Qui ont été les meilleurs champions olympiques chez les pros?
Ne me cherchez pas dans les deux prochaines semaines. Je serai constamment connecté à Paris pour ces Jeux de la 33e olympiade.
Dans ce grand rendez-vous international du sport, on s'intéresse à la performance des athlètes, en général, de ceux de chez nous en particulier, et le sport n'est qu'un véhicule par lequel on va découvrir de nouvelles vedettes. C'est la raison pour laquelle on s'intéresse à des sports qu'on n'a aucune envie de regarder en temps normal.
Si jamais il y avait quelqu'un de chez nous qui performait dans le dernier venu des sports olympiques, le breakdance, alors on tenterait d'en comprendre les règles.
Ces Jeux nous ont fait connaître de grands boxeurs qui ont par la suite dominé chez les pros et qui ont façonné l'industrie.
Ceux qui m'ont marqué le plus et qui ont le mieux réussi chez les lourds après avoir mérité l'or olympique sont Floyd Paterson (USA, Helsinki 1952) Cassius Clay aka Muhammad Ali (USA, Rome 1960), Joe Frazier (USA, Tokyo 1964), George Foreman (USA, Mexico 1968), Michael Spinks (USA, Montréal 1976) Lennox Lewis (CAN, Seoul 1988), Vladimir Klitschko (UKR, Atlanta 1996) Oleksandr Usyk (UKR, Londres 2012) et Anthony Joshua (GBR, Londres 2012).
Dans les autres divisions, il y a eu surtout les Sugar Ray Leonard (USA, Montréal 1976), Oscar de la Hoya (USA, Barcelone 1992), Andre Ward (USA, Athènes 2004), Vasyl Lomachenko (UKR, Pékin 2008 et Londres 2012)
Chez les femmes, on retrouve Katie Taylor (IRL, Londres 2012) et Claressa Shields (USA, Londres 2021 et Rio 2016)
On constate que les boxeurs qui ont remporté une médaille d'or olympique et qui ont le mieux réussi chez les professionnels l'ont fait surtout dans la division des poids lourds.
Chez les femmes, la gloire et la fortune chez les professionnels n'aura souri qu'à deux championnes olympiques. Si en 2024 on a réussi la parité sur le nombre de participants et participantes, on est quand même à des années lumières d'une parité populaire et financière chez les pros.
Le seul boxeur médaillé d'or olympique à avoir combattu en championnat du monde chez les professionnels à son tout premier combat a été le lauréat des lourds de Melbourne en 1956, l'Américain Pete Rademacher.
Un an après les Jeux le 22 août 1957, au Sicks Stadium, à Seattle Rademacher effectuait ses débuts contre le champion du monde des lourds et champion olympique chez les 75 kg à Helsinki en1952 Floyd Paterson (32-1, 23 K.-O.). Paterson défendait sa ceinture pour la deuxième fois.
Rademacher a tout de même envoyé le champion défendant au plancher au 2e round. Cependant il est allé visiter le tapis à sept reprises durant les quatre rounds suivant pour s'incliner par K.-O. au 6e round devant 16 961 spectateurs.
Le double médaillé olympique Vasyl Lomachenko (UKR, 1-0, 1 K.-O.) aura lui combattu en championnat du monde dans les rangs payants dès sa deuxième sortie pour le titre vacant des plumes contre Orlando Salido (41-12-2, 29 K.-O.) Il devait s'incliner par décision partagée.
Il s'est repris à son troisième combat contre l'Américain Gary Russell Jr. (24-0, 14 K.-O.) pour le titre vacant des plumes WBO qu'il a remporté par décision majoritaire. Ce fait d'arme est l'ascension la plus rapide de l'histoire de la boxe professionnelle.
La retraite pour Lomachenko?
Top Rank avait entrepris des démarches pour que Vasyl Lomachenko (18-3, 12 K.-O.) défende son titre IBF des légers nouvellement acquis contre le champion WBA Gervonta Davis (30-0, 28 K.-O.) pour une unification des titres des légers, en novembre prochain.
L'Ukrainien a demandé l'arrêt des négociations parce qu'il n'avait pas la tête à la boxe pour des raisons personnelles. Bob Arum prétend que son champion devrait remonter sur le ring au début 2025, mais nombreux sont ceux, dans l'entourage du double médaillé d'or olympique qui prétendent qu'il va tout simplement prendre sa retraite, qu'il n'a plus le feu sacré.
Si c'était le cas, ce sera une intronisation au Panthéon International de la boxe à sa toute première année d'éligibilité pour ce grand pugiliste.
Un combat qui ne s'est jamais réalisé
Revenons à la boxe olympique. Trois boxeurs revendiquent trois médailles d'or en boxe. Le Hongrois Laszlo Papp à Londres en 1948, à Helsinki en 1952 et à Melbourne en 1956, le Cubain Felix Savon à Barcelone en 1992, à Atlanta en 1996 et à Sidney en 2000 et un autre Cubain, Teofilo Stevenson, à Munich 1972, à Montréal en 1976 et à Moscou en 1980.
Nombreux sont ceux qui ont rêvé d'un méga duel entre Stevenson et Muhammad Ali à la fin des années 1970. Stevenson était considéré le meilleur boxeur amateur de tous les temps et Ali était surnommé; « The Greatest ». L'intérêt pour déterminer lequel des deux imposerait sa domination dans un face à face sur le ring était phénoménal.
Ali avait accepté et des manœuvres pour faire sortir Stevenson de Cuba étaient planifiées. On parlait alors du plus important combat de boxe de l'histoire qui ferait tomber tous les records de recettes et de bourses pour les boxeurs. Mais pour réussir, il fallait que Teofilo défecte de Cuba.
Finalement, le grand Cubain a rejeté toutes les tentatives et c'est ainsi qu'il est devenu un grand ami de Fidel Castro et un héros de la révolution. Il devait déclarer : « Je préfère l'amour de 8 millions de cubains »
Le triple champion olympique est décédé en 2012, d'une attaque cardiaque à 60 ans.
Meilleur boxeur des Jeux, sans gagner l'or
Le trophée Val Barker est remis à chaque tournoi olympique au meilleur boxeur toute catégories depuis les Jeux de Berlin en 1936. Sur les 20 récipiendaires, 17 ont remporté la médaille d'or mais 2 le bronze et 1 l'argent, ce qui est assez paradoxal. On peut donc recevoir le prix du meilleur boxeur du tournoi olympique sans avoir été déclaré champion de sa division.
C'est arrivé à l'Américain Louis Laurie, qui a remporté le bronze à Berlin en 1936. Le Kényan Philip Waruinge a quant à lui récolté le bronze à Mexico en 1968, alors que l'Américain Roy Jones fils a décroch l'argent à Séoul en 1988.
Je n'étais pas là les deux premières fois, mais dans le cas de Roy Jones j'ai décrit son combat pour la médaille d'or à la télé de Radio-Canada. L'Américain affrontait le Sud-Coréen Park Si-Un. Ce fut un vol manifeste, alors que Jones remporte facilement les trois rounds de l'affrontement. L'arbitre s'est déclaré abasourdi de la décision, l'adversaire s'est publiquement excusé, le public était médusé et moi j'étais sans mots pour tenter d'expliquer ce qui venait de se passer.
Comme il n'y avait pas de procédure pour faire renverser une décision, l'AIBA décida de remettre le Val Barker à Jones pour compenser.
Les boxeurs professionnels sont maintenant admis aux Jeux olympiques, comme tous les autres sports maintenant, sans restriction depuis les Jeux de Rio en 2016.
Évidemment, il n'y a pas de passe-droit et pour participer il faut avoir réussi à se qualifier dans son pays puis avoir remporté l'une ou l'autre des qualifications continentales ou internationales. Il y a donc de nombreux boxeurs, à Paris, qui évoluent également chez les professionnels, mais il n'y en a aucun qui est ou a été champion du monde chez les pros.
Le plus connu et le mieux classé chez les professionnels est le médaillé d'or chez les lourds des Jeux de Tokyo 2020, Bakhodir Jalolov d'Ouzbékistan. À Paris, il défendra donc son titre olympique. Sa fiche chez les pros est de 14-0 (14 K.-O.) et il est sous contrat avec le promoteur américain Top Rank. Jalolov est actuellement classé Aspirant no 10 WBC, et no 15 WBO.
Le grand champion Manny Pacquiao (62-8-2, 39 K.-O.), champion du monde dans huit divisions des mouches (115 lbs) à super mi-moyens (154 lbs) a tenté de participer aux Jeux de Paris. Si ça avait été le cas sa participation aurait généré une publicité monstre.
Il a toutefois été refusé en raison de son âge. Le Philippin a 45 ans et l'âge d'éligibilité pour les JO en boxe est de 18 ans au minimum et 40 ans au maximum.
Dommage, j'aurais bien aimé voir ça!
Bon Jeux olympiques!