MONTRÉAL – Mine de rien, la saison de misère des Alouettes de Montréal est loin d’être terminée. La formation de Kavis Reed doit encore disputer quatre parties, ce qui représente près du quart de son calendrier.

 

Le problème, c’est que tant que les Alouettes ne parviendront pas à stopper l’hémorragie, celle-ci demeurera l’unique sujet de discussion.

 

Après tout, rien n’est plus normal avec une séquence de sept défaites menant à un horrible dossier de 3-11. Les Alouettes pourraient même surpasser la pire série de revers de l’organisation, une disette de neuf rencontres qui s’est produite en 1967 et 1981.

 

Freinés par ce puissant vent négatif, les Oiseaux ont repris l’entraînement, jeudi, sans pouvoir chasser la réalité.

 

« On a le moral d’une équipe qui est à 3-11. On veut se sortir de cette torpeur et on a l’ambition de remporter le prochain match. Mais, ultimement, on s’est enfoncé dans cette situation en étant très improductifs offensivement, en ayant de très lents débuts de match, une mauvaise production dans la zone payante, en commettant des revirements et en écopant de punitions. Est-ce qu’on peut blâmer quelqu’un d’autre que nous? Ce serait difficile de le faire », a admis le centre Luc Brodeur-Jourdain.

 

De l’extérieur, on ne sent pas que ce groupe s’entraîne comme une équipe dégonflée. Le vétéran de neuf saisons dans la LCF confirme ce constat tout en soulevant un problème qui perdure.

 

« À l’entraînement, je vois de l’effort, mais il y a encore eu des erreurs. On a dû recommencer une séance au complet. Ce sont des choses qu’on ne doit pas prendre à la légère et c’est ce que Kavis essaie de faire », a expliqué LBJ.

 

Justement, l’effort constitue un aspect essentiel dans une telle tourmente. Le très respecté John Bowman est allé jusqu’à mentionner qu’il n’est pas certain que tous les joueurs se soucient de la cause de l’équipe.

 

« On essaie d’établir une culture dans laquelle les joueurs assument leurs responsabilités. Bowman personnifie ce qu’on veut être, il donne tout sur le terrain. Tu ne peux jamais remettre en doute son dévouement et sa préparation. Le fait qu’il ait dit ça démontre qu’il se soucie encore du bien des Alouettes. Il veut que les joueurs autour de lui aient la même passion. C’est plaisant de l’entendre lancer ce défi à ses coéquipiers. Le grand-père doit établir la fondation et John fait un bon travail dans ce sens », a réagi Reed, le directeur général et entraîneur-chef depuis le renvoi de Jacques Chapdelaine.  

 

Reed aurait pu couler avec son groupe s’il avait confirmé les dires de Bowman. Il a préféré nuancer sa sortie tranchante.

 

« Ce que je vois, c’est que les joueurs continuent de travailler pour corriger les choses. Quand des joueurs disent des choses de ce genre après une partie, c’est relié à beaucoup d’émotions. C’est normal après une défaite aussi colossale, c‘était très difficile à avaler. Je pense que les propos de John étaient plus pour défier ses partenaires à en faire davantage », a argué Reed.

 

Habile communicateur comme il l’est, Brodeur-Jourdain a répondu de brillante façon sur cet enjeu. Ses propos sont significatifs lorsqu’on lui demande s’il sent que l’effort a baissé.

 

« Non, quand je regarde les vidéos, je vois qu’il y a de l’effort dans les pratiques. Malencontreusement, c’est peut-être dans les fins de rencontre que ça va moins bien. Quand tu perds par 40 points, tu es affecté, il y a un niveau de frustration qui s’élève grandement.

 

« C’est certain que tu ne feras pas une remontée gagnante, mais comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, pour moi, ce n’est plus le score qui est important, mais la manière de conclure. En terminant bien, ça peut te donner un petit élan pour la semaine suivante. Le fait de démontrer un petit retour en force permet de s’entraîner en croyant que tu peux accomplir de grandes choses. On n’a pas senti un taux d’énergie acceptable dans cette fin de partie », a détaillé l’athlète de 34 ans.

 

Ce revers plus que gênant est survenu lors du retour au jeu du centre-arrière Jean-Christophe Beaulieu. Le Québécois avait assisté à la dégringolade de sa troupe pendant qu’il soignait une blessure.

 

« Cette défaite a fait vraiment mal à mon orgueil. Ça ne m’était jamais arrivé que mon équipe se fasse marquer autant de points. C’est vraiment plate, mais on ne peut que tourner la page et éviter de répéter le négatif. Je ne veux pas refaire les mêmes erreurs.

 

« Ce n’était pas mon corps qui était le plus blessé après cette partie, c’était mon orgueil. C’est un moment qui a été vraiment difficile mentalement », a admis Beaulieu qui est reconnu pour son influence positive.

 

Durant aurait voulu jouer, mais... 

 

Au chapitre des actualités, le quart-arrière Drew Willy obtiendra un deuxième départ consécutif. Selon les dires de Reed, Darian Durant n’est pas suffisamment remis de sa blessure pour piloter l’attaque.

 

« Il n’y a pas de controverse. J’ai passé un examen par résonance magnétique la semaine passée par mesure préventive. Je sens que je peux jouer. La décision revient aux docteurs. Si la décision me revenait, je jouerais », a mentionné Durant au collègue Didier Orméjuste.

 

Le match de lundi après-midi contre les Eskimos d’Edmonton devrait aussi permettre à Matthew Shiltz de fouler le terrain pour une deuxième semaine d’affilée. Shiltz a fait son entrée à la fin du troisième quart à Calgary quand les Alouettes tiraient de l’arrière 49-11. Le pivot de 24 ans a su compléter huit de ses dix passes pour 75 verges.

 

« En prenant en considération la situation du match, il faut tempérer les évaluations parce qu’on tirait de l’arrière par plus de 30 points, mais j’ai aimé la conviction dans ses lancers, sa façon de diriger l’unité et le calme qu’il a démontré. C’était sa première vraie action dans la LCF si on met de côté les matchs préparatoires. Il a démontré le bon tempérament pour ce poste », a statué Reed.

 

Outre ces éléments, Nik Lewis n’a pas repris l’entraînement avec les siens. Par contre, le secondeur Dominique Tovell a été en mesure de le faire et il reprendra le rôle de secondeur intérieur à moins de bévues à l’entraînement. Greg Quick, qui dirige la défense depuis le congédiement de Noel Thorpe, ne s’est pas gêné pour le critiquer haut et fort sur une mauvaise exécution, jeudi.