Au-delà des nombreuses implications du congédiement de Tom Higgins et de son remplacement par Jim Popp à la tête des Alouettes, je crois qu’en ce qui a trait strictement à l’organigramme de l’équipe, le changement s’avérera positif.

À travers toute cette histoire, ce que je trouve dommage, c’est qu’au lieu d’exiger de Higgins qu’il restructure son personnel, on a opté pour le licencier sans plus attendre.

Ceci étant dit, on retrouvera désormais Anthony Calvillo en charge des quarts-arrières, une décision que plusieurs observateurs estimaient être nécessaire. Sans être de ceux qui qualifiaient de non-sens absolu le choix de confier à AC le groupe de receveurs plutôt que les quarts en début d’année, je conviens que c’était rendu souhaitable dans la mesure où rien ne fonctionnait à l’attaque et qu’un jeune général avait un besoin urgent de directions.

Si les Als avaient pu compter sur un coordonnateur offensif d’expérience, un Scott Milanovich ou un Dave Dickenson, des instructeurs capables de guider avec une main ferme les quarts-arrières, le contexte aurait été fort différent.

Calvillo apportait une valeur ajoutée en travaillant avec les receveurs, mais logiquement, c’était difficile de concevoir qu’on ne lui laisse pas l’opportunité de peaufiner l’apprentissage de Rakeem Cato tandis qu'il était clair que Turk Schonert en avait plein les mains.

Après huit matchs, on a au moins rectifié le tir. Ce qui émanait de l’entourage de l’équipe, c’est que régulièrement, les quarts-arrières étaient les joueurs les moins prêts à faire face à la musique, alors que ça doit être tout le contraire.

L’ancien no 13 des Alouettes possède immensément d’expérience dans la LCF avec sa reluisante carrière s’échelonnant sur deux décennies. Sa connaissance des subtilités du football canadien est incomparable, la lecture des progressions par exemple et les détails relatifs aux dimensions du terrain. En plus, il connaît une tonne de coordonnateurs et de joueurs des équipes adverses, ce qui peut lui procurer des avantages.

Comme vous le savez, Cato en est aux premiers pas de sa carrière. Il peut être modelé par Calvillo, dont l’aide viendra non seulement dans une optique stratégique, mais aussi professionnelle. Se préparer et s’entraîner comme un pro, ce sont là deux facettes qui peuvent être enseignées par un mentor. De ce point de vue, ce nouvel encadrement pourrait être hyper payant pour Cato.

On ne peut le nier, le jeune général a connu une baisse de régime au cours des dernières semaines après ses débuts percutants. Mais à mon avis, ce n’est aucunement attribuable à un manque de talent et de potentiel ou à un désir de vaincre déficient. Au contraire, il est l’un des meilleurs joueurs d’avenir du circuit à sa position. Avec Calvillo pour le talonner au quotidien, je ne serais pas surpris qu’on assiste à des répercussions énormes.

Bien mérité pour Bolduc

Dans un autre temps, André Bolduc prend possession du groupe de receveurs. Ça fait un bon moment qu’il est avec l’équipe, et je crois que c’est une promotion amplement méritée. Lui aussi regorge d’expérience lorsqu’il tient compte de ses années de joueur et de son passage à la barre du Vert et Or de l’Université de Sherbrooke. Bolduc est un gars qui travaille excessivement fort et qui en connaît énormément sur le football canadien. Lui et Calvillo ont une facilité à collaborer ensemble, et on peut s’attendre à ce que tout ce beau monde pousse dans la même direction, alors qu’auparavant, ça semblait plus segmenté comme division des tâches.

Il ne faut pas oublier non plus qu’on en enlèvera beaucoup sur l’assiette de Schonert. Oui, c’est à quelque part un désaveu de ses qualités de coordonnateur offensif, mais c’est un choix raisonné. En tant que recrue dans la LCF, il a encore beaucoup de croûtes à manger, et ce n’est pas le départ de Higgins qui allait subitement le rendre plus apte à mener l’attaque à bon port.

Sur la galerie de presse, il ne sera pas obligé de faire d’innombrables lectures de couvertures. Il aura un coup de main afin de déceler les patrons de jeu de la défense. Autrement dit, on lui facilitera grandement la tâche. Néanmoins, il a intérêt à faire fonctionner la machine dans les plus brefs délais, parce que sinon, il sera assurément le prochain à payer la note.

Ce qu’on a appris à travers le congédiement de Tom Higgins, c’est que Turk Schonert est en quelque sorte l’homme du propriétaire Robert Wetenhall. On veut lui donner une autre chance de se remettre sur pied, même si ça s’annonce comme un travail de longue haleine.

À quoi s’attendre des Als à Hamilton?

Pour les joueurs, il existe deux réactions naturelles à une annonce comme celle du congédiement d’un entraîneur-chef. Soit on assiste à une implosion en raison de l’incompréhension et d’une accumulation de frustrations, soit l’esprit de corps mène tous et chacun à déployer les efforts pour s’améliorer.

Je pense que les Alouettes seront fouettés par les événements des derniers jours et que la réponse offerte sera positive. Cependant, est-il possible d’imaginer un scénario plus ardu pour les Montréalais de repartir sur de nouvelles bases qu’en voyageant à Hamilton pour y affronter les Tiger-Cats (6-2, invaincus à domicile) au Tim Hortons Field?

On parle ici de l’équipe de l’heure – de loin – dans la LCF et de l’endroit où il s’avère le plus difficile pour une équipe visiteuse de sortir vainqueur. La protection du ballon sera essentielle afin de demeurer compétitifs. À preuve, les Ticats ont réussi 12 touchés non offensifs en huit rencontres cette année (huit par la défense, quatre par les unités spéciales). Inversement, la défense des Alouettes doit être en mesure d’offrir des terrains courts à Rakeem Cato et son attaque dans un environnement aussi hostile.

Ça ne sera pas de tout repos, mais il ne faut pas aborder ce défi en regardant ce que les autres clubs y ont fait précédemment. Il faut simplement que les Als croient en leurs capacités, car après tout, il y a du positif à retirer de la victoire obtenue au BC Place face aux Lions.

Les matchs contre Calgary et Ottawa ont représenté un passage à vide pour l’unité défensive, mais elle s’est très bien défendue la semaine suivante face à Edmonton avant de se poursuivre en Colombie-Britannique. Le porteur de ballon Andrew Harris a été menotté par le front défensif. L’attaque, elle, a enfin exécuté avec un meilleur aplomb – et surtout, plus de régularité –  sur les courses au sol. Même si à quelques reprises ç'a plus ou moins fonctionné, l'entêtement a finalement rapporté gros.

En 39 courses, les demis offensifs ont généré des gains de 251 verges, le plus haut total, toutes formations confondues, cette année dans le circuit. À cet égard, il y a de quoi se réjouir, et il ne faut surtout pas s’éloigner de cette ligne de pensée à Hamilton, jeudi soir. 

* Propos recueillis par  Maxime Desroches