SEATTLE (AP) - A Seattle et dans les environs, le symbole du "12e homme" des Seahawks est aussi omniprésent que la pluie en hiver.

Il est partout. Et pas un jour ne passe sans qu'on y soit confronté.

Sur les tours à bureaux. Sur les murs des bâtiments. Sur le veston et la porte d'entrée du bureau de la gouverneure de l'Etat, Christine Gregoire.

"Il est même sur le Space Needle", fait remarquer le quart Matt Hasselbeck, admiratif devant le fait qu'un drapeau bleu, orné d'un no 12 en blanc, se trouve au sommet du lieu touristique le plus connu du nord-ouest américain.

Sans oublier qu'il se trouve sur la tête de Mike Davis.

Davis, un homme de 44 ans qui est directeur des ventes Internet pour un concessionnaire automobile en banlieu de Seattle, a demandé à son épouse de raser le symbole si cher aux partisans des Seahawks dans sa chevelure noire, derrière la tête. C'était il y a deux semaines, avant d'assister au match éliminatoire contre les Redskins de Washington à Qwest Field.

"Je ne voulais pas me peindre le visage", a dit Davis, un partisan des Seahawks depuis qu'il a quitté la ville de Boise, en Idaho, en 1982 - deux années avant que l'équipe ne commence à officiellement reconnaître leur 12e homme.

L'hommage de Davis a fonctionné: Seattle a battu Washington.

Il a donc demandé à son épouse de raser un autre "12" bien frais en vue du match de championnat de l'Association nationale, mais avec un ajout: un "XL" sur le côté, représentant le chiffre romain de la destination souhaitée des Seahawks, le 40e Super Bowl.

"Ma femme m'a regardé comme si j'étais fou, a raconté Davis. Mais je ne voulais pas porter malchance à l'équipe après le match contre les Redskins."

Et ç'a encore marché. les Seahawks ont malmené les Panthers de la Caroline pour se retrouver au match du Super Bowl pour la première fois de leur histoire. La ville de Seattle n'a jamais été aussi près d'un championnat sportif professionnel masculin d'importance depuis 1979, quand les SuperSonics ont remporté le championnat de la NBA.

"C'est énorme. Enorme! affirme Davis en parlant du phénomène du 12e homme chez les Seahawks. Regardez la fiche de l'équipe depuis deux ans à Qwest Field."

Elle est de 15-3, dont 10-0 cette saison.

Le prochain match, le plus important de tous, aura lieu à 3800 km de Seattle. Mais le 12e homme sera quand même là. Evidemment, les partisans des Seahawks auront peut-être de la difficulté à se faire voir parmi ceux des Steelers, qui feront tournoyer leurs "Terrible Towels" après avoir effectué un voyage beaucoup plus court, celui entre Pittsburgh et Detroit.

"On sent que c'est important pour bien des gens", a noté Hasselbeck.

Le phénomène du 12e homme a commencé en 1984, quand les Seahawks ont retiré le maillot no 12 en l'honneur de leurs partisans. A cette époque, le Kingdome était le stade le plus bruyant de la NFL, même si l'équipe n'avait connu que deux saisons gagnantes à ses sept premières campagnes depuis ses débuts dans la NFL, en 1976.

La ligue avait même brièvement institué un règlement, dans les années 1980, où l'équipe locale pouvait écoper une pénalité de cinq verges si la foule ne se calmait pas suffisamment pour permettre aux joueurs de l'équipe visiteuse de s'entendre sur la ligne de mêlée. Cette règle était connue sous le nom de "Kingdome rule".

Davis a raconté que "la chose la plus incroyable que j'ai jamais vu", c'est le jour où John Elway, des Broncos de Denver, s'est éloigné de son centre à cause du bruit infernal. Il a gesticulé en direction du plafond du Kingdome, se plaignant à l'arbitre qu'il ne pouvait donner ses directives à ses joueurs. L'arbitre a pénalisé les Seahawks plus d'une fois au cours de la rencontre.

"Et puis nous avons commencé à faire encore plus de bruit, a dit Davis. C'était formidable."

Deux décennies plus tard, le 12e homme est devenu un facteur de ralliement à Seattle.

"C'est la même chose à Qwest Field maintenant, déclare Davis, qui affirme que le nouveau stade est aussi bruyant q ue l'ancien. Les deux derniers matchs, c'était incroyable."