Je ne peux faire autrement que de commencer mon tour d’horizon de la LCF et de la NFL en cinq points cette semaine qu’en abordant la blessure de Vernon Adams. Le quart des Alouettes a vu son nom être inscrit sur la liste des blessés pour une période de six matchs après avoir subi une blessure lundi lors du match contre le Rouge et Noir d’Ottawa.

 

Cette absence fait évidemment très mal aux Alouettes puisqu’il n’est pas uniquement le quart-arrière numéro un de cette équipe, mais il est un leader et il fait preuve de dynamisme tant sur le terrain qu’avec ses coéquipiers sur les lignes de côté. Devoir se débrouiller sans les services de ton quart partant à la mi-saison, c’est une lourde perte pour l’équipe.

 

Même si c’était loin d’être parfait cette saison pour Adams fils, lui qui a été victime d’interceptions, qui a pris de mauvaises décisions sur certaines lectures de jeu et a eu de la difficulté à trouver ses receveurs par moments, l’attaque des Alouettes demeurait en mesure de bouger le ballon afin d’avancer sur le terrain.

 

Matthew Shiltz fait son entrée dans la mêlée et je ne cache pas que j’ai eu mes doutes par le passé le considérant. Pour l’avoir observé à l’entraînement et lors de certains matchs intra-équipes, je le trouvais hésitant dans sa prise de décision. Dès qu’il ne pouvait pas opter pour sa première ou sa deuxième option, il décidait de courir. Par contre, dans les matchs au cours desquels il est entré en relève, soit contre les Tiger-Cats de Hamilton et plus récemment contre le Rouge et Noir, il a fait le travail. Il a bien bougé le ballon, décortiquait bien le terrain, n’hésitait pas lorsque venait le temps de décocher ses passes vers des receveurs et on l’a vu utiliser ses jambes à bon escient.

 

Il n’aura jamais une aussi belle chance de se faire valoir dans la Ligue canadienne comme il n’y a que Shea Patterson derrière lui dans la hiérarchie chez les Alouettes et il vient d’arriver dans l’organisation. Shiltz est avec l’équipe depuis plusieurs années et c’est à lui de s’enlever ses propres menottes afin de jouer avec moins de crainte. C’est à lui de prouver qu’il a l’étoffe pour être un quart partant dans la Ligue canadienne et les prochains matchs vont nous le montrer si c’est le cas. 

 

Lamar Jackson brille comme passeur

 

Après les quarts des Alouettes, je me tourne vers celui des Ravens de Baltimore dans la NFL : Lamar Jackson. Dans un match tout simplement éblouissant lundi soir dans un gain de 31 à 25 en prolongation contre les Colts d’Indianapolis, Jackson a enregistré trois records personnels qui ont retenu l’attention de la planète football.

 

Selon le réseau ESPN, il a obtenu le plus haut pourcentage de passes complétées dans un match au cours duquel un quart en a lancé plus de 40 (37/43 pour 86%). Il est aussi le premier joueur de l’histoire avec plus de 400 verges par la voie des airs, quatre passes de touché, aucune interception et à avoir couru pour 50 verges au sol. Il est aussi le premier quart à avoir complété 85 % de ses passes dans un match de plus de 400 verges ce qui est très impressionnant. Surtout que dans le cas de Jackson, on s’interroge depuis longtemps sur ses qualités de passeur dans la NFL. J’avais aussi des doutes, mais tout comme Josh Allen a su nous le prouver, il est l’exemple selon moi qu’un quart peut améliorer sa précision et ses qualités de passeur même une fois dans la NFL. 

 

Jackson est devenu partant lors de la 11e semaines d’activités en 2018 et au cours des deux dernières semaines, il vient de lancer seulement son deuxième et troisième match de plus de 300 verges. Ce total de verges aériennes est quand même un standard dans la NFL et il aurait dû y arriver plus souvent depuis ses débuts. Mais on sent un changement de son côté et dans un match au cours duquel les Ravens faisaient face à un déficit de 22 à 3, ces derniers avaient besoin du jeu aérien et Jackson a livré la marchandise. On peut toujours dire qu’il y avait des blessures dans la tertiaire des Colts, mais il n’en demeure pas moins que c’est une unité défensive de la NFL et Jackson vient de prouver qu’il peut être un bon passeur dans cette ligue. Il reste à voir s’il peut demeurer constant dans cette facette du jeu.

 

Des bottés trop importants

 

Je veux aborder la thématique des botteurs dans la NFL après une fin de semaine pénible au chapitre des transformations d’après-touché puisqu’un total de 13 ont été ratées.

 

On se rappellera qu’au moment où la NFL a décidé de reculer le botteur pour cette transformation, passant de 19 verges à 32 verges, c’était dans l’espoir de voir les équipes se tourner plus souvent vers des transformations de deux points avec l’attaque sur le terrain. Au contraire, les équipes n’optent pas pour cette option en se tournant encore vers leur botteur. Elles préfèrent la transformation de deux points lorsque le pointage au tableau l’indique ce qui est similaire à ce qui se passait avant le changement de règlement. 

 

Donc, la Ligue n’a donné que plus d’importance à cette facette du jeu qui repose sur le pied du botteur alors qu’à mon avis, il faut la diminuer. Ce n’est rien contre les botteurs, mais je ne considère pas que ce jeu devrait avoir une incidence aussi importante dans le dénouement d’un match. Je considère qu’il faudrait revenir à ce qui prévalait avant le changement avec un botté beaucoup plus court afin que ce ne soit pas une transformation d’un point ratée qui soit responsable de l’issue de la rencontre. Je me suis demandé si une autre option pourrait être privilégiée, mais je suis d’avis qu’il faut garder l’option pour les équipes de choisir entre un ou deux points à ajouter après le touché.

 

La NFL a tenté quelque chose, ça n’a pas eu l’effet escompté, et je penche pour un retour avec les transformations d’un point sur 19 verges.

 

Un champ-arrière par comité

 

Lors du match du lundi soir contre entre les Ravens et les Colts, une situation m’a sauté aux yeux. Dans le même match, on a vu Jonathan Taylor courir de manière efficace, Nyheim Hines quitté le champ-arrière sur un autre jeu pour saisir une passe et à un autre moment, Marlon Mack s’est ajouté dans le champ-arrière des Colts pour à son tour être utilisé comme demi-offensif.

 

Le scénario était le même chez les Ravens et en poussant mes recherches, on réalise bien que c’est terminé l’ère d’un seul porteur de ballon par équipe dans la NFL. J’ai fait le tour des équipes dans le circuit et même si certains ont plus de travail que d’autres, je pense notamment à Derrick Henry chez les Titans du Tennessee, il n’en demeure pas moins que lui aussi partage par moments le travail avec son coéquipier Jeremy McNichols.

 

Les équipes veulent s’assurer que leur demi-offensif reste frais et dispo, et dominant chaque fois qu’il touche au ballon. Elles ne veulent pas qu’un porteur de ballon se fasse frapper entre 30 et 40 fois dans un match, car sa durée de vie pour sa carrière s’en verra forcément écourtée. Même si une équipe dispose d’un porteur de ballon clairement supérieur à son coéquipier, le second est en mesure d’avoir quelques outils dans son arsenal pour apporter une touche différente à l’attaque ou être similaire sur certains points. 

 

Le mot d’ordre de nos jours dans la NFL est la polyvalence et dans le champ-arrière, ça permet un déploiement pour un plus grand éventail de jeux. C’est peut-être dommage pour les poolers qui doivent choisir entre plusieurs porteurs de ballon pour leur fantasy, mais cette réalité avec deux ou trois demi offensifs par équipe est le mot d’ordre dans la NFL d’aujourd’hui.

 

Une démission nécessaire

 

Je termine mon tour d’horizon avec évidemment un mot sur la démission forcée/congédiement de Jon Gruden à la barre des Raiders de Las Vegas.

 

Cette bombe est tombée sur la NFL pendant le match du lundi soir et la décision est totalement justifiée qu’il cède les rênes de l’équipe. Il ne peut pas y avoir un entraîneur dans une ligue professionnelle qui a été pris avec non pas un seul, mais plusieurs courriels sur une période de sept à huit ans qui comprenaient des propos misogynes, racistes, homophobes et d’autres natures déplorables.

 

Gruden n’avait pas le choix de remettre sa démission. Il n’aurait plus eu le respect dans son vestiaire de toute façon, d’autant plus que le seul joueur à avoir ouvertement partagé son homosexualité dans l’histoire de la NFL, Carl Nassib, s’y retrouve. 

 

La question qui vient maintenant est de savoir ce qui va arriver aux autres personnes impliquées dans les courriels de Gruden. Quel est leur rôle dans tout ça? Comment ont-ils agi? Je rappelle que cette situation découle de l’enquête sur le climat toxique au sein de l’Équipe de football de Washington. On n’a toujours pas les résultats complets de cette enquête, mais c’est sensiblement évident que Gruden n’est pas le seul au sein du circuit à avoir de tels agissements à son actif. 

 

Ce n’est à mon avis que la pointe de l’iceberg et il faut s’attendre à ce que d’autres têtes tombent. C’est dommage de voir ce qui se passe et que de tels commentaires ont été émis par des individus, mais dans toute révolution, il y a eu des moments difficiles, mais ça fait justement partie de ces révolutions pour un changement de culture. On souhaite que chaque fois qu’une de ces histoires sorte, que les gens réalisent qu’il y a encore du chemin à parcourir, mais qu’on va dans la bonne direction. On est encore loin d’être arrivés à destination.

 

Propos recueillis par Maxime Tousignant