« Stabilité et harmonie. »

Proclamée haut et fort par l’état-major pour justifier le vote de confiance envers Jim Popp, la philosophie des Alouettes en prend pour son rhume un peu plus d’un mois plus tard.

La démission du coordonnateur défensif et entraîneur-chef adjoint Noel Thorpe, qui se joindrait aux Eskimos d’Edmonton selon TSN, laisse croire en effet que c’est instable et que ça ne semble pas très harmonieux au sein des opérations football du club montréalais.

De l’extérieur, difficile de dire exactement ce qui se passe, mais lorsque des gens quittent de leur propre chef et renoncent à un poste qui les attend la saison prochaine, c’est que quelque chose ne roule pas rondement.

On peut supposer plein de choses, mais il semble évident que le fait de redonner les rênes de l’équipe à Popp en 2016 à titre d’entraîneur-chef et de directeur général n’a pas fait l’affaire de tout le monde.

Il y a moins d’une semaine, Ryan Dinwiddie, qui occupait le poste de coordonnateur offensif avec Anthony Calvillo au terme de la dernière saison, a joint les rangs des Stampeders de Calgary et hérité des fonctions d’entraîneur des quarts-arrières. Les dépisteurs québécois Jean-Marc Edmé et Jean-Vincent Posy-Audette ont eux aussi fait leurs valises mercredi.

Les Alouettes ont désormais tout un trou à boucher. La défense a été le pilier sur lequel cette équipe a pu s’appuyer au fil des cinq dernières saisons et Thorpe en était l’artisan.

Non seulement, les Alouettes se retrouveraient dépouillés de son savoir, mais aussi de sa précieuse expérience dans un contexte où Popp n’est pas le plus grand des stratèges et qu’Anthony Calvillo n’est encore qu’un coordonnateur offensif recrue.

C’est justement Thorpe qui avait pris la relève de Popp sur les lignes de côté en fin de saison, face aux Eskimos, alors que son patron était malade.

N’empêche, après l’étude de la candidature de Thorpe au terme de la dernière campagne, les Alouettes ont préféré le statu quo. Thorpe a ainsi conservé ses titres de coordonnateur défensif et d’adjoint à l’entraîneur-chef.

Or, le chef des unités spéciales Kavis Reed a depuis obtenu une « promotion », se voyant offrir le poste d’adjoint à l’entraîneur-chef lui aussi.

J’ai rarement vu ça, pour ne pas dire jamais,  deux adjoints à l’entraîneur-chef. Une situation pour le moins bizarre qui a peut-être vexé Thorpe. Reste que ce ne sont que des suppositions et les Alouettes ont tout intérêt à agir et vite pour lui trouver un successeur.

À l’interne, les candidats ne semblent pas nombreux.

Embauché lundi afin qu’il récupère ses fonctions d’entraîneur des secondeurs qu’il a occupées en 2014 avant de quitter et d’agir à titre de coordonnateur offensif des Roughriders de la Saskatchewan pendant un an, Greg Quick a-t-il ce qu’il faut?

Keith Willis, entraîneur de la ligne défensive, n’a pas l’expérience ou les compétences pour succéder à Thorpe.

Reed serait-il à la hauteur du défi?

Toutes les options sont à considérer pour l’instant, alors que le mouvement de personnel des dernières semaines chez les Eskimos et les Roughriders a des répercussions à travers tout le circuit.

Ce qui se passe présentement est pour le moins curieux. D’une part, les Eskimos n’ont pu exiger de compensation au départ de l’entraîneur-chef Chris Jones pour les Roughriders parce que dernier a obtenu une promotion, c’est-à-dire les postes de directeur général et de vice-président des opérations football en plus de celui de pilote.

Le Rouge et Noir d’Ottawa a quant à lui demandé une compensation pour l’embauche de Jason Maas à titre d’entraîneur-chef des Eskimos. Ce dernier était coordonnateur offensif et entraîneur des quarts avec l’équipe ontarienne.

Qu’en est-il des règles encadrant ce type de mouvement de personnel? Une clarification de la LCF serait à mon avis nécessaire.

Pour l'instant, le commissaire de la LCF Jeffrey Orridge est intervenu dans ce carrousel des entraîneurs, intervenant notamment dans le dossier Thorpe. Dans un mémo envoyé aux présidents et aux directeurs généraux des équipes, Orridge a indiqué qu'aucun départ d'un entraîneur pour un autre club ne sera officialisé avant que la Ligue ne donne son approbation. La LCF espère ainsi prévenir des ruptures de contrat.

Plus tôt dans la journée, la Ligue avait annoncé qu'elle enquêtait sur la possible embauche de Thorpe par les Eskimos.

*Propos recueillis par Mikaël Filion