On aura droit à d’intéressantes confrontations dimanche dans la LCF, alors que les finales d’association opposant le Rouge et Noir d’Ottawa aux Tiger-Cats de Hamilton et les Eskimos d’Edmonton aux Stampeders de Calgary nous permettront de connaître l’identité des formations qui prendront part à la 103e Coupe Grey.

Fort d’un superbe dossier de 12 gains et six revers à sa deuxième campagne dans le circuit, le Rouge et Noir doit certainement être favorisé par rapport à ses rivaux de Hamilton, mais la dynamique de cette rencontre sera vraiment particulière, car ces deux clubs se sont affrontés lors des deux dernières semaines de la saison régulière.

C’est difficile car le football est un sport stratégique. Il faut à tout moment présenter quelque chose de nouveau et différent à ton adversaire, sans quoi il va s’ajuster et t’en faire payer le prix. La créativité devient une nécessité afin de garder les entraîneurs et les joueurs rivaux sur le qui-vive. Vrai que cela représente un défi supplémentaire pour Ottawa, mais les hommes de Rick Campbell ont bénéficié d’une semaine de congé pour se préparer convenablement.

Le Rouge et Noir forme une équipe très bien diversifiée à l’attaque comme en défense. Le vétéran quart Henry Burris a été sensationnel tout au long de l’année et compte sur un groupe de receveurs talentueux en plus d’une ligne à l’attaque fiable, capable de bien bloquer et de le protéger adéquatement.

D’ailleurs, une chimie a pu s’installer parmi cette unité car mis à part le porteur de ballon, changé en raison d’une blessure, le reste des éléments offensifs d’Ottawa sont demeurés sensiblement les mêmes durant les derniers mois.

Pour les Ti-Cats, s’il existe une manière de contenir Burris, c’est de le frustrer tôt dans le duel, et surtout, de l’empêcher de courir. Il n’est plus que le quart qui se sert le plus de ses jambes à ce stade-ci de sa carrière, mais lors de matchs importants, il n’hésite pas à le faire pour obtenir des premiers essais cruciaux. En contexte éliminatoire, il va prendre plus de chances parce que l’enjeu est grand. Les Ti-Cats et sont conscients et tenteront d’enlever cette facette de son jeu.

Burris est un joueur qui excelle lorsqu’on lui accorde du temps. Il faudra nuire à son travail et  le contraindre à demeurer dans la pochette protectrice. Car s’il s’échappe et profite régulièrement de 4-5 secondes additionnelles, il fera du dommage.

Le pointage des deux derniers duels – tous deux remportés par Ottawa – avaient eu des pointages bien différents. L’un s’était terminé 44-26, l’autre 12-6 alors que le vent s’était mis de la partie.

Je m’attends à une confrontation qui ressemblera plus au second score. Un départ lent est à prévoir, avec une approche plus conservatrice. Chacun étudiera ce que l’autre aura apporté comme modification à sa structure depuis la dernière et voudra gagner la bataille du positionnement.

La défense de Hamilton est bien dirigée et très opportuniste. Elle a une propension à créer des revirements et même marquer des  touchés. Cependant, l’absence plus que probable de l’ailier défensif Eric Norwood, la bougie d’allumage des Ti-Cats quand il s’agit d’exercer de la pression sur le quart adverse, n’est pas de bon présage. Ce sera le Québécois Arnaud Gascon-Nadon qui aura le mandat de le remplacer, qui dispute somme toute une bonne saison, et qui a bien fait en relève la semaine dernière. Néanmoins, c’est un très gros morceau en moins!

La faiblesse des Ti-Cats se trouve nécessairement du point de vue offensif, puisque Kent Austin a employé le jeu de la chaise musicale depuis la blessure ayant mis fin à la campagne de Zach Collaros.

C’est Jeremiah Mesoli qui pour ainsi dire a le moins mal paru durant son audition, et c’est lui qui sera envoyé dans la mêlée. Dur d’être optimiste avec un quart dont l’expérience se limite à trois départs, et dont la précision des passes laisse à désirer. Mesoli est un quart mobile, mais il est loin de s’être établi comme une valeur sûre. Bref, il représente un énorme point d’interrogation.

S’il y a un élément intangible qui puisse être potentiellement néfaste pour le Rouge et Noir, c’est bien l’inefficacité des unités spéciales, tant sur les retours de bottés que sur les couvertures de bottés. Inversement, c’est l'une des principales forces des Ti-Cats. Si ces derniers devaient brouiller les cartes dimanche, cela pourrait se jouer là.

Prédiction : Victoire du Rouge et Noir, une équipe équilibrée qui offre du bon football devant ses partisans

L’autre demi-finale aura une saveur toute albertaine, puisque les Stampeders seront les visiteurs au Commonwealth Stadium d’Edmonton.

Ce qu’il y a de réellement particulier dans le camp des Eskimos, c’est que l’équipe vient de bénéficier de pas moins de trois semaines de congé sans répit, étant donné qu’ils terminaient le calendrier régulier avec sept jours de repos et qu’ils avaient un laissez-passer vers la finale d’association.

C'était seulement la deuxième fois de l’histoire de la LCF qu’un club était inactif aussi longtemps entre deux rencontres d’une même saison.

Bien entendu, l’éternel débat refait surface lorsqu’on tente de déterminer si la pause sera salutaire ou non. D’un côté, le repos accumulé est certainement un bienfait. Mais l’argument contraire, celui de la rouille, est tout aussi pertinent. Comment les hommes de Chris Jones auront-ils géré leur temps à l’extérieur du terrain? Une perte de concentration est une réelle possibilité car chaque joueur a eu le temps de décrocher. Certains d’entre eux sont retournés auprès de leur famille, qu’ils n’avaient pas vue pour quelques-uns d’entre eux depuis le début de l’été. Et même si les pratiques sont intenses au retour de la pause, ce ne sont pas des situations de match. L’entraîneur John Hufnagel a tenté de contrer cela en organisant un match intra-équipe pour que tout le monde demeure prêt physiquement.

Je m’attends à voir se déployer un plan de match empreint de créativité du côté d’Edmonton. Tout cela dans le but précis de déranger le dangereux Bo Levi Mitchell, toujours capable de prendre le contrôle d’un match. Le mot d’ordre, j’en suis persuadé, sera de partir fort. Il sera martelé à répétition dans le vestiaire dans les instants précédant le duel. Le danger qui les guette est justement de mettre du temps à démarrer la machine après 21 jours de congé. Parfois, on ne se relève pas de ça.

Une autre particularité de cet affrontement réside dans le fait que les Stamps se débrouilleront encore une fois avec une ligne offensive rapiécée, après que deux autres soldats soient tombés au combat dimanche dernier. C’est à l’image de leur saison, puisque toute l’année, ils ont colmaté les brèches à cette position. Souvent, les instructeurs ont été dans l’obligation de faire jouer des membres de la défense sur la ligne à l’attaque, comme ce fut le cas lors de la demi-finale.

Et pourtant, les résultats ont été étonnamment bons. Le demi offensif Jerome Messam a connu un match remarquable au sol, tandis que Mitchell n’a pas été ennuyé dans sa pochette. Bien honnêtement, on ne peut que lever notre chapeau au responsable de la ligne à l’attaque des Stamps, Pat DelMonaco, qui réalise des petits miracles avec les moyens dont il dispose. Il d’en demeure pas moins que ce sera une immense commande, car Jones et les Eskimos, bien au fait du manque de ressources, auront élaboré des tactiques afin de s’attaquer à des positions spécifiques qu’ils perçoivent comme des maillons faibles.

À l’attaque, Edmonton se tournera avant tout vers le quart Mike Reilly, car la course n’a pas fait preuve de la plus grande constance cette année. Reilly est le pilier et le joueur par excellence de l’équipe. On a découvert Derel Walker cette année, un jeune receveur aux habiletés impressionnantes. Jumelé à Adarius Bowman, ces deux-là forment un duo terrifiant pour les tertiaires adverses. Bref, c’est vraiment dans la phase aérienne que la production offensive des Eskimos doit se déployer.

Tout comme Burris cherchera à le faire, Reilly voudra prendre ses jambes à son cou dès que l’opportunité se présentera ; c’est dans son A.D.N. C’est la mission première de la défense des Stampeders de faire hésiter le no 13 à courir.

Prédiction : Victoire des Stampeders, dont l’expérience en matchs à élimination leur permettra de créer la surprise sur le terrain des Eskimos