Dans un passé pas encore très lointain, Carey Price ne se serait pas remis du cadeau offert aux Sénateurs.

Après un très mauvais but comme celui concédé à Erik Condra, très tôt dans le match, de très loin, alors que le Canadien jouait en avantage numérique de surcroît, Price aurait baissé les épaules, gardé la tête basse et on peut avancer sans trop de risque de se tromper que les Sénateurs auraient ajouté quelques buts à ce cadeau. On peut même ajouter qu’il est loin d’être acquis que le Canadien aurait gagné.

Mais voilà! Les temps ont changé. Carey Price a gagné en maturité, ce qui est normal. Il a aussi gagné une médaille d’or olympique, ce qui a certainement aidé.

Résultat : après avoir accordé ce but affreux, Price, qui s’est comparé à Homer Simpson sur le jeu qui l’a fait mal paraître, s’est ensuite dressé devant son filet. Il a réalisé un très bon arrêt par période pour freiner les élans des Sénateurs qui ont fait chou blanc sur les 23 tirs qui ont suivi ce but qui viendra le hanter seulement par le biais des reprises qui l’immortaliseront et qui prouveront qu’il est humain malgré tout.

Price n’a pas volé le match. Non! Et contrairement à mes collègues qui sélectionnaient les trois étoiles, je ne lui aurais pas concédé la première.

Mais parce qu’il a su inspirer confiance à ses coéquipiers dès la reprise du jeu, parce qu’il s’est dressé devant l’échappée de Jean-Gabriel Pageau, parce qu’il a résisté au tir de l’enclave décoché après un cafouillage de P.K. Subban, « parce qu’il a gardé les buts comme Carey Price est capable de le faire », tel que l’a justement déclaré Michel Therrien après la victoire, ses coéquipiers du Canadien se sont simplement contentés de jouer, et de bien jouer, devant lui au lieu de se mettre à vouloir le protéger.

Cela a fait une grosse différence dans la rencontre.

La bévue attribuable à P.K. mise de côté, j’irais jusqu’à dire que le groupe de défenseurs du Canadien a disputé son meilleur match depuis un bon moment hier soir. Qu’il a vraiment contribué à cette victoire. Une quatrième lors du séjour de cinq matchs à domicile. Un séjour qui a remis le Tricolore sur la bonne voie avec les huit points récoltés sur les dix à l’enjeu.

Une récolte qui était nécessaire. Car après une séquence de six défaites en sept matchs (1-5-1) et avec le spectre d’amorcer ce séjour à domicile contre les Canucks de Vancouver et les Kings de Los Angeles, ces victoires ont permis de non seulement freiner la glissade, mais aussi de relancer une séquence victorieuse.

Pacioretty : le passeur

Encore une fois hier, le nouveau premier trio du Canadien, un premier trio justement concocté au début de ce séjour fructueux au Centre Bell, a su donner le ton.

Brendan Gallagher a marqué. Alex Galchenyuk a marqué lui aussi. Et les deux jeunes ont marqué des buts comme on aime en voir et en revoir. Des buts inscrits après des entrées rapides et incisives en zone ennemie. Des buts marqués après des échanges de rondelles qui étourdissent les défenseurs adversaires, qui sortent les gardiens de leur position.

Brendan Gallagher a marqué aux dépens d’un Robin Lehner qui n’avait pas eu le temps de bien se positionner pour affronter son tir.

Alex Galchenyuk a tiré dans une cage déserte. Pour la troisième fois lors de ses quatre derniers buts, Galchenyuk n’avait qu’à cadrer son tir pour marquer. Mais attention! Si ces trois buts ont semblé faciles à marquer, c’est justement parce qu’ils complétaient des jeux parfaits orchestrés dans les secondes qui les ont précédés. Lehner samedi soir, et Cam Ward mardi dernier, n’ont pas offert des buts faciles à Galchenyuk simplement pour lui faire plaisir. Si Galchenyuk a tiré dans des cages désertes – tout comme Brandon Prust sur la passe parfaite de David Desharnais mardi – c’est parce que les gardiens avaient été attirés loin de leur but, ou parce qu’ils n’ont jamais eu le temps de compléter, voire amorcer, leurs déplacements en raison des échanges trop rapides sur ces jeux.

Bon! Cinq matchs ne font pas une saison. Encore moins une carrière. Mais depuis que le Canadien a muté Galchenyuk au centre du premier trio, ce premier trio s’est dangereusement mis en marche. Dangereusement pour les adversaires du Canadien, on s’entend.

S’il ne faut pas se surprendre des succès de ce trio, on peut sourire de voir que depuis cette nouvelle association, Max Pacioretty s’est contenté d’un petit but, mais qu’il s’est fait complice de six autres.

Un but, six passes pour Pacioretty c’est comme le monde à l’envers. Avant que David Desharnais ne le quitte pour le troisième trio, Pacioretty revendiquait 12 buts et 8 passes. Il a maintenant plus de passes (14) que de buts (13). Sur le banc et dans le vestiaire, Pacioretty est maintenant appelé le « passeur » par ses jeunes compagnons de trio qui aiment bien se moquer de lui.

« Je n’aime pas ça du tout », a lancé Pacioretty en riant un peu jaune après le match.

Mais si ça continue, Pacioretty rira de bon cœur. Et il rira à s’en décrocher la mâchoire. Car si ce premier trio continue sur sa lancée, Pacioretty deviendra un attaquant très complet. Parce que les équipes qui affrontent le Canadien sont convaincues que Pacioretty lancera une fois en zone ennemie, elles se préoccupent moins de ses compagnons de trio.

Une stratégie qui changera rapidement si Galchenyuk et Gallagher continuent à marquer comme ils le font. Cela rouvrira la porte aux tirs de Pacioretty qui demeure le marqueur le plus redoutable du Canadien.

Et tout le monde chez le Canadien sourira à belles dents. Même Alex Galchenyuk qui devra toutefois visiter le dentiste de l’équipe pour retrouver son beau sourire.

Galchenyuk a perdu quelques dents après qu’il eut été atteint par la lame du bâton d’Alex Chiasson. Le Québécois venait de décocher un tir du revers pour dégager son territoire lorsqu’il a atteint le jeune joueur de centre du Canadien.

Parce que les joueurs ont le droit de compléter l’élan à la suite d’un tir ou d’une passe, les arbitres n’ont pas décerné de pénalité sur le jeu. Avec raison.

Desharnais à l’aise

David Desharnais souriait lui aussi dans le vestiaire du Canadien.

Après être passé du premier au troisième trio, Desharnais disputait un premier match à la gauche de Lars Eller et P.A. Parenteau samedi.

L’expérience a été intéressante.

Le trio n’a pas récolté de point – la passe accordée à Parenteau est venue sur un but de Plekanec en attaque massive – mais il a orchestré plusieurs belles poussées.

Eller et Desharnais se sont peut-être accrochés à quelques reprises en convergeant vers le centre sur des replis défensifs, ils ont parfois donné l’impression de vouloir tous les deux disputer une mise en jeu, mais dans l’ensemble ils se sont bien débrouillés dans le cadre de cette première expérience.

S’il a remis entre les mains des journalistes, le mandat de lui accoler une note dans le cadre de son premier match sur le flanc gauche du troisième trio, David Desharnais a affirmé que la seule note qui comptait vraiment était associée à la victoire de son équipe. Et à ce chapitre, il a obtenu bien plus que la note de passage.

Sven Andrighetto?

Parce que Brandon Prust a joué, et bien joué à part ça, avec Tomas Plekanec et Jiri Sekac, le jeune Suisse a encore été confiné au quatrième trio.

Mais attention! Parce que Manny Malhotra ne casse rien en attaque et qu’au-delà ses mandats précis de remporter des mises en jeu on ne peut dire qu’il mérite beaucoup de temps d’utilisation, on a vu Tomas Plekanec et David Desharnais effectuer quelques présences au centre du quatrième trio.

« On voulait aider Andrighetto à avoir plus d’occasions de se faire valoir en attaque », m’a répondu Michel Therrien après le match.

Un commentaire tout à l’opposé de celui de mardi dernier alors qu’Andrighetto a été remplacé par Dale Weise à la droite de Tomas Plekanec par mesure préventive en défensive.

C’est bien pour dire...

Cela dit, c’est au sein d’un trio offensif qu’Andrighetto pourra le mieux aider la cause du Canadien. Aussi bien alors prendre tous les moyens possibles pour lui permettre d’y arriver.

Prochain match : mardi à Long Island face aux Islanders.