen athlétique à sa façon, peut en témoigner. 

« Son éthique de travail est incroyable et c’est tout un athlète. Si ça ne démontre pas le dévouement d’un joueur, je ne sais pas ça prend quoi. C’est le genre de mentalité et d’effort que tu veux dans ton équipe », a vanté le maraudeur partant des Alouettes. 

Avec les Carabins, Cibasu a mérité plusieurs honneurs offensifs et son poids actuel est similaire de celui à l’époque des Bleus (242 livres). Il se sent toutefois plus fort et plus rapide. Sa production offensive ne reviendra à ce niveau d’antan, mais on peut parier qu’il captera ses premiers ballons cette saison. D’autant plus que les Alouettes misent désormais sur deux receveurs canadiens dans leur formation partante.  

« Exactement, il faut que je sois prêt à toutes éventualités. Si Hergy (Mayala) ou Kaion (Julien-Grant) ont besoin d’un répit, il faut que je sois prêt », a corroboré Cibasu qui réalisera alors encore plus que ce sacrifice a été payant.