Une défaite et la planète québécoise de hockey s'enflamme. Les fans manifestent déjà de l'inquiétude. Les médias analysent, décortiquent et tirent déjà des conclusions. Un quotidien a même fait son premier bulletin du Canadien après trois parties. Après trois parties, vous y pensez?

Bon, d'accord, ce n'était pas très beau à regarder ce qu'on a vu à Tampa, surtout après avoir été gâté par un spectacle plutôt excitant au cours des trois matchs précédents. Mais ça reste un match sur 82.

Des défaites qu'on aura du mal à digérer, il y en aura d'autres cette saison. Ici comme dans toutes les villes de la ligue, d'ailleurs.

Le savon servi par le Lightning est même une très bonne chose. Cela contribue à ramener tout le monde sur terre. C'est si facile de s'emballer quand tout va bien. Je parle des joueurs, évidemment. Les entraîneurs, eux, savaient que dans ces victoires, ce n'était pas aussi rose que ça en avait l'air.

Pas un seul soir l'équipe a commencé le match à la même heure que ses rivaux. Pas une seule fois les entraîneurs n'ont pas appréhendé le pire. Dans l'Association Est, la majorité des formations sont de force quasi égale. La preuve, c'est que les Islanders viennent de battre les Rangers, que Toronto a vaincu l'Avalanche et que les Devils ont battu Tampa. On ne peut pas prendre les choses légèrement contre Toronto, Washington, Philadelphie et Tampa et espérer s'en sortir grâce à une poussée de dernière minute.

Les partisans, qui digèrent mal l'affront subi à Tampa, n'auraient pas accepté davantage la situation si le Canadien était revenu à la maison avec quatre victoires en banque pour se faire réveiller de la plus brutale des façons par les Bruins de Boston lors du match inaugural de jeudi. On ne peut jamais surfer très longtemps sur un succès aussi fragile.

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Il y a énormément de travail à faire pour que cet étonnant début de saison reste fructueux. L'équipe n'a pas marqué en avantage numérique, en saison régulière, depuis mars dernier. Michel Therrien et tous ses adjoints feront de cet inquiétant problème une priorité, personne n'en doute. C'est à eux qu'il appartient de trouver rapidement des solutions. Après tout, ne sont-ils pas payés pour cela?

Malgré tout, il ne faut pas s'inquiéter outre mesure de ce qui vient de se passer. Le Canadien est talentueux, mais comme on l'a souvent mentionné, l'organisation est encore très loin d'une coupe Stanley. Il faudra s'en souvenir quand l'équipe partira une nouvelle fois à l'épouvante. C'est une formation vulnérable, à la merci du moindre coup dur. Voilà pourquoi elle ne peut pas se permettre de jouer avec le feu comme elle vient de le faire.

C'est plutôt étonnant que le Canadien ait remporté trois victoires en quatre matchs sur la route quand si peu de joueurs ont contribué à ce succès totalement imprévu. Pas moins de neuf attaquants sont encore en quête d'un premier but à la régulière. Parmi les pires, il y a Rene Bourque et Lars Eller qui n'ont pas amassé un seul point, tout en présentant un différentiel de moins 6. C'est ce qu'on appelle se cacher derrière le succès de leurs coéquipiers.

À cela, il faut ajouter la faible contribution de Jiri Sekac qui est en train de réaliser que la KHL n'a rien de commun avec la Ligue nationale. Utilisé régulièrement, il n'a obtenu que deux tirs au but. Il a toutefois l'excuse de devoir s'adapter au style nord-américain et aux patinoires de plus petites dimensions. Il faudra être patient avec lui, même si ce n'est pas la marque de commerce de l'entraîneur.

Quel genre de départ le Canadien aurait-il connu sans les quatre buts de Plekanec, sans la contribution des Gallagher, Parenteau et Galchenyuk, sans l'appui offensif du duo Markov-Subban et sans la remarquable efficacité de Malhotra durant les infériorités numériques et les remises en jeu?

Ce début de saison a fait ressortir un autre facteur inquiétant. Les problèmes à la ligne bleue sont loin d'être réglés. Quand Mike Weaver ressemble très peu au défenseur de l'an dernier, quand Tom Gilbert est un pâle reflet de ce qu'on nous avait annoncé et quand on doit intégrer deux vertes recrues pour appuyer ceux dont on n'est encore certain de rien, on se dit qu'il faudra que Carey Price se donne des allures de sauveur en attendant que tous les morceaux de l'échiquier tombent en place.

Price a été victime d'une dizaine de buts jusqu'ici, principalement parce qu'on l'a abandonné à lui-même chaque fois qu'il a été appelé à commencer un match. On ne connaît pas beaucoup de gardiens qui peuvent tenir le fort très longtemps dans ce genre de circonstances. Par contre, s'il y en a un dont il ne faut pas s'inquiéter, c'est sûrement lui.

Les Bruins de Boston s'amènent au Centre Bell demain. D'ici là, joueurs et entraîneurs auront eu le temps de se parler dans les yeux. Il faut s'attendre à ce que le spectacle soit infiniment supérieur à celui de Tampa. Sinon, ça voudra dire qu'ils n'auront rien retenu de la dégelée qu'ils viennent de subir.

Chapeau Anthony

Il y a eu beaucoup d'émotion dans la foule et sur le terrain quand les Alouettes ont retiré le dossard numéro 13 d'Anthony Calvillo. Cette émotion était peut-être motivée par une certaine nostalgie. En effet, quand reverra-t-on un autre joueur de son envergure et de sa classe dans cet uniforme? Qui pourra un jour chausser les souliers à crampons d'un tel rassembleur et s'assurer que les Alouettes maintiennent des standards de qualité?

Ceux qui ont joué à ses côtés n'ont rien oublié de ce que Calvillo leur a apporté. Il a eu un impact certain sur ses anciens coéquipiers. À l'instar de tous les grands leaders de leur sport, il a contribué à les rendre meilleurs.

Calvillo est un monsieur qui a fait de Montréal, avec sa femme et leurs deux filles, son chez-soi. Pas question de retourner vivre en Californie où, dans un milieu dur et parfois sans merci, il a résisté à la tentation de glisser sur une mauvaise pente quand il avait l'âge d'être influençable. Son enfance n'a pas été de tout repos. Son père a été un homme violent avec lequel il a eu peu de contact. Son frère aîné, membre d'un gang de rue, a purgé une sentence de huit ans en prison avant de se réhabiliter. Calvillo, lui, a été ce qu'il est encore aujourd'hui : un homme droit et honnête.

Le football a été son échappatoire, une école de vie. Parce qu'il avait un talent certain pour ce sport, il a connu une carrière au-delà de toute espérance qui le conduira assurément au Panthéon du football canadien.

Si Calvillo avait brillé à Montréal avec des patins aux pieds, il aurait été un joueur beaucoup plus adulé, beaucoup plus applaudi. Il avait tout de l'athlète complet : une attitude exemplaire, du sérieux à l'entraînement, une préparation méthodique à chaque match et un profond respect pour le public. Parce qu'il a été impliqué dans un sport autre que le hockey, on ne réalise pas vraiment à quel point il a été un des grands athlètes à se produire à Montréal et au Québec.

Un homme humble et près des gens, Calvillo verra à ne pas se faire oublier car il a l'intention de continuer à s'impliquer dans la communauté tout en retournant sur le terrain comme coach l'an prochain.

Vous êtes effectivement chez vous, Monsieur Calvillo. Vous avez royalement mérité votre statut de Montréalais d'adoption.