MONTRÉAL – Parmi la cuvée record de sept joueurs des Carabins de l’Université de Montréal qui ont été sélectionnés au repêchage de la LCF, il y a une histoire qui se démarque du lot et c’est celle de Mathieu Dupuis.

Naturellement, il a été attiré par le hockey avec les succès de son frère Pascal qui est de 14 ans son aîné et qui a joué 871 matchs réguliers dans la LNH.

« Ce n’est pas juste Pascal qui jouait, mon frère et mon père également. Ç’a toujours été le hockey dans la famille », a confié le colosse de six pieds deux pouces et 296 livres.

Mais un virage très brusque l’attendait quand il a commencé à réaliser que le hockey professionnel n’était plus trop à sa portée.

« Je voulais me diriger vers d’autre chose ou me concentrer sur l’école, mais c’était un peu difficile pour moi de se concentrer sur l’école. J’ai trouvé le football quand le coach des Nordiques (du Collège Lionel-Groulx) m’a approché. Ça m’a donné une grande raison de rester à l’école et d’aimer ça de nouveau. En plus de me réconcilier avec les études, j’ai découvert un sport sans lequel je ne pourrais plus vivre », a expliqué le plaqueur.

Sept ans après avoir changé d’équipement, Dupuis a réussi le tour de force d’être repêché dans le circuit canadien. Il a convaincu le Rouge et Noir d’Ottawa – l’équipe championne en titre - d’investir leur choix de cinquième ronde (44e au total) sur lui.

« C’est l’accomplissement de tout. Je me souviens du petit gars qui allait à Lionel-Groulx et qui ne jouait même pas au football la première année. Je ne connaissais pas trop ça. Encore aujourd’hui, je manque de mots pour exprimer ce que je ressens. Disons que je me suis réveillé avec un gros sourire », a-t-il mentionné au lendemain de sa sélection.

Son développement ne s’est pas effectué par magie. Dupuis a eu à bûcher pour assimiler cette nouvelle passion et se tailler une place parmi la formation régulière de l’une des puissances canadiennes. Il n’a même pas enfilé l’uniforme pour sa première année sur la colline montréalaise.

« Mes deux premières saisons ont été difficiles. Par la suite, Danny (Maciocia, l’entraîneur) a appris à me faire confiance et il y a eu une bonne éclosion. Danny et les autres entraîneurs aimaient ça m’envoyer sur le terrain », a noté l’athlète qui a également nommé le coordonnateur défensif Paul Eddy Saint-Vilien.

Nul doute, Dupuis ne s’est pas trompé dans cette perception.

« Tous nos joueurs repêchés ont travaillé très fort et ils méritent ce qu’ils ont vécu, dimanche. Mais Mathieu était plus un outsider quand il a mis les pieds ici, il vient de loin. Il a travaillé très fort et on a eu besoin d’investir beaucoup de temps en lui. Il a choisi un parcours différent, c’était moins naturel, mais son désir d’être le meilleur et sa façon de travailler lui ont donné la chance de se faire repêcher », a relevé Maciocia.

« Pour ses deux dernières années, il a commencé à mieux comprendre la position et mieux comprendre ce qu’il faut faire pendant la saison morte pour se préparer physiquement et mentalement pour offrir le plus haut niveau de compétition. Il a amené une attitude et un désir d’être le meilleur en s’imposant physiquement. Il nous a énormément aidés dans les deux dernières années et il s’est amélioré au point que les équipes ont commencé à réaliser son potentiel », a ajouté l’entraîneur des Bleus.

Danny MaciociaDupuis a même conclu son parcours universitaire avec de grandes ambitions.

« Il y avait quand même quelques gros noms devant moi (Mathieu) Girard, (Jean-Samuel) Blanc, (David) Ménard, (Olivier) Daoust-Pichette... Ça m’a permis d’apprendre d’eux, mais je suis persévérant et acharné. Vers la fin, je voulais essayer de les surpasser, je mettais les bouchées doubles. »

Dupuis ne changera pas de personnalité dans la LCF et Maciocia se dit convaincu que son protégé s’y frayera un chemin grâce à cette conviction.

« C’est un peu comme un joueur à l’ancienne, quand les joueurs jouaient même quand ils avaient mal, qu’ils étaient un peu blessés. C’est ce style de joueur, un grand travaillant et je pense que c’est contagieux. Quand il va se pointer à Ottawa, des gens vont tomber en amour avec lui! », a prédit l’entraîneur qui se démarque pour freiner la course.

Ce caractère est typique de sa famille et fait automatiquement penser à celui de l’ancien hockeyeur du Wild, des Rangers, des Thrashers et des Penguins qui sera une ressource précieuse pour composer avec les enjeux du sport professionnel.

« Notre père a travaillé fort pour forger notre caractère. Ce n’était peut-être pas toujours de la meilleure manière, mais ça nous a permis de ne jamais se laisser marcher sur les pieds et de faire notre chemin en persévérant », a réagi Dupuis qui a vu son frère devoir se retirer de façon précipitée.

« Je veux une carrière longue et en santé, remplie de beaux moments, d’émotions et de nouveaux amis. Ça fait juste sept ans que je pratique ce sport comparativement au double pour la plupart des autres. Moi, j’en mange encore, je vais toujours en redemander », a exprimé le sympathique joueur qui a étudié en relations industrielles.

Glaude, un bijou trouvé en 8e ronde ?

Six des coéquipiers de Dupuis ont également vu leur souhait être exaucé : le plaqueur Junior Luke (7e rang par les Lions), le secondeur Frédéric Chagnon (3e ronde, 24e rang par les Lions), le botteur Félix Ménard-Brière (4e ronde, 34e par les Blue Bombers), le spécialiste des longues remises Louis-Philippe Bourassa (4e ronde, 35e par le Rouge et Noir), le joueur de ligne offensive Marc Glaude (8e ronde, 64e par les Roughriders) et le porteur de ballon Sean Thomas Erlington (8e ronde, 66e par les Tiger-Cats).

Interviewé moins de 24 heures après cette soirée spéciale, Maciocia pouvait bien continuer de se réjouir.

« À un certain moment, avant le début de la séance, je me disais qu’on se rendrait probablement à cinq. Je me disais que ce ne serait pas pire et qu’on dénicherait des invitations à d’autres joueurs. Rendu à sept, j’étais vraiment heureux », a-t-il avoué en vantant le travail de ses adjoints et des administrateurs de l’Université de Montréal. Marc Glaude

En ce qui concerne Glaude, il aurait certainement été repêché plus tôt sans une coûteuse blessure au Défi Est-Ouest l’an passé.

« La situation a été malheureuse dans son cas. Il n’a joué que le dernier match et les éliminatoires. Bien sûr, sa valeur a baissé et des gens croyaient qu’ils ne se remettraient pas de cette blessure. Je poussais beaucoup pour que les équipes regardent le rôle qu’il a joué depuis deux ans. Je parle de son impact comme joueur et comme capitaine pour notre coupe Vanier. Je pense que les Riders vont réaliser qu’ils ont trouvé un bijou », a témoigné Maciocia qui l’imagine jouer non seulement comme garde, mais aussi comme centre et bloqueur.

Dans un monde idéal, les Alouettes de Montréal auraient pigé dans leur cour, mais ils n’ont sélectionné qu’un Québécois (l’ailier rapproché Oumar Touré de Sherbrooke) avec leur choix de dernière ronde.

« Que les gars partent à Montréal ou ailleurs, ça ne change pas grand-chose pour nous parce qu’on veut surtout qu’ils soient sélectionnés. On aimerait qu’ils restent dans leur ville natale et qu’ils s’illustrent pour l’équipe locale, mais ce n’était pas le cas cette année », a conclu Maciocia.