Comme vous, j’écoute les analystes du hockey dont plusieurs nous expliquent que les joueurs du CH ont déjà jeté l’éponge sur la saison ; que les séries — formule COVID-19 et qui s’amorceront sous peu- sont perdues d’avance ; que les échanges effectués avant le confinement indiquent que l’administration avait déjà lancé la serviette ; qu’il serait aussi préférable de perdre rapidement pour augmenter les chances d’aller chercher un joueur extraordinaire au repêchage, bref, que le cœur n’est pas à l’ouvrage et que personne n’espère beaucoup de ces quelques matchs à venir contre une puissance de la LNH.

J’écoute et je lis ces commentaires et je ne peux m’empêcher de penser que l’esprit d’un sportif ne marche pas de cette façon. En tout cas, rarement pour ne pas dire presque jamais, on ne trouve pas ce genre de calcul dans la tête d’un athlète. C’est souvent ce qui fait la grande force des professionnels. Quand vous regardez une partie de golf, par exemple, et que le joueur analyse son prochain coup, jamais, même si ce qu’il va tenter est audacieux, sinon téméraire, il n’y aura pas de doute dans son esprit : « Le coup est possible et je vais le réussir ». Voilà ce qu’il se dit.

Tous les sportifs de haut niveau sont là pour gagner. Rien d’autre! C’est ce qui les motive et les passionne. 

Bien entendu, les commentateurs et analystes ont de bonnes sources et sont extrêmement compétents dans leur métier. Et, quand on considère leurs arguments de façon rationnelle, tout se tient. Cela dit, les sportifs que j’ai connus ne calculaient pas leurs chances de gagner rationnellement. Ils y vont le tout pour le tout. Pas de demi-mesure. 

Bien entendu, vous pourrez me trouver des exemples qui contredisent cette affirmation, mais j’estime que dans la très grande majorité des cas, le but est toujours de gagner. Une fois sur la glace ou sur le terrain, rien d’autre ne compte et ils sont prêts à tout donner pour y parvenir. Je vois mal un Gallagher, un Danault ou un Weber se retenir.

Ce qui est vrai toutefois, c’est que le Canadien est nettement le négligé dans cet affrontement. Je ne sais pas quelle est leur évaluation auprès des agences de paris, mais elle ne doit pas être forte. La montagne qui se dresse devant eux ressemble davantage à l’Himalaya qu’au mont Laval. 

Malgré tout, la possibilité d’aller un peu plus loin dans cette étrange saison est réelle. Même si les probabilités sont à 100 contre un en faveur des Penguins, tout se joue sur la glace. Yogi Berra disait :« Le baseball est 90 % mental. L’autre moitié est physique. » Il en va de même dans le hockey. L’attitude est primordiale. Être négligé n’est pas une sentence immuable. Cela peut même devenir une motivation. Et les précédents existent, surtout dans une courte série. On peut se souvenir de l’équipe américaine de hockey qui a été chercher la médaille d’or aux Jeux de 1980. Plus près de nous, Shapovalov a vaincu Raphael Nadal en 2017 au Stade Uniprix. Dans les deux cas, le résultat semblait hors de portée. 


Or, tous les joueurs de hockey connaissent ce sentiment. Ils sentent le goût de la victoire, comme les requins sentent le goût du sang. Si le CH connait juste un peu de succès en début de série, tout pourrait basculer en leur faveur. Et, comme le rappelait un autre analyste, si le Canadien est négligé, cela implique que les joueurs des Penguins savent qu’ils sont favoris et pourraient se présenter un peu trop confiant en vue du résultat final. 

Je sais que je suis trop optimiste. C’est généralement vrai. Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il suffit parfois de croire en l’impossible pour qu’il se concrétise. Je suis convaincu que les chances du CH existent. Elles sont faibles, mais elles existent et c’est pourquoi je suis encore confiant.

J’adore ces deux équipes, celles de deux très grands amis Marc et de Mario. Ils ont joué ensemble dans leurs jeunesses, un de Pointe-Saint-Charles et l’autre de Ville-Émard.