Graham DeLaet le sait mieux que quiconque, le moment ne pourrait guère être mieux choisi pour savourer une première victoire sur le circuit de la PGA ce qui mettrait fin à une disette de 60 ans.

En effet, le dernier triomphe d’un représentant du Canada à l’Omnium canadien (qui sera diffusé à RDS de jeudi à dimanche) remonte à 1954 lorsque Pat Fletcher a dominé la compétition.

Reconnu comme le meilleur joueur n’ayant pas encore gagné un tournoi, DeLaet se présente à Montréal avec un sac de golf rempli de bonnes intentions. Chose certaine, il ne peut pas s’enfouir la tête dans une fosse de sable car il se fait constamment rappeler deux choses : une victoire canadienne se fait désirer depuis trop longtemps dans ce tournoi et il serait temps pour lui de soulever un trophée à la conclusion de la quatrième ronde.

« Ce tournoi est particulier pour les Canadiens »

« Évidemment, c’est une question qu’on me pose chaque fois ! », a admis DeLaet en riant à propos de la possibilité qu’un Canadien l’emporte devant les siens. « Bien sûr, on essaie de gagner tous les tournois et je peux vous assurer que tous les Canadiens en lice feront de leur mieux pour que ça se produise et réjouir notre pays. »

Cela dit, la mission ne s’annonce pas de tout repos puisque l’athlète de 32 ans ne traverse pas la période la plus florissante d’une saison très intéressante. À preuve, il a été exclu des rondes finales à deux de ses trois derniers tournois dont le récent Omnium britannique et l’Omnium des États-Unis.

« C’est vrai qu’il s’agit d’un style très différent (par rapport à l’Omnium britannique), mais c’est le style auquel je suis habitué donc la transition devrait bien s’effectuer », a rassuré le 11e plus puissant cogneur de la PGA malgré une charpente moins imposante que certains qui le devancent.

Au-delà d’avoir été évincé des prestigieuses rondes finales sur le parcours du Royal Liverpool, DeLaet a traversé l’Atlantique tardivement dimanche pour arriver à son hôtel vers minuit. Pourtant, rien n’y paraissait lundi matin alors que le golfeur de Weyburn en Saskatchewan distribuait les conseils aux amateurs qui allaient avoir l’immense privilège de participer au Pro-Am organisé.

DeLaet était accompagné de plusieurs de ses compatriotes dont Mike Weir et Stephen Ames pour refiler quelques trucs aux golfeurs amateurs qui garnissaient leur sac de souvenirs précieux qui ne risquent pas de s’estomper à la suite d’un coup erratique sur le parcours.

« C’est un revirement assez expéditif et je ressens un peu de fatigue, mais c’est pour une excellente cause afin d’aider l’avenir du golf dans notre pays. C’est toujours merveilleux de revenir disputer l’Omnium canadien. De plus, on ressent déjà un bel enthousiasme autour du terrain avec les enfants et les invités », a confié le droitier reconnu pour sa personnalité amusante.

À quelques détails de la réussite

Graham DeLaetGrand partisan de hockey, comme le prouve son imitation de gant de hockey pour recouvrir un bâton de son arsenal, DeLaet prétend qu’il est près du but. À son avis, ça ne saurait tarder avant qu’il puisse voir son nom au sommet du tableau des golfeurs.

« Présentement, c’est juste qu’on dirait que mes coups de départ ne sont pas à la hauteur une journée et que j’en arrache avec les coups roulés le lendemain... », a analysé celui qui a hâte d’assister à un premier match de hockey au Centre Bell.

« Même si les résultats n’ont pas été à la hauteur dernièrement, je suis confortable avec l’état
de mon jeu. J’ai l’impression d’être près de l’objectif et j’espère que je pourrai regrouper tous les éléments cette semaine pour renverser la vapeur », a-t-il avancé.

« On entend souvent cela à propos des joueurs avant qu’ils ne parviennent à décrocher leur première victoire. On sait dans notre for intérieur quand on joue bien et je me sens bien par rapport à mon jeu », a poursuivi celui qui a renoncé à sa forte barbe.

Membre régulier de la PGA depuis 2010, DeLaet a véritablement pris son envol la saison dernière et les attentes sont élevées pour celui qui vivra son sixième omnium canadien. Jusqu’à maintenant, il n’a pu faire mieux qu’une 46e position dans le cadre de cette compétition.

« Je suis définitivement excité en vue de ce tournoi. Parfois, on s’impose trop de pression sur les épaules et j’espère que je pourrai laisser parler mon talent cette semaine et bien réussir sur le terrain. Tout ce que je souhaite, c’est de demeurer dans le coup jusqu’à la dernière journée où tout peut arriver », a avoué celui qui a été opéré au dos en 2011 pour une hernie discale.

DeLaet venait de prononcer le mot délicat : pression. Sans trop de gêne, il admet qu’il doit mieux gérer ce facteur car son niveau de jeu chute parfois dans les situations corsées comme le prouvent ses trois échecs dans les tournois majeurs en 2014. Le tournoi disputé au somptueux Royal Montréal n’appartient pas à cette catégorie, mais la pression ne sera pas moindre pour celui sur lequel les espoirs reposent.

« Oui, ça rime avec un peu plus de pression parce qu’on désire tant bien faire. En même temps, il faut essayer de ne pas trop songer à cela pour être en mesure d’obtenir les performances souhaitées », a noté DeLaet qui se dit maintenant outillé pour surmonter cet obstacle et qui ne croit pas que le fait de jouer dans son pays lui confère un avantage sur la rigoureuse adversité.

Évidemment, les amateurs qui rêvent d’une victoire canadienne ne mettront tous leurs œufs dans le même panier et ils suivront de près le parcours des autres représentants de l’unifolié dont le vétéran Weir et le Québécois Dave Lévesque.

Par la bande, DeLaet est également associé au Québec car il évolue depuis deux ans avec le cadet Julien Trudeau qui a grandi sur la Rive-Sud de Montréal. Aux dires du sympathique athlète, Trudeau l’aidera à plusieurs égards.

« Il est vraiment bon pour moi, c’est un grand travailleur et il est heureux de revenir à Montréal. Nous formons une bonne équipe et nous allons déployer notre meilleur effort ensemble. »

« Et il pourra aussi me traduire ce que toutes les personnes diront dans la foule ! », a conclu avec un grand sourire celui qui fera la paire avec Trudeau pour une deuxième fois à l’Omnium canadien.