MONTRÉAL – Déjà que le repêchage 2021 s’annonce très particulier en raison des évaluations virtuelles – en grande partie – et du grand déséquilibre pour les matchs joués par les espoirs, le Canadien parle désormais à la fin des rondes et il pourrait voir son capitaine, Shea Weber, se retirer. 

Ça fait plusieurs éléments à considérer pour le Tricolore qui dispose de 11 sélections en vue de ce repêchage qui aura lieu, vendredi et samedi, de manière virtuelle pour une deuxième année consécutive. 

Voilà un nombre intéressant, mais quelques bémols s’imposent. D’abord, le Canadien a déjà sélectionné 29 joueurs au cours des trois repêchages précédents. De plus, dans une saison atypique, la valeur de chaque choix n’est sans doute pas aussi élevée.

Prêchant pour sa paroisse, Trevor Timmins préfère aborder le tout positivement. 

« On a l’impression qu’on pourra frapper des circuits durant le repêchage. On a fait de notre mieux pour retourner encore plus loin dans l’historique des joueurs. On croit que des joueurs vont échapper aux autres équipes », a soutenu Timmins alors que ça n’a pas été sa force aux commandes de ce département. 

En devant patienter jusqu’à la 30e sélection – car Arizona s’est fait retirer son choix – le Canadien ne pourra pas s’approprier les services d’un espoir qui aspire sous peu à la LNH. 

« On trouve que quelques joueurs ont une valeur similaire autour de ce rang comparativement à quand on choisit dans le top-10, on espère qu’ils seront disponibles à notre tour », a indiqué Timmins qui serait moins déçu de se faire ravir un espoir tout juste avant de se prononcer. 

Souvent, le repêchage sert à garnir son organisation des meilleurs espoirs. Mais, dans certains contextes, un club tente plutôt de combler certaines lacunes. Le Canadien l’a bien prouvé en 2018 avec la sélection hâtive de Jesperi Kotkaniemi – et cinq autres joueurs de centre - alors que le club manquait de talent à cette position. 

« Pour Carey, on a parié, mais on était confortable »

Puisque Weber est très amoché et que Cale Fleury a été retenu par Seattle, le Canadien ne peut que se fier sur deux défenseurs droitiers (Jeff Petry et Josh Brook) dans son organisation. Il y a fort à parier que le Canadien voudra en faire le plein quand la sélection se justifie. 

« On peut regarder notre organigramme et notre relève. On veut toujours choisir le meilleur joueur, mais on veut également combler certains trous », a reconnu Timmins. 

« On ne peut pas remplacer Weber avec les joueurs du repêchage. Ces espoirs ont besoin de temps et encore plus quand on repêche tard dans les rondes. Cole (Caufield) et Kotkaniemi étaient de hauts choix et ils ont fait leur arrivée avec nous plus vite », a rappelé Timmins. 

Cela dit, Bergevin travaillera sans doute très fort pour échanger deux ou trois sélections contre un choix plus élevé afin de choisir un défenseur droitier. 

Comment se démêler dans les rondes tardives ? 

« Plusieurs talents glisseront en rondes tardives »

À défaut d’exceller pour quelques choix de première ronde au fil des ans, Timmins s’est parfois repris avec des sélections tardives. Cette fois, les rondes trois à sept apparaissent encore plus périlleuses avec l’échantillonnage réduit de parties. 

Est-ce que Timmins serait ainsi tenté de se tourner davantage vers la LHJMQ qui a été en mesure de présenter une saison et des séries ? 

« Si tu as obtenu de bonnes informations et que ta projection est exacte, les choix tardifs auront beaucoup de valeur. Ceci est valide pour n’importe quelle ligue. Probablement plus que les années précédentes vu que des gars vont glisser là. Par contre, il y aura sans doute moins de joueurs de la LHJMQ qui vont glisser que ceux de l’OHL », a réagi Timmins qui semble prêt à déceler quelques diamants bien cachés. 

« C'est probablement la fin pour Shea »

Parlant du circuit ontarien, qui a été freiné en 2020-2021, une chance que les recruteurs ont pu épier les meilleurs espoirs lors du tournoi U18. 

« Mais plusieurs joueurs n’ont pas pu jouer cette année et ils vont atteindre le niveau professionnel. On a fait de notre mieux, on a des recruteurs expérimentés. Bien des joueurs n’ont pas joué depuis 16 mois et tellement de choses peuvent changer chez un jeune homme durant une telle période », a convenu Timmins qui en a profité pour féliciter tous les acteurs de la LHJMQ qui ont contribué à la tenue de la saison. 

Puisque le CH a repêché plus souvent qu’à son tour depuis trois ans, Timmins risque d’opter quelques fois pour des sélections dans la NCAA et de l’Europe. Les règlements permettent au club de les évaluer plus longtemps avant de parapher un contrat avec eux. 

Timmins préfère un mode hybride de recrutement

Yannick St-Pierre : un atout de marque

D’ici quatre à cinq ans, on pourra dire si Timmins avait raison d’être positif en parlant des conditions virtuelles venues chambouler son métier. D’après ses dires, le Canadien s’est ajusté cette année et il en retient quelques bénéfices comme celui de procéder à une réunion avec ses recruteurs sans les faire voyager ou effectuer de plus longues entrevues avec les espoirs. 

« Cet été, on a aussi embauché un recruteur vidéo, Yannick St-Pierre, qui a accompli un boulot formidable pour nous. [...] On a aussi accès à beaucoup plus de séquences vidéos qu’auparavant. Je parle même d’il y a cinq ans, ce n’est pas comparable et c’est la même chose pour les statistiques avancées, ça change vraiment la donne », a commenté Timmins. 

Le portrait sonnait très positif alors que plusieurs recruteurs ont confié au RDS.ca qu’ils ont dû modifier leurs évaluations de certains joueurs après avoir pu les voir jouer en présentiel. 

« Je suis bien au fait de ça, j’ai vu des joueurs en vidéo et ensuite en personne ce qui m’a permis de déceler plusieurs détails supplémentaires que je ne pouvais pas voir virtuellement. Dans un monde idéal, je crois que ça prend une combinaison des deux méthodes. Tu vas commettre quelques erreurs uniquement par vidéo », a répondu Timmins. 

Un autre élément qui vient aider le recruteur et le Canadien, c’est l’ajout des Lions de Trois-Rivières dans l’ECHL. 

« Oh, c’est merveilleux pour toute l’organisation. On pourra embaucher des joueurs qui n’ont pas été repêchés ou qui sont plus âgés pour leur donner une chance de se développer et se rendre dans la LNH. David Desharnais demeure le plus bel exemple. On essaie d’en trouver d’autres », a relevé Timmins. 

L’occasion était belle pour obtenir son avis sur le développement de Caufield et Kotkaniemi qui ne s’effectue pas à la même vitesse. 

« On ne remplace pas un Shea Weber avec un choix de repêchage »

« L’entraînement physique est crucial tout comme la nutrition (pour les joueurs au physique plus allongé comme Kotkaniemi). Ça peut leur prendre plus de temps et il est aussi très jeune. Il n’a pas atteint nos projections pour l’instant », a cerné Timmins. 

« On est juste heureux et chanceux d’avoir pu le choisir à notre tour. Je le taquine souvent à propos de l’immense sundae qu’il avait commandé comme dessert quand on avait mangé avec lui. Il y avait le chocolat et le caramel, la totale ! », a rigolé Timmins qui a souligné sa progression sans la rondelle et en zone défensive depuis le repêchage.