MONTRÉAL – Danny Maciocia, le directeur général des Alouettes de Montréal, passait du temps en famille dans le Vieux-Québec lorsque son téléphone a sonné, dimanche soir, et c’est là qu’il a appris que Vernon Adams fils avait publié un message selon lequel il renonçait à son contrat pour tenter sa chance dans NFL. 

« Pendant que je lisais son message, il m’a appelé et on a parlé pendant 30 minutes. Depuis, je crois qu’on a discuté tous les jours et parfois plus d’un appel par journée. Je voulais connaître sa perspective », a expliqué Maciocia au RDS.ca. 

« Ce n’était pas une question que je sois déçu, j’ai bien compris qu’il y avait une opportunité pour lui. Je savais aussi que c’était 'frais' (comme décision). Je voulais donc lui donner un peu de temps pour réfléchir », a-t-il ajouté. 

Il ne restait qu’un pas à franchir pour Adams fils, celui d’envoyer le formulaire officiel confirmant son retrait. Mais, heureusement pour les Alouettes, ce document n’est jamais arrivé. 

« Il m’a appelé mercredi soir pour m’annoncer qu’il voulait rester. C’est sûr qu’on est contents que Vernon ait décidé de changer d’idée pour rester à Montréal », a indiqué Maciocia alors que la date limite pour confirmer ses intentions était jeudi à midi.  

En poste depuis janvier dernier, Maciocia tenait à conserver ses services. On peut le comprendre, c’est l’éclosion du quart-arrière de 27 ans qui a relancé l’organisation, qui lui a redonné vie. La créativité et la passion de Khari Jones ne peuvent pas se transmettre offensivement sans un quart-arrière capable d’assumer ce mandat. 

« Quand il s’est assis pour regarder tout ce qui se passe aux États-Unis et tout ce qui se développe chez nous avec une opportunité en 2021 auprès d’un nouveau propriétaire, d’un nouveau président, d’un nouveau DG et un entraîneur-chef avec lequel il adore travailler, je pense qu’il a réalisé qu’il y a une belle opportunité qui se présente pour lui à Montréal et qu’il peut la vivre pas seulement pour 2021, mais j’espère pour les prochaines années », a témoigné le directeur général en rappelant que le délai était court du côté de la NFL alors que la saison s’amorce dès jeudi prochain. 

Maciocia n’avait pas besoin de se creuser la tête pour exposer son point de vue. Il voulait avant tout insister que les Alouettes lui offraient l’occasion rêvée, s’établir comme la pièce maîtresse de l’équipe à long terme. Ce n’est pas pour rien que le directeur général lui a consenti un nouveau pacte de trois ans (2020, 2021 et 2022) deux semaines après son entrée en poste. 

« C’est ce que je lui ai dit depuis le début. On le voit comme l’avenir du club, on veut lui donner les clés de l’organisation. Il a apprécié le tout et je voulais lui faire comprendre que pour Gary Stern, Mario Cecchini, moi-même et Khari Jones pensons qu’on peut bâtir quelque chose de vraiment intéressant pour plusieurs années. On n’a pas vécu ça depuis les années d’Anthony Calvillo », a insisté Maciocia en précisant que plusieurs équipes misent sur des quarts dans la trentaine comme Jeremiah Masoli (32 ans), Trevor Harris (34 ans) et Mike Reilly (35 ans). 

Son contrat n’a pas été renégocié 

Le début de la pandémie n’a pas été trop pénible pour Adams fils, père de deux jeunes enfants, puisqu’il venait de toucher un boni substantiel, mais la durée de celle-ci lui a fait réfléchir à son avenir. Émotif de nature, il a d’abord cru bon de s’accorder une autre chance dans la NFL. 

Sa réflexion lui a fait changer d’idée si bien qu’il renonce à un revenu de plus de 100 000$ s’il avait été en mesure de demeurer, au minimum, sur l’équipe d’entraînement d’une organisation pendant la saison 2020. Toutefois, les Alouettes n’ont pas eu besoin de renégocier son contrat pour lui garantir plus d’argent. 

« Non, on n’a pas discuté de renégocier son contrat. Ce n’était pas ça la question, c’était plutôt en raison d’une opportunité qui se présentait pour lui avec une équipe de la NFL. C’était plus ça qu'autre chose », a précisé Maciocia. 

L’autre enjeu était de savoir si Adams fils a véritablement attiré de l’intérêt au sud de la frontière.  

« C’est une question pour laquelle Vernon et son agent sont mieux placés pour répondre. J’aimerais penser que, s’il avait renoncé à contrat, il y aurait sûrement eu de deux à cinq équipes qui auraient voulu qu’il vienne faire un tour pour lancer pour eux et l’évaluer », a répondu le DG à ce sujet.  

Ça ne veut pas dire pour autant que son rêve de jouer dans la NFL vient de s’envoler. Puisqu’il a tardé à éclore, Adams fils n’est pas amoché physiquement et il devrait être encore très mobile dans deux ans grâce à ses qualités athlétiques. 

« C’est un jeune qui ne l’a pas eu facile dans la LCF depuis qu’il a fini l’université. Finalement, il s’est trouvé une 'maison', une place où les gens l’adorent, où son entraîneur l’adore et où il a eu du succès. Il adore la ville de Montréal et il veut apprendre le français. C’est un bon fit pour nous et je suis convaincu que nous sommes un bon fit pour lui. Pourquoi mettre tout ça en jeu en sachant que la NFL, ça se présentera peut-être dans deux ans pour lui. Pour le moment, il se retrouve à la bonne place et on est bien contents de l’avoir ici », a résumé Maciocia. 

En considérant que le dernier match des Alouettes remonte à novembre 2019 et que la saison 2020 a été annulée, la prochaine rencontre du club montréalais pourrait survenir uniquement en juin 2021, une interruption de 19 mois! Perdre l’attrait d’Adams fils aurait été dommageable pour les Alouettes qui doivent conserver le lien avec leurs partisans. 

« C’est énorme pour nous, c’était très important. Ça faisait aussi partie des discussions. Il est déjà le visage de notre équipe et on peut bâtir autour de lui. On peut attirer des joueurs autonomes et on peut garder les nôtres. C’est la raison pour laquelle je dis qu’on peut bâtir quelque chose de beau avec lui pour plusieurs années. C’est ce que les partisans des Alouettes souhaitent », a convenu Maciocia. 

Ce volte-face d’Adams fils envoie également le message que la LCF tient à garder ses meilleurs éléments. Maciocia rappelle que c’est aussi vrai pour les athlètes canadiens et québécois. Le DG des Oiseaux pouvait d’ailleurs se réjouir.

« La date limite (pour se retirer de son contrat) était jeudi à midi et je n’ai pas eu d’autres nouvelles. Pour nous, ça regarde bien », a-t-il conclu.