TORONTO - La Ligue canadienne de football (LCF) s'est adressée directement à ses joueurs ainsi qu'à ses partisans mercredi après que les plus récentes négociations avec l'Association des joueurs (AJLCF) eurent achoppé.

Elle a indiqué avoir rejeté la dernière offre de l'AJLCF en plus de dévoiler publiquement, pour la première fois de son histoire, les détails de sa proposition soumise le 15 mai dernier.

En fin d'après-midi, l'AJLCF a tenu une conférence de presse pour expliquer la proposition qu'elle avait soumise la veille à la ligue.

« C'est dommage d'en être à cette étape, a dit le président de l'Association, Scott Flory. L'entente de 24 heures que nous avions concernant l'interdiction de faire des commentaires aux médias a été brisée. Nous sommes déçus.

« Aujourd'hui semblait être, de notre point de vue, une attaque planifiée... nous sommes un peu abasourdis et avons un peu l'impression de nous être retrouvés dans une embuscade. »

Le commissaire Mark Cohon a ainsi dévoilé deux lettres, une aux joueurs et une destinée aux partisans, affirmant que la LCF était prête à majorer le plafond salarial et le salaire minimum au cours des cinq prochaines campagnes.

Vers un conflit de travail?

« La proposition qui était devant nous ne faisait absolument aucun sens pour notre ligue. Elle nous ramènerait à l’âge sombre de la LCF. […] C’est pourquoi on a décidé d’envoyer la lettre. On veut s’assurer que chacun des joueurs sache que nous sommes sincères dans notre volonté d’en venir à une entente », a indiqué Cohon en entrevue avec TSN.

Cohon explique dans la lettre qu'une proposition d'une hausse de 9% du plafond salarial pour la prochaine saison est actuellement sur la table. Le plafond passerait de 4,4 millions à 4,8 millions pour atteindre un sommet de 5 050 000 de dollars dans cinq ans.

De son côté, l'AJLCF souhaiterait plutôt un plafond salarial à 7 millions $ dès cette saison.

« Le 20 mai, votre comité exécutif nous a remis une proposition financière en réponse à notre offre, écrit M. Cohon. Cette proposition de l'AJLCF prévoit une augmentation du plafond salarial à 6,24 millions $ en 2014, en plus d'un montant supplémentaire approximatif annuel de 240 000 $ par équipe en matière de compensations pour la saison préparatoire, les éliminatoires et la contribution annuelle au fonds de pension. »

« À compter de 2015, l'augmentation du plafond salarial basé sur le modèle de partage des revenus proposé serait encore plus importante », souligne également le commissaire de la LCF.

La LCF affirme aussi aux joueurs qu'elle propose que le salaire minimum passe de 45 000 à 50 000 dollars et que le salaire moyen dans la ligue augmente de 10 000 dollars, soit de 82 904 à 92 917 dollars.

Cohon parle aussi dans sa missive de faire passer le nombre de joueurs dans la formation de 42 à 44 en plus de limiter les entraînements avec contacts complets à une seule séance par semaine durant la saison.

Pour inciter les joueurs à accepter ce qui est sur la table, la LCF propose un boni à tous les joueurs si une entente est conclue d'ici le 2 juin, la première journée du camp d'entraînement. Les joueurs recrues toucheraient une prime de 1000 dollars et les vétérans recevraient 3000 dollars.

À lire également

Le 16 mai dernier, le syndicat des joueurs a rejeté la proposition patronale. Les joueurs sont revenus à la charge avec une contre-proposition le 20 mai. Les deux parties se sont brièvement parlé ce matin. L'Association des joueurs a déclaré sur son compte Twitter que la ligue n'était pas intéressée à négocier. En tout cas pas tant que la mise en place d'un système de partage des revenus ne sera pas accepté par la Ligue, ce qu'elle n’a nullement l'intention d'accepter pour l'instant.

« On n'inclura pas de partage des revenus dans la prochaine convention collective, tranche Cohon. On a été très clair à cet égard avec l'Association des joueurs. »

« On est loin l'un de l'autre sur le plan de la philosophie. On veut un partage des revenus, comme il y en a dans toutes les autres ligues de sport professionnel en Amérique du Nord. On est le produit de la LCF, on devrait en profiter, tout comme les propriétaires », réclame le secondeur des Alouettes Marc-Olivier Brouillette en entrevue à RDS.

Prêts pour une grève

La présente convention collective vient à échéance le 31 mai prochain, menaçant ainsi le début des camps d'entraînement. La seule grève de l'histoire de la Ligue canadienne est survenue pendant les camps d'entraînement de 1974. Une nouvelle entente avait été ratifiée avant que des parties du calendrier régulier ne soit annulées, ce qui pourrait très bien ne pas survenir cette fois.

« Personne ne veut manquer une saison ou ne serait-ce qu'une seule journée de camp d'entraînement. Mais si c'est ce qu'il faut faire (voter en faveur d'une grève), on devra le faire. Je crois qu'un vote en faveur d'un arrêt de travail passerait », se désole Brouillette avant d'enchaîner.

« Sans les joueurs, il n'y a pas de ligue. C'est nous qui prenons les risques de nous blesser. Quand on considère que le salaire minimum est de 45 000 $ dans la LCF, ça ne vaut peut-être pas la peine... »

Pour l'instant, c'est donc le silence radio entre les deux partis.

« On espère avoir des nouvelles de l'Association des joueurs bientôt. Sans doute qu'elle doit maintenant discuter avec ses membres, mais lorsqu'elle sera prête à s'asseoir avec nous et tenir une conversation réaliste, on sera là », insiste Cohon.