Quelle façon pour les Alouettes de mettre fin à une séquence de deux défaites et de partir de bonne humeur vers une semaine de congé que cette victoire de 51-29 des Alouettes sur le Rouge et Noir. Je n’aurais pas voulu être à la place des joueurs et des entraîneurs après une séquence de trois défaites. Vendredi, les Alouettes étaient l’équipe la plus talentueuse sur papier et sur le terrain et c’est ça qui était le plus important. Le Rouge et Noir n’a peut-être pas le plus gros club, mais les Alouettes ont fait ce qu’ils devaient faire, c’est-à-dire gagner avec conviction pour regagner de la confiance. Montréal était clairement la meilleure équipe sur le terrain. Les Alouettes ne se sont pas contenter de gagner, ils ont joué à leur niveau, à la hauteur de leurs standards et de leur potentiel. Avec déjà le dernier congé des Alouettes cette saison, tout le monde pourra partir se reposer de bonne humeur avant une longue séquence de matchs consécutifs ainsi que les matchs éliminatoires devant eux.

D’un côté personnel, Vernon Adams a établi ses jambes tôt dans le match. Les quarts-arrière qui sont des doubles menaces avec leur bras et leurs jambes ont souvent besoin d’établir quelques courses pour se mettre dans le match. Ça les met dans le match de réussir quelques courses. Ça permet à l’attaque de demeurer sur le terrain et d’aller chercher du rythme et d'obtenir plus de jeux tôt dans le match, donc plus d’opportunité pour établir ton plan de match et distribuer le ballon à tout le monde. Quand une attaque n’a pas beaucoup de jeux pour distribuer le ballon et établir son plan de match, il n’y a pas beaucoup de monde qui touche au ballon et ça se met à bouder. L’utilisation des jambes de Vernon Adams en début de match a fait toute une différence. C’est non négligeable. Souvent, Adams a été son propre dépanneur. Ses jambes doivent faire partie du match, ça fait de lui un joueur complètement différent, il doit suivre ses instincts et on a vu toute la dynamique de ça contre Ottawa. Avec sa mobilité, il est aussi parvenu à éviter la pression et la défense du Rouge et Noir pensait à quelques reprises l’avoir pour un sac du quart, mais tout d’un coup, il sortait de là comme Houdini, les demis défensifs étaient hypnotisés et les receveurs se retrouvaient derrière tout le monde et c’était le gros jeu pour les Alouettes. Un quart mobile rajoute des secondes à un jeu et ça met un stress supplémentaire sur les demis défensifs adverses et ce match en était la preuve.

Il est également impossible de passer sous le silence le travail de la ligne à l’attaque. Le boulot a été solide, on a ouvert des brèches pour William Stanback et on a donné du temps à Vernon Adams. Là où la ligne m’a le plus impressionné, c’est au niveau de sa préparation. Clairement, Luc Brodeur-Jourdain et les entraîneurs ont bien préparé leur unité. Pourquoi je dis qu’elle était bien préparée? Parce qu’à chaque fois qu’Ottawa sortait un blitz ou un schéma défensif avec de la pression à 4-5-6 ou 7, jamais un gars d’Ottawa n’était pas bloqué. On dirait que l’unité de protection n’était jamais surprise par ce que le Rouge et Noir essayait de faire pour se rendre au quart. Quelque part, c’est que l’unité de protection était très bien préparée, qu’ils ont vu ça dans les bandes vidéo et dans les pratiques. Après, les joueurs ont exécuté le travail. Dans le fond, on avait déjà les réponses du test avant l’examen. Quand tu amènes une pression à six ou sept, tout le monde doit gagner son duel et la défense ne parvenait pas à gagner les duels à un contre un dans les tranchées.

Par contre, s’il y a une facette du jeu qui n’a pas été idéale pour les Alouettes, ce sont les unités spéciales. Deux bottés de précision ratés pour David Côté et on a accordé un retour de botté de 75 verges. Ce n’était pas parfait, mais s’il y avait un match où on pouvait se permettre d’avoir quelques ratés, c’était celui-là. Tout allait tellement bien que ça n’a pas affecté l’allure du match et ça n’a pas mis de stress supplémentaire sur le reste de l’équipe. On va pouvoir facilement mettre ça en dessous du tapis et corriger les petits problèmes. Cependant, ce qui est intéressant, c’est que même en dépit du retour de 75 verges, les Alouettes ont gagné la bataille du positionnement sur le terrain. Dans les deux derniers matchs, Montréal avait perdu cette facette du jeu. Ce que je calcule pour analyser cette donnée, c’est la moyenne de l’endroit où débutent les séquences offensives des deux équipes. Contre Calgary, c’était une moyenne de cinq verges de différence par séquence offensive. Sur 15 séquences, c’est 70 verges « cachées » qui n’apparaissent pas sur la feuille des statistiques. Contre Hamilton, c’était pire. Montréal partait en moyenne de sa ligne de 30 alors qu’Hamilton débutait à son 46. Seize verges de différence sur 15 séquences, c’était 240 verges de différence. Vendredi contre Ottawa, Montréal débutait à sa ligne de 40, Ottawa en moyenne à sa ligne de 31 et les Alouettes ont eu 12 séquences. C’est 108 verges de différence, presque un terrain de football complet en verges cachées.

En général, j’ai aimé comment l’équipe a répondu. Dès qu’Ottawa marquait des points, les Alouettes répliquaient. Montréal n’a jamais perdu ses avances et les Alouettes n’ont jamais ouvert la porte au Rouge et Noir. Après la première interception du Rouge et Noir, les Alouettes ont marqué un touché sur le jeu suivant. Cours de Football 101. Faire mal à l’adversaire après un revirement. J’ai trouvé qu’on avait joué du bon football de situation et réagit de la bonne façon quand il fallait réagir. Défensivement, Montréal a été bon quand ça comptait. Le pointage fait bien paraitre Ottawa. Il ne faut pas oublier que deux points venaient d’un touché de sureté. Ils ont alloué trois points après un retour de 75 verges. En perspective, deux jeux, quatre verges et un placement, on ne peut pas dire que la défense a été mauvaise. Tout ça pour dire, on n’a jamais senti la défense en danger, ils ont été bons quand ça comptait. La seule chose, c’est que ça pourra permettre aux entraîneurs d’avoir encore de la matière à enseigner et à corriger puisque les Alouettes n’ont pas terminé en force. Ils ont laissé Ottawa marquer 16 points au quatrième quart. Les entraîneurs pourront garder les joueurs sur le qui-vive et dire que ce n’était pas parfait, mais en même temps, on a trois interceptions, deux sacs et on a été bons quand ça comptait, difficile d'être trop sévère.

Grosso modo, une performance qui va faire du bien à tout le monde dans l’organisation, les partisans incluent. Les Alouettes ont brillé à leur plus récent examen avant le congé et ils pourront aller en semaine de repos avec une attitude beaucoup plus joyeuse avant d’entamer le marathon vers la fin de saison et les examens de fin d'années.

Propos recueillis par Guillaume Pelletier