Je me dois de commencer mon tour d’horizon avec possiblement ce qui est jusqu’à présent le match de l’année dans la NFL. Vous comprendrez que je fais allusion à la rencontre du dimanche soir entre les Chiefs de Kansas City et les Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

Parfois certains duels qui nous font rêver sur papier sont décevants une fois sur le terrain, mais on peut dire sans aucun doute que cette rencontre a répondu aux attentes. C’était un duel offensif impliquant deux attaques qui figurent parmi les plus dynamiques du circuit. On s’échangeait coup pour coup sur le terrain du Gillette Stadium. On avait d’un côté l’équipe de l’histoire et de l’autre l’équipe de la relève. C’était un duel entre le meilleur joueur de tous les temps, Tom Brady, contre Patrick Mahomes, l’un sinon le meilleur jeune de tous les temps. C’était tout simplement impressionnant.

On a bien vu tout ce que l’expérience a apporté aux Patriots alors qu’ils n’ont jamais paniqué dans ce match. Ils paraissaient en contrôle et prenaient ce que l’unité défensive leur laissait. Il y avait un bel équilibre entre le jeu terrestre et aérien alors que l’attaque a eu recours à 35 courses contre 38 passes. On ne savait jamais ce que l’attaque de Josh McDaniels allait réserver alors qu’il pouvait décider de sélectionner que des jeux de passe et la séquence suivante, uniquement se tourner vers ses porteurs de ballon.

Un élément qui permet à cette unité offensive d’être aussi imprévisible, c’est l’arsenal qu’a maintenant sous la main Tom Brady. Sony Michel connaît du succès dans le champ-arrière, il peut évidemment compter sur Rob Gronkowski, Julian Edelman est une ressource non négligeable alors qu’il est de retour au jeu et Josh Gordon commence à être un rouage important de cette unité. C’était un spectacle offensif extraordinaire.

Même son de cloche de l’autre côté, alors que Mahomes nous a offert ce à quoi il nous a habitués, c’est-à-dire des jeux explosifs. Il a réalisé des passes de 75 et 67 verges, notamment sur lesquelles la vitesse de Tyreek Hill a été exploitée.

Les Chiefs ont tout simplement trop d’armes de qualité pour ne pas marquer des points. Si une équipe décide d’enlever Hill de l’équation, Mahomes peut se tourner vers Travis Kelce et Kareem Hunt. C’est tout un casse-tête!

Au final, les deux attaques auront cumulé un total de 950 verges, ont inscrit 83 points et il n’y a eu qu’un seul botté de dégagement dans toute la rencontre.

Ces deux formations semblent se diriger tout droit vers une autre confrontation, cette fois en finale d’Association et à la lumière de cet affrontement, on ne peut qu’espérer que ce scénario se réalise.

Les jambes de Prescott sont la solution

Si on pouvait s’attendre à un tel duel enlevant, il était difficile de prévoir un tel dénouement dans le match entre les Jaguars de Jacksonville et les Cowboys de Dallas. C’est ma surprise de la fin de semaine.

Les Cowboys ont fait ce qu’ils auraient dû faire depuis un petit moment déjà, soit laisser Dak Prescott utiliser ses jambes. En lui permettant de réaliser certaines courses après des feintes avec Ezekiel Elliott ou planifier tout simplement des dérobades du quart, l’attaque avait un autre élément qui la rendait menaçante.

Les unités défensives adverses, pour le moment, se concentraient à arrêter Elliott et le jeu au sol, car l’attaque aérienne des Cowboys est très conservatrice. Par contre, si Prescott étire les jeux en courant, il permet à ses receveurs de se démarquer des demis défensifs et il est donc plus facile de les rejoindre. J’ai bien aimé le système de jeux déployé pour cette rencontre devant les Jaguars.

On disait depuis un moment que l’unité défensive des Cowboys montrait des signes encourageants et on a bien vu dans cet affrontement qu’elle pouvait être dominante.

De l’autre côté du ballon, l’attaque des Jaguars a été décevante. L’équipe a encaissé un deuxième revers consécutif et même s’il n’y a aucune honte à perdre contre les Chiefs, c’est impardonnable de perdre le ballon à cinq occasions.

Il s’agit d’une troisième défaite en quatre matchs et pour une équipe qui pouvait avoir des aspirations au Super Bowl, ou à tout de moins, représenter l’Association américaine, ce n’est pas normal ce qui se produit. Cette équipe dispose d’une excellente unité défensive, d’un champ-arrière dynamique et d’un quart qui montrait des signes encourageants à la fin de la dernière campagne.

Blake Bortles a d’ailleurs eu de bons flashs cette saison, mais le problème est là. On ne sait jamais du côté de Jacksonville quel Bortles va se présenter. Nous avons eu droit au mauvais Blake Bortles à Dallas alors qu’il n’a complété que 15 passes pour 154 verges.

L’unité défensive, aussi bonne soit-elle, n’est pas sans reproche. En fait, elle a peut-être trop lu les coupures de journaux durant l’entre-saison alors qu’on écrivait et on répétait sur toutes les tribunes à quel point elle était dominante. Les joueurs sur cette unité n’avaient pas d’énergie en début de match et une réputation ne te permet pas de gagner des parties.

Les Jaguars devront se ressaisir rapidement s’ils veulent toujours être dans les discussions à la fin janvier et ils sont chanceux pour le moment alors que leur division est faible. Ils doivent redresser la barre rapidement. Leurs prochains adversaires sont les Texans, les Eagles et les Colts, trois équipes qu’ils peuvent battre si on doit les considérer parmi les équipes aspirantes aux grands honneurs. Ce serait encourageant qu’ils gagnent au moins deux de ces matchs afin de passer comme message qu’ils ont relancé leur saison.

Mike Smith écope à Tampa

Une décision qui n’était pas étonnante, le congédiement du coordonnateur défensif des Buccaneers de Tampa Bay Mike Smith. Ils viennent d’encaisser une troisième défaite de suite et l’unité défensive figure au 32e rang cette saison au chapitre des points accordés. Elle vient au 31e échelon en ce qui concerne les verges concédées à l’adversaire.

Depuis que Smith est en poste, après trois ans, on voit une régression constante dans ces deux catégories et on a atteint le fond du baril.

À mon avis, le début de la fin pour Smith a été la prestation il y a trois semaines, contre les Bears de Chicago alors que Mitch Trubisky a réussi à lancer six passes de touché. On ne s’attend pas à ce que le jeune quart des Bears puisse enregistrer une performance de la sorte et cette anomalie a pavé la voie à ce congédiement. Il fallait se regarder dans le miroir après ce match alors qu’une telle situation ne devait pas se répéter.

L’autre facteur qui a joué en défaveur de Smith, ce sont les débuts de match de son équipe. C’est à ce moment qu’il est possible d’évaluer si les stratégies des entraîneurs sont adéquates et que la préparation a été à point. C’était loin d’être le cas à Tampa Bay.

Lors du match contre les Bears, ces derniers ont inscrit cinq touchés lors de leurs six premières présences de l’attaque sur le terrain. L’équipe a profité ensuite d’une semaine de congé ce qui aurait dû être synonyme d’une bonne préparation en vue du duel contre les Falcons d’Atlanta. Résultat : ceux-ci ont amassé 219 verges de gain et ont franchi la zone des buts à trois reprises lors de leurs trois premières séquences. Cette faute est directement attribuable à l’entraîneur ou dans le cas présent au coordonnateur.

Il fallait prévoir à une telle décision de l’organisation, car après trois défaites consécutives, tout le monde commence à être pointé du doigt. La suite logique des choses est que l’entraîneur-chef va congédier un coordonnateur et si jamais rien ne change, il faut s’attendre à ce que ce dernier écope à la fin de la saison. Si la situation ne se replace pas en défense, Dirk Koetter risque de perdre son poste.

Autre geste dangereux de Burfict

Malheureusement, plus ça change et plus c’est pareil pour Vontaze Burfict chez les Bengals de Cincinnati alors qu’une fois de plus il a servi un coup douteux. Encore une fois, Antonio Brown était sa cible.

ContentId(3.1294191):Vontaze Burfict assène un autre dur coup à la tête d'Antonio Brown.
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Peut-être qu’on remarque plus ces gestes puisque c’est Burfict, mais on voit clairement sur cette séquence que c’est calculé. Il n’y a plus de doute dans son cas, lorsque c’est salaud, c’est salaud. Il n’a plus de marge de manœuvre.

Sur le jeu en question, on voit bien que Brown est maintenu par deux joueurs des Bengals, donc il n’est plus une menace. Burfict s’est amené du centre du terrain et il a levé le coude afin d’atteindre le receveur à la tête. Non seulement, il a sorti Brown du terrain pour quelques jeux, mais également l’un de ses coéquipiers. Il est extrêmement dangereux sur un terrain.

Burfict est véritablement un joueur qu’on peut identifier comme un récidiviste alors qu’il compte 11 suspensions dans la NFL et 10 d’entre elles sont le résultat de gestes dangereux (il a été suspendu pour avoir enfreint la politique antidopage en début de saison).

La Ligue essaie d’ajouter des règlements afin de protéger ses joueurs, mais tant que certains agiront comme Burfict la situation ne changera pas. La NFL ne penchait pas pour une suspension dans son cas, voulant évaluer la situation comme un geste isolé, sans prendre en considération son auteur. Je ne partage pas cette vision. Comme il s’agit d’un multirécidiviste comme Burfict, il aurait dû être suspendu pour le reste de la saison, ce qui veut dire qu’il ne toucherait plus à son salaire. Il serait possible de voir comment il réagirait par la suite. On ne peut pas le laisser sur le terrain alors qu’il met la santé des autres joueurs en danger.

Un propriétaire modèle

Je souhaite en terminant revenir sur le décès du propriétaire des Seahawks et co-fondateur de Microsoft, Paul Allen. Il n’était âgé que de 65 ans lorsqu’il a perdu cette bataille contre le cancer. Son décès survient par ailleurs lors du mois de la sensibilisation à cette maladie dans la NFL.

Je souhaite glisser un mot sur ce propriétaire qui a empêché un déménagement potentiel des Seahawks à Los Angeles lorsqu’il a acheté l’équipe en 1997. Allen était véritablement apprécié en tant que propriétaire en raison de sa discrétion. Il était à l’opposé de ce que l’on voit de Jerry Jones chez les Cowboys, alors qu’Allen comprenait que pour gagner, il avait besoin de laisser les gens en place prendre les décisions. Il n’interférait pas dans les décisions football de son directeur général et de son entraîneur.

Il a acheté l’équipe afin de la garder à Seattle. Il a injecté des millions dollars dans cette organisation, que ce soit dans le stade et le complexe d’entraînement. Il est allé chercher des entraîneurs compétents en Pete Carroll ou un peu plus tôt Mike Holmgren. Sous son règne, les Seahawks ont participé à trois Super Bowls et en ont remporté un d’ailleurs. Allen a aussi versé des millions dans la recherche pour les traumatismes crâniens causés par les chocs dans la NFL.

On ne sait toujours pas qui sera son successeur alors qu’il n’avait pas de famille pour prendre la relève, mais on espère que ce sera une personne dans sa lignée. Il représentait parfaitement ce que doit incarner un propriétaire dans la NFL.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant