N’étant pas celui qui va faire exception à la règle, je me dois de rejoindre la forte majorité des observateurs pour dire que sans Carey Price, les Canadiens de Montréal ne se trouveraient fort possiblement pas là où ils sont actuellement. Voilà pourquoi le vétéran gardien de but est l’un des hockeyeurs les mieux rémunérés du circuit Bettman.

 

Par contre, le fait de ne pas reconnaitre la contribution de certains autres joueurs dans les succès actuels de la Sainte-Flanelle serait de l’aveuglement volontaire.

 

Qui ne connaît pas l’expression « entrer dans la peau de son adversaire »? C’est exactement cette valeur rajoutée qu’apporte Corey Perry depuis le début des présentes séries éliminatoires. Ce guerrier de 15 ans d’expérience dans la Ligue nationale de hockey est l’un des éléments clés des succès du CH.

 

Sans être dans un état d’esprit à chercher la reconnaissance de son entraîneur ou de ses pairs, la seule chose qu’exige le principal concerné c’est qu’on le respecte pour ce qu’il est.

 

Dans la catégorie des plus beaux exemples pour expliquer comment il réussit à déranger ses adversaires, regardons la façon qu’il a « forcé » Mathieu Perreault à écoper d'une très mauvaise pénalité à son endroit dans une situation de jeu complètement hors contexte lors de du match numéro deux de cette série.

 

L’aura qui émane de Perry, cette bête de scène, représente actuellement une valeur inestimable pour le club de hockey canadien, et ce, au-delà de ses buts marqués au pic et à la pelle et au-delà du prix qu’il paye match après match en se pointant le bout du nez là où ça fait mal. Par l’acceptation de son rôle, l’ailier droit de 36 ans est bien déterminé à livrer la marchandise soir après soir.

 

Il se met dans une situation pour faire la différence à chaque match, en restant à l’intérieur même de son propre profil de joueur. Il connait sa chaise et ne tente pas de s’en éloigner comme certains autres auraient eu tendance à le faire.

 

Grand amoureux de cette chaleur, le principal concerné nous démontre qu’il affectionne particulièrement cette pression du moment. Il aime s’en servir au lieu de l’éviter, et/ou de la subir. Comme on dirait dans le langage de la game « il est tout simplement dans son élément, dans son carré de sable ».

 

Perry démontre match après match sa force de caractère par ses actions et par son assurance contagieuse dans les moments critiques. Il n’a pas besoin de verbaliser le tout, il prêche par l’exemple. Il nous suffit d’un simple regard pour nous en apercevoir.
 

Comme mentionné ci-haut, de façon un peu imagé, Perry me fait penser à une bête de scène du type « Roi Lion », et je n’ai aucun doute que cela sert de référence et de direction à plusieurs joueurs dans l’alignement actuel du CH; surtout au niveau des sacrifices à s’imposer dans la route vers le succès.

 

Cette brigade défensive qui vient d’ailleurs!

Joel Edmundson
Pas besoin de chercher bien loin pour trouver le dénominateur commun des quatre défenseurs du top 4 des Canadiens : Shea Weber, Ben Chiarot, Joel Edmundson et Jeff Petry. Ils viennent tous d’ailleurs. Ils ajoutent chacun un petit quelque chose dans l’identité recherchée par les hauts dirigeants du club.

 

Dans une culture de la game fort différente en séries éliminatoires, avec l’arbitrage beaucoup plus permissif – comme si l’on opérait sur deux agendas bien distincts dans une même saison – disons que le CH est bien servi par cette « nouvelle réalité ».

 

Contrairement à la saison régulière, où le jeu se déroule à une vitesse beaucoup plus rapide, la troupe de Dominique Ducharme profite grandement du style plus lent des séries et de l’arbitrage plus permissif. Après tout, le Tricolore serait fou de ne pas s’en servir à son avantage.

 

Profitant de cette fenêtre de l’opportunité, ce quatuor défensif montréalais semble s’être fixé comme objectif de faire la vie dure aux joueurs adverses, comme si en quelque sorte on voulait créer une autoroute à péage devant le filet, pour quiconque voudrait s’y aventurer.

 

Cela force les adversaires à demeurer davantage en périphérie et par la bande facilite le travail de Carey Price. D’ailleurs, plusieurs attaquants des Maple Leafs de Toronto en ont été témoins dans la série précédente.

 

En adoptant cette position, et en en assumant les conséquences potentielles (prendre des pénalités de temps à autre), la formation montréalaise semble avoir trouvé une recette gagnante pour réduire les chances de marquer secondaires (retours de lancer) et aussi rendre la vie plus facile à Price, qui peut se concentrer uniquement à effectuer le premier arrêt – à l’exception des situations de surnombres offensifs, bien entendu.

 

En mariant l’eau et le feu de cette façon, et en acceptant que cela occasionne un plus grand nombre de pénalités en raison de cette fine ligne entre le jeu physique et l’indiscipline, il faut prendre le temps de souligner l’efficacité du travail en infériorité numérique des hommes de Dominique Ducharme.  Cette facette de jeu est aussi, sinon plus importante, que celle de l’avantage numérique, et ce, même si cela est beaucoup moins sexy pour le travail accompli par les joueurs utilisés dans cette phase de jeu.

 

Beaucoup de vitesse en contre-attaque, belle intelligence dans l’utilisation des bâtons pour couper les lignes de passes, sacrifices du moment pour se placer dans les lignes de tir, voilà tous des éléments qui servent bien la brigade défensive du Canadien en désavantage numérique.

 

Bref, le directeur général Marc Bergevin a de quoi se réjouir présentement. Si dans un passé pas si lointain, on le critiquait de toute part sur cette vision des choses dans la composition de sa brigade défensive, disons qu’aujourd’hui son top 4 lui donne raison. Espérons pour Montréal que la situation se poursuivra et que Price continuera sur sa belle lancée!