Chaque semaine, notre chroniqueur Matthieu Proulx relate cinq histoires qui ont marqué la dernière semaine d’activités dans la Ligue nationale de football.

Pas de fumée sans feu à Buffalo

Voilà des semaines qu'on spéculait sur l'avenir de l'entraîneur des Bills de Buffalo Rex Ryan. Le couperet est finalement tombé le mardi 27 décembre sur lui et son frère Rob. Généralement, il n'y a pas de fumée sans feu.

Ryan n'avait pas accompli grand-chose avec les Jets de New York et il n'a guère fait mieux avec les Bills. Sa mission était de ramener les Bills dans les éliminatoires et il a échoué en deux ans à la tête du club. L'équipe a beaucoup de joueurs sous contrat et elle a investi beaucoup d'argent pour ramener la formation sur le droit chemin. Buffalo croit avoir une équipe gagnante sous la main et que Rex Ryan n'est plus la solution.

On aurait pu croire que le poste du directeur général Doug Whaley était aussi menacé, mais c'est lui qui devra finalement trouver le prochain entraîneur-chef. Des bruits laissaient entendre aussi qu'il y a eu des prises de bec entre Whaley et Ryan en début de saison. Les propriétaires Terry et Kim Pegula ont finalement pris la part de leur directeur général de l'équipe pour le meilleur et pour le pire.

Souvent, on attend au lendemain du dernier match de la saison pour congédier un entraîneur. C'est lors du "black monday" qu'on passe à l'action, mais les Bills ont préféré agir dès maintenant peut-être pour voir à l'oeuvre celui qui assumera l'intérim Anthony Lynn, qui a remplacé Greg Roman remercié en début de saison de son poste de coordonnateur offensif.

La direction pourra évaluer le travail d'Anthony Lynn lors de la dernière semaine de la saison. Mais on verra ce que l'avenir dira parce que la façon de recruter un nouvel entraîneur-chef dans la NFL me laisse perplexe. Souvent, on passe en entrevue les coordonnateurs dont les unités fonctionnent le mieux et c'est ce que les Bills vont faire au cours des prochaines semaines. Je comprends qu'il est important pour un coordonnateur d'avoir eu du succès avec son unité, mais ça ne veut pas dire que la personne peut devenir un bon entraîneur.

Ce n'est pas la même chose d'être coordonnateur ou entraîneur-chef. On laisse souvent en plan de bons candidats et on embauche le mauvais, comme dans le cas de Rex Ryan, qui avait été un très bon coordonnateur. On pense que parce qu'il a été bon avec son unité qu'il fera un bon entraîneur, mais l'histoire nous montre que ce n'est pas toujours vrai.

La déveine des Raiders

Je ressens une profonde tristesse pour les Raiders d'Oakland qui ont perdu les services de leur quart-arrière Derek Carr. Ce dernier a subi une fracture du péroné de la jambe droite et il sera à l'écart pour le reste de la saison.

C'est vraiment décevant parce que depuis 2002 cette équipe n'a pas atteint la ronde éliminatoire. C'est une équipe mythique qui peut toujours compter sur une base solide de partisans. Cette formation était finalement revenue parmi les bonnes équipes de la NFL avec un dossier de 13-2.

Pas une fois lors du match contre les Colts d'Indianapolis, Carr a été touché et la seule fois où s'est fait touché, il a subi une fracture. Sa perte prive également les Raiders d'une vraie chance de gagner le Super Bowl parce que tout passait par l'attaque.

Les Raiders avaient une belle saison. Ils parvenaient à gagner les matchs serrés parce que le quart était arrivé à maturité et qu'il fait partie de l'élite maintenant. Son nom a même été avancé pour le titre du joueur le plus utile. Malgré certaines lacunes en défensive, l'attaque fonctionnait à plein régime.

La perte de Carr va exposer le fait que la défense était moins bonne. J'ai hâte de voir ce que Matt McGloin va offrir contre les Broncos lors de la dernière semaine de la saison régulière. Peu importe ce que McGloin va faire, son travail va être sur analysé et on va se faire une tête sur sa valeur à partir d'un seul match. Mais la réalité est que sans Carr, les Raiders auront beaucoup de difficulté à aller loin dans les éliminatoires.

La déception de la Nationale

Les finalistes du dernier Super Bowl, les Panthers de la Caroline, ne seront pas des prochaines éliminatoires. Il s'agit d'une saison très décevante pour eux et ça commence par Cam Newton.

L'an dernier, il avait totalisé 45 touchés par la voie des airs ou au sol alors que cette année, ce nombre a chuté à 23, et tout ça, avec le retour de Kelvin Benjamin, qui n'était pas là l'an dernier. Avec le retour de Benjamin et l'expérience de Newton, on croyait que l'attaque fonctionnerait à plein régime. Les résultats ont été le contraire de ce qu'on anticipait.

En défense, il faut se rendre compte que la perte de Josh Norman n'a pas été comblée. La direction l'a laissé partir vers Washington sur le marché des joueurs autonomes. Les Panthers sont passés d'une unité défensive parmi les meilleures à une 22e place pour les verges accordées et une 27e place pour les points alloués.

Il faut se rendre à l'évidence que les Panthers ont sur-performés en 2015 et que la véritable valeur du club se situe entre les résultats des deux dernières campagnes.

Du respect pour Peyton Manning

Les gagnants du Super Bowl, les Broncos de Denver, ne seront pas des éliminatoires également. Il est plutôt rare de voir une équipe championne ne pas se qualifier l'année suivante.

Malgré l'une des meilleures défenses du circuit, ça n'a pas été suffisant pour permettre aux Broncos de pallier aux lacunes en attaque et d'accéder à la ronde éliminatoire. On a pu observer de grosses lacunes en offensive, le quart se faisait marteler tout le temps et il y avait des ennuis pour établir le jeu au sol lors de la blessure à C.J. Anderson. L'attaque a été incapable de soutenir le travail de la défense.

Malgré tout, le quart Trevor Siemian a constitué une belle surprise. Il n'a pas grand-chose à se reprocher. La situation nous fait toutefois rendre compte que Peyton Manning, malgré le fait qu'il n'avait plus le bras le plus à niveau et qu'il n'était plus le quart que nous avons connu, il contrôlait la partie et comment il était capable de changer les choses.

Je pense que les performances des Broncos cette année nous obligent à donner plus de crédit à Manning. Après le Super Bowl l'an dernier, on s'amusait à dire que c'était la défense qui avait gagné et que les Broncos avaient gagné en dépit de Manning. Cette fois, force est d'admettre que Manning avait un très gros impact sur l'attaque des siens sur le terrain et hors terrain. Parions que si Manning avait toujours été le quart de cette équipe, il n'aurait jamais enduré la bisbille du début de saison entre l'attaque et la défense.

Les jeux truqués

La dernière semaine dans la NFL a été le théâtre de deux jeux truqués avec des acteurs qu'on n'attendait pas. D'abord les Chiefs de Kansas City avec Dontari Poe, un colosse de plus de 350 livres, qui a été utilisé comme porteur de ballon dans une formation "wildcat" et qui a passé le ballon à Demetrius Harris en sautant pour un touché. J'aimais bien cette ingéniosité.

Chez les Cowboys de Dallas, Dez Bryant sur un jeu renversé, qui passe dans la zone des buts. Il a déclaré qu'il était lui-même très nerveux quand il a lancé le ballon.

Habituellement, on voit ce type de jeu quand on a besoin absolument de points ou dans une situation désespérée, mais pas quand on n'a pas besoin de ce type de jeux truqués pour la victoire. Dans les deux cas, la victoire était dans la poche. J'ai comme l'impression qu'on cherchait à préparer le terrain pour la suite des choses en forçant les prochains adversaires à se préparer à ce type de jeux. C'est comme jouer une partie d'échecs pour les prochains matchs.

Comme amateur, c'est plaisant d'assister à ce type de jeux, surtout quand ça fonctionne.

*propos recueillis par Robert Latendresse