Ce fut une longue envolée bien tranquille vers Montréal dimanche dernier. Pas désagréable du tout sur le plan du confort, de la douceur de la météo, de ce temps précieux pour travailler sur ceci et cela... Mais il y avait en toile de fond une lourdeur certaine, créée par ces trois défaites en quatre matchs pour le Canadien sur la côte ouest et par ce sentiment d'avoir raté une occasion en or de redorer la piètre fiche de l'équipe, contre quatre équipes qui étaient à sa portée. Le portrait fut complet quand en descendant de l'appareil nous avons été accueilli par ce vent glacial qui transperçait les os!

Dans cette perspective, le match de mardi au Centre Bell s'avérait une grande énigme. Quel genre de performance l'équipe allait-elle offrir à ses partisans? Quel genre de réaction allions-nous voir de la part de la foule au Centre Bell? Ce fut, en fin de compte, une très belle soirée. Une victoire décisive, Nick Suzuki qui connait un match du tonnerre, des applaudissements nourris, les « Olé Olé », la vague, bref, une très belle énergie qui prouvait hors de tout doute que les fans de l'équipe étaient prêts à retomber en amour avec leurs favoris, malgré le voyage décevant. Étonnant, dans une certaine mesure.

Mais 48 heures plus tard, le Canadien rouvrait les plaies à peine refermées avec une performance plus que tiède contre les frustrants Islanders de New York. Et voilà que la fiche de 3-9 revenait créer une cassure brutale dans le lien de confiance entre l'équipe et ses supporteurs.

Puis vint cette première période endiablée contre Vegas samedi soir. 20 tirs au but, 13 autres lancers vers le filet, Suzuki qui en rajoute, Toffoli qui ressemble au joueur de la dernière saison, Gallagher qui fonce vers tout ce qui bouge et encore une fois, une foule qui ne met que quelques secondes à retrouver son entrain, sa bonne humeur, j'oserais même dire son amour et sa foi! Puis vint la deuxième période, un autre effondrement, des erreurs de couverture en défense, un Jake Allen peut-être un peu endormi par les 20 premières minutes, des erreurs qui se paient « cash » comme dirait Dominique Ducharme, des mauvaises pénalités, deux autres buts accordés en infériorité, une quantité industrielle de tirs qui n'atteignent pas la cible, des filets ouverts ratés, autrement dit, un scénario connu depuis le début de la saison! Quel impact le triste revirement contre les Golden Knights aura-t-il sur la suite des choses? Combien de temps avant que le cordon soit rompu pour de bon?

Les partisans du CH n'ont probablement pas encore lancé la serviette, du moins pas complètement. Je dirais même qu'ils sont prêts à être reconquis. Malgré ce début de saison horrible et même si le retard sur les rivaux est déjà grand, il reste encore 69 matchs à disputer cette saison et plusieurs s'accrochent à cette réalité. N'oublions pas, par ailleurs, que le public revient au Centre Bell après une longue absence et il est logique de croire qu'à la moindre étincelle, il est prêt à célébrer et à se faire entendre, à profiter au maximum d'une sortie hors du foyer.

Si le Canadien se replace un tant soit peu, surtout si Carey Price revient en bonne forme, plus tôt que plus tard, il aura certainement une bonne base de support derrière lui. S'il poursuit sur son parcours en montagne russe, s'il retombe dans la mauvaise tendance de l'écroulement après un bon match, on aura tôt fait de retrouver les grognements et les moqueries. À ce titre, les deux ou trois prochaines semaines seront déterminantes. Mais à 3-10, il se fait tard, très tard!

Jordan Love va-t-il profiter de l'occasion ?

Steve Young a été très patient, mais il a obtenu un jour l'occasion de commencer un match pour les 49ers de San Francisco. Joe Montana s'est retrouvé à Kansas City peu de temps après. Tom Brady a été patient, mais un jour il est venu en relève à Drew Bledsoe chez les Patriots et il n'a jamais perdu son poste par la suite. Un jour, Brett Favre s'est blessé et après une longue attente sur les lignes de côté, Aaron Rodgers a assuré une relève suffisamment convaincante pour que les Packers laissent partir Favre et donnent à Rodgers le poste de partant à compter de 2008. Jordan Love va-t-il écrire la même histoire ce dimanche à Kansas City ?

Difficile à dire, mais la porte est grande ouverte pour Love. L'opportunité d'être le partant des Packers contre les Chiefs arrive de façon inattendue, certes, mais s'il le veut, il peut faire un énoncé majeur.

Les Packers roulent à un train d'enfer après avoir perdu leur premier match de la saison et il y a donc un contexte gagnant au sein de l'équipe. Par ailleurs, la plupart des observateurs s'attendent à voir Rodgers ailleurs la saison prochaine et un bon départ pour Love à KC pourrait s'avérer un très grand soulagement pour la direction et les partisans à Green Bay. Et, avouons-le, le quart étoile n'a pas vraiment aidé sa cause avec son histoire d'immunité par produits naturels, surtout en cachant une partie de la vérité en début de saison.

Les Packers de Green Bay ont-ils une meilleure chance d'aller loin en séries avec Aaron Rodgers comme quart-arrière partant? Bien sûr que oui. Mais pour le jeune Jordan Love, qui vient à peine d'avoir 23 ans, c'est une occasion en or de justifier sa sélection en première ronde, en 2020. Et de pousser Rodgers vers la sortie. Et donc, de s'emparer du poste de quart de l'une des franchises les plus mythiques dans la NFL, dès la saison prochaine!