Avec trois défaites en quatre matchs, la décision de Marc Bergevin de renvoyer Claude Julien n’a pas eu l’effet-choc désiré, du moins à court terme. Montréal continue de manquer de punch offensivement, avec seulement 2,5 buts par match sous la tutelle de Dominique Ducharme. Une victoire de 3-1 face aux Sénateurs, incluant un but dans un filet désert, n’inspire pas vraiment beaucoup de confiance.

Malgré un début rocailleux derrière le banc montréalais pour Ducharme, il y a tout de même des points encourageants dans la performance du CH. L’avantage numérique s’est réveillé avec 4 buts sur 8 opportunités après n’avoir trouvé le fond du filet qu’à 2 reprises sur 24 opportunités en février avec Julien et Jeff Petry a retrouvé sa touche offensive avec 5 points en 4 rencontres, mais par-dessus tout, c’est la performance de Jonathan Drouin qui a retenu mon attention.

Drouin semble être revitalisé depuis sa réunion avec Ducharme, son entraîneur lors de son passage avec les Mooseheads de Halifax. Le natif de Sainte-Agathe a reçu une augmentation considérable de temps de jeu à forces égales, passant de 12:23 par soir sous les ordres de Julien à 16:31 lors des 4 derniers matchs.

Drouin a répondu à l’appel en faisant briller ses talents de fabricant de jeu, obtenant 3 mentions d’aides en 4 rencontres, toutes à forces égales. Un regard plus approfondi sur sa performance démontre que Drouin a véritablement maximisé ce temps de glace supplémentaire, voyant une augmentation notable dans plusieurs catégories de performance importantes.

Un vent de fraîcheur pour DrouinAvec un peu plus de 4 minutes de temps de jeu supplémentaire, Drouin a presque doublé son temps avec la rondelle en zone offensive à égalité numérique. Si cette marque de 31 secondes par match était sa moyenne de saison, il se classerait à égalité au 25e rang dans la LNH, à égalité avec Dylan Larkin et Nikolaj Ehlers.

L’ancien 3e choix au total en 2013 a utilisé ce temps supplémentaire avec la rondelle pour repérer ses coéquipiers dans la zone payante, voyant son nombre de passes dans l’enclave exploser. En fait, Drouin a complété plus de passes dans l’enclave en 4 matchs pour Ducharme (10) qu’il en avait obtenu en 18 rencontres avec Julien (6), encore une fois à forces égales.

Compléter ces passes vers l’enclave est l’arme de prédilection de tous les meilleurs fabricants de jeu de la LNH. Le meneur en mentions d’aides lors de 4 des 5 dernières saisons a également mené la LNH en passes complétées dans la zone payante. Les seules exceptions sont Blake Wheeler et Claude Giroux, co-meneurs en 2017-2018 avec 68 aides, et ils se sont tout de même classés dans le top-15.

Évidemment, Drouin n’est pas du même calibre que ces joueurs, mais la corrélation entre ce type de passe et la production offensive est indéniable. Bien qu’un échantillon de quatre matchs doit être pris avec un grain de sel, la performance du numéro 92 est définitivement encourageante depuis que Ducharme est en charge.

L’ancien des Mooseheads semble également mettre plus d’effort en zone défensive. Avec Claude Julien, Drouin bloquait un peu moins d’une passe par match dans son territoire, 0,9 pour être exact. Cette moyenne a plus que doublé depuis le changement derrière le banc, montant à 2,0 par match. Il semble aussi plus actif et impliqué lors de replis défensifs. Le travail dans sa zone a toujours été une faiblesse à son jeu, le voir s’impliquer de la sorte est vraiment une agréable surprise.

Bien sûr, ce n’est pas la première fois que Drouin nous montre des éclairs de brillance, le problème a toujours été la constance. Il est capable d’être le meilleur joueur du CH certains soirs, mais il peut aussi bien être complètement invisible. Même lors de sa meilleure saison avec le CH en 2018-2019, Drouin a eu trois séquences d’au moins 7 matchs sans point lors des trois derniers mois.

Pour le moment, le système de Ducharme semble lui être bénéfique. Avec un entraîneur à caractère plus offensif qui lui est familier et évoluant aux côtés de Nick Suzuki, qui excelle aux deux bouts de la patinoire, et de francs-tireurs comme Josh Anderson et Tyler Toffoli, Drouin a les outils pour finalement s’établir comme l’un des meilleurs attaquants du Tricolore. Le véritable test sera de voir le genre de performance qu’il pourra maintenir à long terme. Les soirs où la production ne viendra pas, sera-t-il encore capable de s'impliquer et de jouer de la bonne façon? Ou retournera-t-il à ses mauvaises habitudes lorsqu’il fera face à de l’adversité? Seul le temps nous le dira.