Pour une deuxième année de suite dans la Ligue canadienne de football, les deux équipes qui ont terminé au premier rang de leur division ont été éliminées en finale. En 2012, c’étaient les Alouettes et les Lions de la Colombie-Britannique et cette année, ce sont les Argonauts de Toronto et les Stampeders de Calgary.

Ces sorties rapides relancent le fameux débat à savoir vaut-il mieux continuer à jouer pour garder son élan tout en espérant ne pas perdre les services de joueurs de premier plan ou encore profiter d’une semaine de congé pour peaufiner sa préparation. Reste que si un club parvient à garder son rythme, cela peut faire toute la différence.

Quand Burris va, tout va

Plusieurs personnes ont aujourd’hui oublié que les Tiger-Cats de Hamilton ont commencé la saison avec un dossier de 1-4. Depuis, en comptant leurs deux matchs éliminatoires, leur fiche est de 11-4. Cette équipe-là est vraiment transformée.

Malgré tout, tout le monde pensait que les Argonauts allaient se sauver avec la victoire à un certain moment dimanche en demi-finale de la division Est. Les choses allaient plutôt bien pour le quart-arrière Ricky Ray et le pointage était de 21-10 à mi-chemin au deuxième quart.

Les Argonauts ont même eu la chance d’ajouter un touché pour porter la marque à 28-10, mais les Tiger-Cats ont limité les dégâts en ne donnant qu’un placement. Le pivot Henry Burris a ensuite réussi le jeu clé de la rencontre en complétant une passe de touché à Andy Fantuz avant la fin de la demie pour réduire l’écart à sept points. Le reste de l’histoire s’est ensuite écrit.

Les Tiger-Cats ont en effet créé la surprise en dominant la deuxième demie 19-0. Si quelqu’un m’avait dit que les Argonauts n’inscriraient aucun point au retour de la mi-temps, j’aurais pris le pari immédiatement! Personne ne s’attendait à ce que les Argonauts soient blanchis de la sorte.

Comment les Tiger-Cats s’y sont-ils pris? D’abord grâce à leur attaque. Il y a un adage qui dit que la meilleure défense est l’attaque et les hommes de Kent Austin l’ont confirmé. La meilleure façon d’arrêter un quart de la trempe de Ray, c’est de la garder sur le banc, et c’est en plein ce que les Tiger-Cats ont fait. Ils ont eu possession du ballon pendant 24 minutes en deuxième demie.

Cela signifie que Ray n’a eu que six petites minutes avec le ballon entre les mains, lui mettant ainsi énormément de pression sur les épaules puisqu’il faut ainsi maximiser chaque séquence à l’attaque. Dans ces circonstances, il est difficile de prendre son rythme, étant donné le faible nombre de répétitions. Le quart ne sait jamais quand il aura la chance de reprendre le ballon.

Ray n’a complété que cinq de ses 12 tentatives de passes pour des gains de 48 verges en deuxième. Le pivot des Argonauts, celui-là même qui avait complété 77 pour cent de ses passes pendant la saison régulière, a été limité à un pourcentage de réussite de 41 pour cent.

Et en changeant leur fusil d’épaule en deuxième demie, la défense des Tiger-Cats est parvenue à déranger Ray. En première demie, elle se faisait découper en morceaux en pratiquant une défensive de zone et une pression à quatre joueurs. Avec les nombreux blitz et jumelé au fait que Ray n’a pratiquement pas touché au ballon, le meilleur passeur de la ligue est carrément devenu imprécis. Sur la dernière séquence du match, ses passes étaient toujours trop hautes, alors qu’elles sont généralement reconnues pour leur précision.

Pendant ce temps, Burris a été 17-en-21 avec 227 verges et un touché. Il a également couru aux bons moments pour étirer les séquences et permettre à son équipe de garder le ballon. Le quart des Tiger-Cats est à son mieux quand il court et… sourit. Ce n’est pas le fruit du hasard si l’un de ses surnoms est « Smilling Hank ». Il a encore démontré que lorsqu’il provoque des choses avec ses jambes, c’est précisément à ce moment qu’il est le plus dangereux.

Une victoire méthodique

Dans la finale de l’Ouest entre les Roughriders de la Saskatchewan et les Stampeders, nous n’avons pas à chercher très longtemps pour expliquer les raisons du triomphe des Riders. Il y a un club dont le niveau d’exécution était exceptionnel et un autre qui s’est tiré dans le pied.

Les Stampeders avaient présenté un dossier de 14-4 - le meilleur de la LCF pendant la saison régulière - et n’avaient été victimes que de 27 revirements. Dimanche, ils ont en commis 7 et terminé le match avec un ratio de moins-6. Pendant la saison, ce dernier était de plus-19.

Ce qui est encore plus décevant pour les Stampeders, c’est que certains de ces revirements sont survenus à la suite de longs jeux de 57, 46 ou 28 verges. Cela a donc été de véritables montagnes russes au chapitre des émotions. Chaque fois que l’équipe était en mesure de traverser le terrain pour avoir la chance de marquer des points, la balloune se dégonflait. Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point c’est épouvantable pour les joueurs.

Dans le camp des Riders, ils ont obtenu 534 verges à l’attaque sur 70 jeux, malgré le temps et le froid. Et sur ces 70 jeux, il n’y en a eu que deux de plus de 30 verges. Le ballon a été lancé de façon méthodique et tout comme les Tiger-Cats, les Riders ont remporté la bataille du temps de possession 41 minutes à 19. Bref, ils ont dominé en allant chercher 31 premiers essais.

Au sol, la guerre des tranchées a été gagnée par les Riders, qui ont largement profité des blessures aux joueurs de la ligne défensive des Stampeders. Kory Sheets a effectué 28 courses pour 170 verges et le quart Darian Durant n’a pas commis d’erreur. Leur brio permet aux Riders de disputer le match de la coupe Grey devant leurs partisans.

Jamais deux sans trois?

Nous aurons largement le temps de revenir sur l’affrontement de dimanche, mais lorsque nous regardons les impondérables, c’est un avantage marqué pour les Riders. Ces derniers profiteront de l’énergie et du bruit de la foule, alors que ce sera un méchant casse-tête pour les Tiger-Cats.

Les Riders viennent également de jouer deux matchs dans le froid et le vent, alors que leurs adversaires ne peuvent pas en dire autant. Ce seront à la limite des conditions normales pour les Riders, qui ne seront pas dépaysés cette semaine, puisqu’ils seront dans leurs vestiaire, salle de réunion, salle de vidéos et salle de poids et haltères. La routine ne sera pas changée

Il fut un temps que c’était très difficile de jouer le match de la Coupe Grey à domicile. Et là, ce sera la troisième année consécutive que l’équipe locale aura l’occasion de remporter le championnat dans son stade. Jamais deux sans trois pour les Riders après les Lions en 2011 et les Argonauts en 2012?

Les Riders devront faire attention, puisque les Tiger-Cats ne ressemblent en rien à ceux qu’ils ont battus 37-0 et 32-20 en début de saison. Comme mentionné en début de chronique, les Tiger-Cats présentent un dossier de 11-4 depuis ces deux défaites en août. À suivre…

La performance de Newton éclipsée

Nous avons eu droit à toute une fin de match entre les Patriots de la Nouvelle-Angleterre et les Panthers de la Caroline lundi soir. Il y avait beaucoup d’intensité, pratiquement autant qu’en éliminatoires.

Tom Brady y est allé d’une grande performance, tout comme Cam Newton, qui en est à sa troisième saison seulement dans la Ligue nationale de football. Il a connu de bonnes rencontres, mais il manque parfois de constance. C’était intéressant de voir comment il réagirait à une partie présentée à heure de grande écoute.

Newton a petit côté vedette et ce genre de joueurs tente souvent d’en faire trop. Mais le quart-arrière des Panthers a été excellent, particulièrement dans les moments cruciaux. Après que les Pats eurent créé l’égalité 10-10 au troisième quart, Newton a complété ses sept tentatives de passes pour des gains de 55 verges avec un touché. Il a également couru deux fois sur des troisièmes essais pour gagner des premiers jeux.

Et après que les Patriots eurent pris les devants 20-17 avec un petit peu plus de six minutes et demie à jouer au match, Newton a été 5-en-8 pour 57 avec un autre majeur. Encore là, il a porté le ballon deux fois sur des troisièmes essais pour prolonger la séquence à l’attaque des siens.

Depuis 2011, les Panthers présentaient un dossier de 3-14 dans les rencontres décidées par sept points au moins et le résultat de lundi aidera Newton à être reconnu comme l’un des quarts élites de la ligue. C’est principalement avec la façon dont ils se comportent en fin de partie que les quarts se font un nom. C’est ce que les observateurs regardent principalement.

De plus, les Panthers ont validé leur victoire de la semaine dernière sur les 49ers de San Francisco en battant les Patriots. S’ils avaient connu une contre-performance, il aurait été difficile de les prendre au sérieux. Avec ce gain, les Panthers demeurent au plus fort de la course dans la section Sud de l’Association nationale. Les deux matchs contre les Saints de La Nouvelle-Orléans en décembre s’annoncent particulièrement intéressants.

Malheureusement, peu de gens parlent aujourd’hui de la grosse performance de Newton, mais davantage de la fin de la controverse sur le dernier jeu de la rencontre. Selon mon humble avis, il est clair que Luke Kuechly était en train de plaquer Rob Gronkowski. Tous les éléments étaient réunis pour justifier le lancer du mouchoir. Si Kuechly n’avait pas été en train de le pousser, Gronkowski aurait eu la chance de revenir. Cela ne veut pas dire que l’ailier rapproché aurait attrapé le ballon, mais c’est simplement dommage de voir la partie se finir comme cela.

Encore là, cela ne signifie pas que les Patriots l’auraient éventuellement emporté, mais les amateurs ont été privés d’un grand moment. Les hommes de Bill Belichick auraient eu le ballon à la ligne de 1 des Panthers. Qu’est-ce que les Patriots auraient choisi comme jeu? Cela dit, il ne faut pas oublier qu’ils auraient pu être meilleurs à d’autres moments dans la partie. Stevan Ridley a notamment échappé une passe en première demie, tandis que les Patriots ont dû se contenter d’un placement à la suite d’une passe ratée sur un troisième et un.

Cela dit, les arbitres peuvent aussi connaître leurs moments de faiblesse dans la NFL. Ce n’est pas uniquement dans la LCF que cela se passe! Après tout, l’erreur est humaine.

*Propos recueillis par Francis Paquin