MONTRÉAL – Des millions de partisans rêveraient de partager le terrain avec le phénoménal J.J. Watt. Voici la chance qu’obtient le Canadien Christian Covington avec les Texans de Houston depuis quatre saisons.

 

Parmi la douzaine de Canadiens qui évoluent dans la NFL, Covington n’est certainement pas le plus connu, mais il mériterait que cette situation change. Évidemment, quand on partage le travail sur la ligne défensive avec une machine comme Watt, on attire moins souvent les réflecteurs.

 

L’entraîneur des Texans, Bill O’Brien, le sait bien et il souhaiterait que sa contribution soit plus reconnue.

 

« C’est un autre joueur duquel on ne me parle pas assez souvent. Sa blessure a été difficile à encaisser pour l’équipe parce qu’il avait vraiment progressé. Son retour devrait nous aider considérablement », a-t-il mentionné récemment aux médias de Houston.

 

O’Brien dit vrai puisque Covington se dirigeait vers sa meilleure production en 2017. Une déchirure à un biceps a cependant bousillé tous ses efforts le laissant sur la touche pour le reste de la campagne.

 

Le sort des Texans a continué de s’embourber avec d’autres pertes comme celles de Whitney Mercilus, C.J. Fiedorowicz et surtout celle du quart-arrière DeShaun Watson qui a été le coup d’assommoir.

 

À l’aube du calendrier 2018, les espoirs sont grands pour les Texans s’ils peuvent être épargnés par la malchance. Covington se voit comme une pièce importante d’une telle réussite.

 

Christian Covington« Ce sera ma quatrième année, je tiens à retrouver mon aplomb, celui que j’avais juste avant de me blesser et c’est concluant jusqu’à maintenant. Je veux aider la défense à se classer parmi les meilleures de la NFL et les commentaires de mon entraîneur m’incitent à vouloir accomplir encore plus de choses sur le terrain », a confié, au RDS.ca, Covington qui entamera sa saison, dimanche, sur le terrain des Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

 

Né à Vancouver, l’athlète de 24 ans peut compter sur un autre allié de taille, son père Grover. Les plus jeunes ne l’ont pas connu, mais il a été l’un des meilleurs joueurs de l’histoire de la Ligue canadienne de football. Il détient d’ailleurs le record de tous les temps avec 151 sacs du quart-arrière.

 

« Bien sûr, je suis son père, mais je vois un potentiel de croissance qui ne fait aucun doute chez lui. Je pense qu’il peut accomplir de grandes choses en me fiant à sa personnalité et son ardeur au travail. Il est intense, il veut se classer parmi les meilleurs », a décrit l’ancien des Tiger-Cats de Hamilton.

 

« Il n’est âgé que de 24 ans et ce sera sa déjà sa quatrième saison dans la NFL. C’est bien différent de ma situation, j’ai commencé ma carrière dans la LCF à 25 ans. Je crois qu’il ne fera que progresser », a-t-il ajouté.

 

La relation père-fils entre les deux hommes est inspirante. Chaque année, le paternel se rend à Houston durant la saison pour lui assurer un support à proximité.

 

« C’est important, la réalité du football professionnel demeure exigeante, c’est très intense. Je suis passé par bien des choses similaires, j’ai un peu été dans ses souliers. Ça permet d’avoir des discussions très franches, je ne dis pas à mes enfants seulement ce qu’ils veulent entendre, mais bien ce qu’ils doivent entendre. Je suis honnête avec eux », a exposé Grover.

 

« Il est encore capable d’écouter et échanger, c’est bien agréable. Il le fait parce qu’il veut gagner. Pour que ça arrive, tu dois être un bon coéquipier, un joueur qui n’est pas égoïste. Je souhaite aussi le voir assumer par ses actions un plus grand rôle de meneur désormais grâce à son expérience », a-t-il poursuivi.

 

Le parcours de Christian au football a débuté alors qu’il agissait en tant que « porteur d’eau » pour l’équipe scolaire au sein de laquelle son père était impliqué comme entraîneur. Dès ses premiers pas comme joueur, il a provoqué des ravages sur le terrain.

 

« C’est simple, il a été mon entraîneur depuis le premier jour. Que ce soit à mes débuts, à l’école secondaire ou à l’université. Il a déménagé avec moi pour m’aider. Lui et ma mère ont vraiment été d’un immense support. Il a aussi été mon mentor pour tout ce qui touche la vie d’un athlète professionnel », a raconté le numéro 95 qui passait des heures à regarder les chandails de son père quand il était plus petit.

 

Sa convalescence, qui a duré plus de deux mois, n’a pas été facile à traverser. Son père s’est assuré d’alléger son moral et il n’a pas été le seul à le faire.

 

« On se retrouvait plusieurs joueurs sur la liste des blessés au même moment et c’est devenu le seul point positif. On a pu partager notre remise en forme ensemble. On a réussi à traverser cette épreuve. Maintenant, c’est le temps de s’amuser avec la saison qui arrive », a lancé le colosse de six pieds deux pouces et 305 livres.

 

Beaucoup de plaisir et de fierté

 

Covington aborde un point crucial de sa personnalité. Il essaie toujours de tirer du plaisir de ses expériences. Par exemple, il ne compte pas son temps auprès des jeunes lorsqu’il revient à Vancouver pour son camp de football.

 

Ses coéquipiers connaissent son sens de l’humour et ils ne se gênent pas pour le taquiner. Ses origines canadiennes ne sautent pas autant aux yeux que celles de Laurent Duvernay-Tardif, Louis-Philippe Ladouceur ou Antony Auclair, mais elles demeurent leur sujet de prédilection.

 

« Les gars se font plaisir constamment. Chaque fois que je retourne au Canada, ils me disent de ramener des chips au ketchup ou bien ils plaisantent sur le nombre de fois que je vais aller au Tim Hortons. Ce ne sont que des choses amusantes », a relaté l’ancien de l’Université Rice.

 

Ceux qui le connaissent n’étaient donc pas surpris de le voir plaisanter sur les réseaux sociaux à propos de sa personnification peu fidèle dans le jeu Madden 19.

« Mon cousin m’a envoyé une image et je trouvais ça tellement drôle. Je me suis amusé avec le tout sur Twitter pour en rire et ç’a fait boule de neige. Quelques personnes ont trouvé le moyen de m’envoyer des messages méchants, mais je retiens plus le côté amusant », a expliqué Covington qui est également un chanteur à ses heures de même qu’un fervent du yo-yo.

 

Covington est capable d’en rire, mais c’est avant tout sur le terrain qu’il veut bien paraître. Il n’a pas oublié que rien n’est acquis dans la NFL.

 

« C’est un privilège de pouvoir disputer une quatrième saison avec la même équipe. Je me suis assuré de lui dire, de lui inculquer ça. La clé sera toujours de travailler fort et... d’écouter un peu son papa à l’occasion », a blagué son père.

 

Sa carrière pourrait durer encore de nombreuses années, mais son père est déjà envahi de fierté.

 

« C’est spécial et vraiment beau à mes yeux. J’ai quitté les États-Unis vers le Canada pour vivre mon rêve et mon fils a fait le chemin inverse », a conclu Grover avec le sourire dans la voix.