MONTRÉAL - C’est sur la glace que tout se décidera. Mais sur papier, le Canadien n’a pas été aussi prometteur à l’aube d’une saison depuis longtemps. Depuis très longtemps.

Après avoir tenté de modérer les attentes des partisans au fil des dernières années en se contentant de viser les séries, le Canadien doit déjà viser plus haut. Il doit même viser plus loin. Car non seulement l’entraîneur-chef Claude Julien a sous la main un club qui doit atteindre les séries, le Canadien peut se permettre de viser le carré d’as qui regroupera les champions des quatre nouvelles divisions formées dans le cadre d’une saison 2021 qui sera différente, mais ô combien enlevante.

Je sais : le camp d’entraînement écourté et l’absence de matchs préparatoires n’aidera en rien la cause du Tricolore qui greffera au moins sept nouveaux joueurs à sa formation cet hiver. Je sais aussi qu’un calendrier écourté de 56 matchs qui se succèderont à un rythme essoufflant déposera des tas de mines le long du parcours que devront sillonner les joueurs du Tricolore.

Mais quand même.

Les aléas, pièges et autres virus qui compliqueront la saison du Tricolore compliqueront aussi celles de ses six adversaires canadiens et des 24 autres qui patineront au sud de la frontière.

Perry et Frolik : réservistes de premier plan

Voilà pourquoi les dernières acquisitions de Marc Bergevin sont si importantes.

De la profondeur pour une saison écourtée

Corey Perry, embauché lundi matin, n’est plus un candidat au trophée Hart et Maurice Richard (50 buts en 82 matchs) qu’il a gagnés en 2010-2011. À 35 ans bien comptés et à l’aube de sa 16e saison dans la LNH, il n'a plus la vitesse et la fougue qui le caractérisait de son arrivée à Anaheim jusqu'à ses meilleures saisons. Il a peut-être aussi perdu un brin ou deux de sa touche de marqueur.

Mais Perry ne s’amène pas à Montréal pour assumer une place régulière au sein des trois premiers trios du Canadien. Il s’amène à Montréal à titre de police d’assurance. Il s’amène à Montréal pour remplir un rôle de soutien sur la glace et amener du leadership dans le vestiaire. Il pourra aider de temps en temps lorsque l’attaque massive aura besoin d’un petit survoltage. Il pourra rester en maraude au sein d’un quatrième trio et même sur la galerie de presse d’où il suivra sans doute plusieurs matchs si tout le monde reste en santé et ainsi offrir une option de plus à Claude Julien pour ajuster le tir lors d’un match ou secouer la formation en cours de saison.

Corey Perry ne disputera sans doute pas les 56 matchs du Canadien. De fait, ce serait une bien vilaine nouvelle s’il devait disputer toutes les rencontres. Car cela voudrait dire que Brendan Gallagher ou un autre ailier droit de premier plan serait sur la touche en raison d’une blessure, de la damnée COVID-19, ou enlisé dans une profonde léthargie.

Mais lorsque Corey Perry sera inséré au sein de la formation, peu importe le rôle qui lui sera confié, c’est un vrai joueur de la LNH qui sautera sur la patinoire et non un joueur solide dans la Ligue américaine, mais qui n’a jamais été capable de s’installer dans la LNH.

Et ça, c’est une grosse différence.

Ce qui est vrai pour Perry qui débarque à Montréal l’est tout autant pour Michael Frolik.

Ces deux joueurs ont accepté des contrats de 750 000 $ pour venir se greffer à la formation que Marc Bergevin avait déjà pas mal améliorée au fil des dernières semaines.

Il faudra que le Canadien jongle avec quelques millions pour respecter le plafond salarial qu’il dépasse présentement. Il a jusqu’au 12 janvier pour le faire. Et ce devrait être facile d’y arriver.

Cela dit, attendez-vous à ce que tous les joueurs qui n’ont pas à être soumis au ballottage avant d’être cédés dans les mineures et ceux qui auront été boudés par les 30 autres formations multiplient les aller-retour entre Montréal et Laval chaque fois que le Canadien ne jouera pas.

Car ces renvois, bien que techniques alors que les joueurs n’auront pas à se rendre à l’extrémité nord de la ligne orange jusqu’à la Place Bell, à Laval, permettront de sauver quelques dollars sous le plafond en cours de saison.

Réguliers hier, sur le «Taxi Squad» demain

Corey Perry et Michael Frolik s’ajoutent à Josh Anderson – acquis des Blue Jackets de Columbus en retour de Max Domi – et Tyler Toffoli embauché à titre de joueur autonome au sein du renouveau offensif du Canadien.

Loin de moi la prétention d’avoir en main les meilleures combinaisons qui permettront à l’attaque du Canadien d’enfin donner des avances à Carey Price.

Mais disons que les trios ressemblent à ceci :

Drouin – Suzuki – Anderson

Tatar – Danault – Gallagher

Toffoli – Kotkaniemi – Armia

Byron – Evans – Lehkonen

Ça laisse Perry, Frolik et Weal – qu’on ne verra plus jamais du moins, espérons-le, au sein de l’attaque massive – pour venir en relève. Sans oublier Ryan Poehling qui aura bien des choses à se faire pardonner cette année. Il devrait arriver en bien meilleure forme dès le 3 janvier qu’il ne l’était l’été dernier. Ça lui permettra peut-être de brouiller les cartes au sein d’un quatrième trio. Mais que cela arrive ou non, il moussera la profondeur que Marc Bergevin s’est offerte en attaque au cours des dernières semaines. Une profondeur qu’il n’avait jamais offerte à ses coachs depuis qu’il est débarqué comme directeur général du Canadien.

L’acquisition de Joel Edmundson et l’entrée en scène plus qu’attendue d’Alexander Romanov entraîneront exactement le même genre d’amélioration au sein de la brigade de défensive.

Disons que les duos seront les suivants :

Chiarot – Petry

Romanov – Weber

Edmundson – Kulak

Cela placera un gars comme Victor Mete là où il devrait être : c’est-à-dire dans un rôle de releveur derrière des gars comme Cale Fleury, Noah Juulsen et Xavier Ouellet. Dans un passé pas très lointain, ces quatre releveurs potentiels à la Ligne bleue auraient pu être d’une formation partante du Canadien.

Les voilà au sein du «Taxi Squad».

Si Romanov est moins prêt qu’on l’anticipe à faire le saut dans la LNH, Ouellet ou Mete, selon les besoins du moment, pourront venir en relève. Sans oublier que Fleury, qui a déjà une demi-saison d’expérience dans la LNH, serait très en mesure d’assumer un rôle au sein du troisième duo.

Devant le filet : même amélioration alors que Jake Allen devrait donner des chances de gagner à son équipe chaque fois qu’il viendra en relève à Carey Price – entre 15 ou 20 matchs – alors que ses prédécesseurs dans le rôle d’adjoint ont trop souvent moussé les chances de défaites de l’équipe lorsqu’ils étaient devant le filet au lieu d’inspirer ne serait-ce qu’un brin de confiance.

Les séries : de simple souhait à obligation

Quand on regarde la division canadienne, il est difficile de pointer du doigt le club qui devrait terminer au tout premier rang.

Vrai que les Leafs auront encore cette année une attaque redoutable. Mais cette équipe a encore de grosses brèches à remplir en défensive.

Les Oilers seront encore très solides à l’attaque. Les Flames seront meilleurs tout court maintenant que Jacob Markström devrait protéger des avances au lieu de les gaspiller.

Il est difficile de balayer du revers de la main les Jets malgré la timidité de leur défensive et bien qu’ils soient encore bien jeunes, les Canucks peuvent surprendre.

Tout ça pour dire que si l’on fait exception des Sénateurs d’Ottawa qui sont les parents pauvres encore cette année dans la division nord, le Canadien est aussi fort que tous ses rivaux.

Non seulement doit-il accéder aux séries, mais il peut viser la première place de la division au même titre que les Leafs, les Flames, les Oilers et, avec moins de ferveur, les Jets et les Canucks.

Cette place en série voire la toute première position de la division ne sera pas suffisante. Car l’équipe régulière que Marc Bergevin a concoctée et les réservistes que le directeur général a su attirer à Montréal font du Canadien un club qui peut vraiment, du moins à mes yeux, viser une place au sein du carré d’as en troisième ronde des séries.

Après? On verra.

Mais pour la première fois depuis très longtemps, depuis trop longtemps en fait, les séries ne doivent plus être un simple objectif. Elles sont d’ores et déjà une obligation.