Les Alouettes ont annoncé une bonne nouvelle, mardi, alors que Mark Weightman a été nommé président et chef de la direction de l’équipe.

Je ne vous cacherai pas que l’analyste en moi a plus hâte de savoir qui sera le prochain entraîneur-chef! Mais c’est certain que le poste de président est très important dans l’organisation des Alouettes.

On parle d’une équipe sportive, mais avant tout d’une entreprise. Il faut quelqu’un qui est en mesure de la gérer, qu’elle soit rentable, qu’elle entretienne de bonnes relations et qu’elle soit là pour longtemps. Il ne faut pas négliger cette position. Le président est un poste prestigieux et important.

Je suis content que la direction des Alouettes ait donné une chance à Weightman, car il a eu un beau parcours pour se rendre à ce poste. Il a été stagiaire avec les Stallions de Baltimore en 1995 et il a suivi l’équipe lorsqu’elle a déménagé à Montréal. Il a vécu l’arrivée des Alouettes dans la métropole. Il a vu l’organisation des deux Coupes Grey (2001 et 2008). Il était de l’organisation qui a mis en marche les rénovations du Stade Percival-Molson. Il a fêté les trois conquêtes de la coupe Grey (2002, 2009 et 2010) avec les défilés.

Bref, il a touché à tout. À travers tout cela, il a occupé plusieurs positions différentes et il connaît bien les rouages d’une équipe de football. Il a une bonne compréhension de la Ligue canadienne de football. C’est un homme qui a de bonnes relations à travers la LCF et c’est très important.

Loin de moi l’idée de jouer la carte patriotique, mais c’est intéressant que l’organisation ait arrêté son choix sur un petit gars de Montréal. Weightman est un francophone et est bilingue. C’est certain qu’il est plus discret que Larry Smith, mais c’est un homme qui a d’autres compétences.

Robert Wetenhall, le propriétaire des Alouettes, lui a confié le poste de président mardi. Mais Weightman a été en entrevue pendant 18 mois, soit depuis le départ de Ray Lalonde. Depuis ce temps, c’est lui qui a repris la gestion du bureau administratif. Il a fait ses preuves. Il a stabilisé les choses, car c’était une période plutôt tumultueuse. Les choses ne se sont pas bien terminées lorsque Larry Smith a quitté ses fonctions. L’expérience Ray Lalonde n’a malheureusement pas très bien fonctionné. Weightman est arrivé et il a rebâti l’organigramme de l’organisation.

J’ai trouvé ses messages intéressants lors de la conférence de presse pour annoncer sa nomination. Quand il a dit que ça prenait une bonne équipe sur le terrain et qu’elle soit impliquée dans la communauté, je revoyais Larry Smith parce que ce sont des messages qu’il répétait souvent.

Ce que j’ai beaucoup aimé, c’est que Weightman a ajouté qu’il veut que les Alouettes soient plus impliqués et plus proches du football amateur. C’est drôlement important et intelligent parce que le football n’a jamais été aussi populaire. Les Alouettes sont une équipe professionnelle. Ils ont une image auprès de la communauté. Ils doivent aussi redonner à la communauté football, c’est très important.

En même temps, ce n’est pas fou. Les joueurs de football au Québec, ce sont de futurs amateurs des Alouettes qui voudront aller voir des matchs. En fin de compte, tout est interconnecté.

Sa plus grande qualité, c’est qu’il a une excellente relation avec Jim Popp. C’est peut-être le point le plus important dans sa nomination. Au fil des ans, les Alouettes ont été une drôle de bébitte. C’est un monstre à deux têtes. Tu as les opérations football au Stade olympique et l’administration au centre-ville.

Sans être à l’interne, on voyait que ça ne travaillait pas toujours main dans la main. Quand le président allait se mêler des opérations football, c’était mal vu et pas vraiment accepté. Les opérations football sont très territoriales. Marc Trestman n’aimait pas ça quand on allait jouer dans ses plates-bandes et Jim Popp non plus.

En même temps, Popp et l’entraîneur doivent comprendre que les Alouettes de Montréal ne sont pas seulement les opérations football. Il faut que tout fonctionne. Il doit y avoir une cohésion entre les deux côtés.

Auparavant, le problème était lorsque le président mettait le nez dans les opérations football. Que ce soit pour du marketing, des budgets ou des suggestions, il était presque ignoré. Si tu veux que ton entreprise fonctionne à 100 %, il faut que ces deux entités travaillent ensemble et qu’ils aient la même vision. C’est pourquoi je crois que la bonne relation entre Weightman et Popp est primordiale et c’est un atout. Il va servir de pont entre les opérations au centre-ville et celles au Stade olympique.

Dommage que M. Wetenhall ne pouvait être présent à la conférence, mais j’étais content de voir son fils Andrew sur place. Je sais qu’il commence à être de plus en plus impliqué. Éventuellement, on sent qu’il va y avoir un transfert et peut-être que M. Wetenhall va donner le contrôle à ses fils.

Je suis toujours heureux de voir un unilingue anglophone prononcer quelques mots en français comme l'a fait Andrew Wetenhall au début de la conférence de presse. Je trouve que c’est très respectueux et c’est un geste que j’apprécie toujours.

Les défis de Weightman

Je vois deux défis immédiats pour le nouveau président des Alouettes. Premièrement, de développer les affaires en augmentant les partenariats commerciaux, en vendant des billets et des loges.

Deuxièmement, l’ancien joueur en moi aimerait qu’il trouve le financement et les conditions nécessaires pour que les Alouettes aient un centre d’entraînement. C’est la prochaine étape.

Pour ma part, ce serait son plus gros défi. On va lui souhaiter d’être là le plus longtemps qu’il le désire, mais ce pourrait être un bel héritage de son passage à la présidence des Alouettes.

Troisièmement, il a aussi parlé de rapprochement avec les anciens. Il y a de plus en plus d’anciens joueurs des Alouettes qui demeurent à Montréal ou au Québec après leur carrière, et n’allez pas penser que ce sont seulement des francophones.

Je ne veux surtout pas comparer la situation du hockey à celle du football, mais la formule du Canadien est intéressante. Les anciens demeurent de bons ambassadeurs puisqu’ils ont porté l’uniforme et ils ont joué dans l’organisation. Je pense que de se priver de cela serait d’échapper le ballon.     

Bon, je crois qu’on a assez parlé du nouveau président! Vous savez bien que je blague, mais l’analyste en moi a hâte qu’on parle du futur entraîneur-chef, du coordonnateur à l’attaque et de l’avenir d’Anthony Calvillo et je dis ça sans enlever d’importance à la nouvelle de mardi. Bref, on espère qu’il y aura des développements dans les prochains jours sinon d’ici les prochaines semaines dans ces dossiers.

*Propos recueillis par Christian L-Dufresne