Après deux périodes samedi après-midi, au Centre Bell, le Canadien cherchait toujours à marquer un premier but. Contré comme il l’était par le Lightning, voire contrôlé, on se demandait si ce but viendrait.

Il est venu.

Il est venu de la lame du bâton de Daniel Brière.

Confiné dans un rôle de soutien au cours des deux premières périodes, Daniel Brière n’avait effectué que huit présences après 40 minutes.

Exception faite d’une présence au cours de laquelle il a remplacé Lars Eller - le joueur de centre a été gardé au banc après qu’il eut commis trois bévues au cours d’une seule présence au premier tiers - Daniel Brière s’était rendu sur la patinoire pour y tenir un rôle de figurant. Ou presque. Car en huit présences, le Gatinois affichait une durée moyenne de 22 secondes.

Difficile pour un joueur offensif de marquer des buts et/ou de simplement sauver la face en 22 secondes.

Bon! C’était plus que George Parros qui affichait une moyenne de 12 secondes par « shift » au terme de la période médiane. Mais c’était quand même moins, beaucoup moins, que le jeune Christian Thomas qui affichait 6 min 3 s d’utilisation après 40 minutes - pour une moyenne de 45 secondes par présence - alors que Brière totalisait 3 min 2 s d’utilisation et une moyenne de 22 secondes.

Je veux bien croire que Brière ait connu un mauvais début de saison. Qu’il n’ait pas offert un rendement suffisant et que certains soirs il ne semblait pas en mesure d’en donner beaucoup plus sur la glace.

Mais quand même!

Comment diable offrir le double de temps d’utilisation à un joueur rappelé de Hamilton et qui disputera sans doute beaucoup plus de matchs en carrière dans la Ligue américaine que dans la LNH?

Je ne sais pas.

Comme s’il avait réalisé au cours de l’entracte que ces statistiques n’avaient pas le moindre bon sens, et aussi parce qu’il se devait de secouer son équipe pour générer ne serait-ce que le début d’un commencement de quelque chose en offensive, l’entraîneur-chef Michel Therrien a décidé d’envoyer Brière en compagnie de Tomas Plekanec et Brian Gionta.

Bonne idée!

Daniel BrièreCar après avoir réalisé qu’il aurait peut-être plus qu’un ou deux « shifts » au sein d’un trio susceptible de lui donner l’occasion de se faire valoir, Daniel Brière a marqué le but qui a permis au Canadien de niveler les chances. Le but qui a permis au Canadien de propulser le match en prolongation et d’au moins soutirer un point dans le cadre de la défaite de 2-1 encaissée aux mains du Lightning de Tampa Bay.

Brière est demeuré poli après le match. Surtout diplomate. Mais après avoir défilé les clichés habituels sur les difficultés de sauter sur la glace les jambes froides, les mains figées et les cheveux secs, il a offert une idée de mécontentement en indiquant qu’il était de se rendre compte après quelques présences qu’il aurait enfin une chance de disputer une période avec de « vrais » joueurs de hockey de son niveau.

Brière a doublé son nombre de présences au cours de la seule troisième période. Il a aussi presque doublé son temps d’utilisation qui est passé de 3 min 2 s à 8 min 41.

Sera-t-il récompensé maintenant qu’il semble en mesure d’être plus utile à son équipe qu’il ne l’était en début de saison?

Derrière Bourque!

Michel Therrien n’a plus le choix. En fait oui. Un coach a toujours le choix. Mais il devrait donner - ou redonner car le Gatinois a obtenu du temps de qualité en début de saison - du temps de jeu adéquat à Brière pour l’aider à aider le Canadien à gagner.

Brière a neuf buts et 16 points à sa fiche. Neuf buts qu’il a marqués et 16 points qu’il a récoltés en 535 min 37 s d’utilisation depuis le début de la saison.

En son et images : Lightning-Canadiens

À moins que la calculette dans laquelle j’ai entré les données soit de mauvaise qualité, ça donne un but de Daniel Brière à toutes les 66 min 59 s d’utilisation. Et un point à toutes les 33 min 28 s.

En comparaison, Rene Bourque a passé 626 min 2 s sur la patinoire depuis le début de l’année. Ses sept buts et neuf points valent à Bourque des moyennes d’un but à toutes les 89 min 26 s d’utilisation et un point à toutes les 69 min 32 s d’utilisation.

En tenant compte de ces statistiques, il est permis de se demander pourquoi Bourque joue bien davantage que Brière.

Tout comme Lars Eller (928 min 26 s) et David Desharnais (865 min 31 s) qui ont pourtant connu, ou connaisse, de longs passages à vide au cours de la saison.

Même Brandon Prust (554 min 40 s) a joué davantage que Brière - le Gatinois a disputé deux matchs de points cela dit en raison de blessures - mais il serait injuste de comparer les deux joueurs qui ne remplissent pas des mandats similaires.

Daniel Brière semble avoir retrouvé ses jambes.

Il serait donc temps qu’on le voie davantage, ou au moins autant que Rene Bourque. Peut-être même Lars Eller.

Avec Plekanec et Gionta - Brière a indiqué qu’il y avait des flammèches lorsque ces trois joueurs se retrouvaient ensemble - ou avec d’autres, je ne sais. Mais il me semble que Brière doit jouer plus.

Et ça devrait arriver.

Visiblement agacé par la question reliée à l’utilisation de Brière, Michel Therrien a envoyé un commentaire préparé en guise de réponse.

Sa vraie réponse viendra dimanche lors de la visite des Jets de Winnipeg. Ou plus tard. Je ne sais pas.

Mais j’ai l’impression que le coach en donnera du temps au vétéran. Qu’il multipliera ses présences afin de lui donner l’occasion d’aider l’équipe offensivement, ou de confirmer les prétentions du coach selon lesquelles, l’utilisation qu’il fait du vétéran québécois est la bonne.

D’une façon ou d’une autre, il en sortira gagnant.

À suivre…

Lightning : un club bien dirigé

Le Canadien a donc sauvé un point en s’inclinant 2-1 en prolongation aux mains du Lightning des Tampa Bay samedi après-midi au Centre Bell.

Un point sauvé à cause du but de Daniel Brière en troisième et aussi en raison des 34 arrêts réalisés par Carey Price. Price qui a d’ailleurs reçu le titre de joueur du mois de janvier chez le Tricolore.

Vrai qu’une victoire aurait été préférable. Surtout qu’après avoir haché finement les Bruins, à Boston, jeudi, on pouvait croire le Tricolore en mesure de prolonger à trois et peut-être plus sa série de victoires.

Eh bien non!

Et pas question toutefois de blâmer le Canadien qui a stoppé à deux sa série victorieuse.

Bon ! Il est certainement possible de relever quelques erreurs ici et là : l’attaque à cinq est loin d’avoir été à la hauteur (0 en 4) du niveau qu’elle doit afficher pour propulser le Tricolore vers la victoire. P.K. Subban a marqué dans son propre filet en faisant dévier une rondelle qu’il aurait simplement dû laisser filer vers Carey Price qui l’aurait facilement repoussée. Il faut dire que Subban, qui joue du mauvais hockey depuis quelques matchs, est retourné dans ses mauvaises habitudes de vouloir en faire trop. De vouloir tout faire en laissant son talent exceptionnel prendre le dessus sur l’ensemble de ses adversaires. Il mange la rondelle comme un ogre. Il multiplie les vrilles et les virevoltes sur la patinoire afin de contourner les adversaires qui tentent de lui enlever la rondelle. Il tente même de contourner des adversaires imaginaires ma foi du Bon Dieu.

Des séquences qui sont spectaculaires et qui plaisent aux amateurs qui lancent des ho ! et des ha ! dans les gradins. Mais des séquences qui n’apportent pas grand-chose au bien collectif de l’équipe. Pas question ici de mettre en doute les intentions de Subban qui tient certainement à aider la cause de son équipe. Mais en tentant d’y arriver tout seul, il minimise ses chances de réussite. C’est tout.

Au-delà des quelques défaillances du Canadien relevées lors du match de samedi, il vaudrait mieux, beaucoup mieux, louanger la qualité du travail, du jeu et aussi du plan de match du Lightning de Tampa.

De fait, le Lightning a offert une belle leçon au Canadien, à ses fans, aux journalistes et observateurs qui ne les suivent pas assez de près pour comprendre comment il se fait qu’il soit si haut perché au classement.

Au-delà des performances exceptionnelles de Ben Bishop devant le filet, de l’éveil tardif de Victor Hedman et aussi, et surtout, des exploits de Martin St-Louis qui défi la logique et le temps en continuant de dominer son équipe et la LNH comme il le fait, le Lighting de Tampa Bay est un club de hockey bien dirigé.

Rarement cette année, au Centre Bell, a-t-on vu un adversaire éteindre autant le Canadien avec un échec avant d’une telle qualité. D’une telle efficacité. L’effort collectif déployé par tous les joueurs présents sur la glace assure le Lightning de toujours - ou presque - presser le porteur de la rondelle. Dans l’éventualité d’une passe complétée, il assure Tampa de presser encore l’autre porteur de la rondelle, car les joueurs des Bolts se succèdent en mission défensive comme des avions de chasse se succèdent lorsque vient le temps de piquer sur leur cible pour larguer des bombes.

Ok! La comparaison est un brin ou deux grossière. Mais elle image bien le fait que les joueurs du Lightning, en respectant un plan de match brillant élaboré par leur coach Jon Cooper, se succèdent continuellement en piqué sur les porteurs de la rondelle.

Le Lightning est aussi collectivement impliqué en attaque qu’il ne l’est en défense. Contre le Canadien samedi après-midi au Centre Bell, on a plusieurs fois vu le Lightning réaliser trois ou quatre passes courtes et rapides avant même d’avoir franchi la ligne bleue. Sa propre ligne bleue.

Cette efficacité assure au Lightning de performances soutenues et constantes. Des performances qui aident un gardien à bien performer. Des performances qui aident surtout un grand leader comme Martin St-Louis, un défenseur de talent comme Hedman et un gardien qui est en train de se faire un nom et une bonne réputation aux quatre coins de la Ligue à guider leur club vers la victoire en dépit des absences d’une super-étoile comme Steven Stamkos et d’un joueur important comme l’est Valtteri Filppula.

Ces performances confirment aussi les compétences de Jon Cooper qui a succédé à Guy Boucher à la barre du Lightning.

Attention ! N’interprétez pas ici les commentaires positifs à l’endroit de Cooper comme des attaques ou des critiques à l’endroit de Boucher dont le système de jeu avant-gardiste compte aussi beaucoup d’adeptes.

Mais le système préconisé par Cooper demande aux joueurs du Lightning d’être beaucoup plus collectivement impliqués. Plus complices. Plus mobiles. Avec les résultats qu’on connaît.

Bon ! Après avoir pu profiter de l’expérience et des prouesses de Dwayne Roloson à son arrivée à Tampa, Boucher n’a pu appuyer son système sur les performances d’un gardien comme Bishop.

Mais quand on regarde le Lightning jouer, on voit sur la glace une équipe plus efficace, plus rapide, plus impliquée.

Et c’est pour toutes ces raisons que le Lightning est où il est au classement actuellement. Malgré les blessures qui les privent de l’un des meilleurs joueurs de la LNH.

Chiffres du match

2 - Avec ses deux buts marqués aux dépens du Canadien, Nate Thompson a moussé sa cinq sa récolte de buts cette saison. De ces cinq buts, deux ont été enfilés en désavantages numériques…

3 - C’était la troisième fois seulement cette saison que le Canadien accordait un but au cours d’une attaque massive…

6 - Martin St-Louis et Victor Hedman ont dirigé l’attaque du Lightning avec 6 tirs chacun. Ils ont obtenu le tiers des tirs de leur club 12 sur 36…

6 - Le but de Nate Thompson marqué à court d’un homme était le 6e de la saison du Lightning. Les Hurricanes de la Caroline dominent la LNH avec neuf…

12 – En huit présences totalisant 143 secondes d’utilisation, Georges Parros a maintenu une moyenne de 12 secondes par présence. Facile de comprendre pourquoi il n’a aucune statistique offensive ou défensive officielle associée à son nom…

14 - Après avoir disputé un bon match - dans ses paramètres - à Boston, Georges Parros est loin d’avoir brillé dans la rencontre de samedi. Il s’est signalé en écopant trois très mauvaises pénalités : deux pénalités mineures pour conduite antisportive et bâton élevé et une pénalité d’inconduite pour avoir tiré une pièce d’équipement au visage d’un adversaire. À moins qu’il reçoive une prime à la fin de la saison pour le nombre de minutes de pénalité dont il écope pendant la saison, Parros devrait subir les foudres de son entraîneur après avoir affiché autant d’indiscipline…

100 - Lars Eller disputait un 100e match de suite - en saison régulière - dans l’uniforme du Canadien. C’est toutefois le chiffre 12 qui doit commencer à la hanter. Conséquence du fait qu’il offre des performances décevantes depuis quelques semaines, Eller a prolongé à 12 sa série de matchs sans avoir récolté le moindre point…

On remet ça dimanche après-midi alors que les Jets de Winnipeg débarquent au Centre Bell dans le cadre de leur seule escale de la saison. Lors du premier des deux matchs de l’année entre les deux clubs, le Canadien a blanchi les Jets 3-0 le 15 octobre dernier dans la capitale manitobaine.