Piège évité, avance doublée!
Canadiens samedi, 5 juin 2021. 07:21 jeudi, 24 oct. 2024. 07:00MONTRÉAL - Avec Mark Scheifele suspendu pour quatre matchs, avec Paul Stastny incapable de reprendre sa place au sein de la formation, avec Blake Wheeler et Pierre-Luc Dubois invisibles lors du premier match, avec la défense déjà vulnérable qui l’était plus encore en raison de la blessure subie par Dylan DeMelo qui se dressait devant lui, tout semblait beau pour le Canadien à l’aube du deuxième match de la finale canadienne.
Ajoutez à tous ces avantages indéniables le fait que le Tricolore est porté en triomphe depuis une semaine par des partisans et des observateurs qui le lapidaient de critiques une semaine plus tôt et tout semblait vraiment beau à l’aube de ce deuxième match disputé vendredi soir, à Winnipeg, face aux Jets.
Peut-être même un brin trop beau.
Car c’est justement parce que ce club nous a habitués à s’écraser quand il est louangé, quand les choses semblent aller si bien qu’il est soudainement favorisé pour gagner plutôt que condamné à perdre, que j’anticipais un match difficile.
J’anticipais même un piège. Le genre de piège dans lequel tu ne réalises pas avoir mis les pieds avant qu’il ne soit trop tard pour pouvoir t’en échapper.
À lire également
Le genre de piège dans lequel le Canadien s’est aventuré au cours d’une première période durant laquelle les joueurs du Tricolore et leurs adversaires des Jets se sont toisés bien plus qu’ils se sont affrontés.
Au premier tiers, le Canadien avait l’air de tout sauf du club qui devait l’emporter facilement. Les Jets n’étaient pas plus menaçants il faut dire.
Mais lorsque Paul Byron s’est fait chasser pour un bâton brandi au visage d’Adam Lowry, j’ai vu poindre le début d’une menace qui pourrait faire tourner le match en faveur des Jets.
C’est tout le contraire qui s’est passé.
Car non seulement, l’attaque massive des Jets amputée qu’elle était de son meilleur élément en Mark Scheifele n’a rien généré à l’attaque, elle s’est fait poivrer un but marqué en désavantage numérique par Tyler Toffoli.
Ce but a fait toute la différence comme l’a ironisé Blake Wheeler qui n’a visiblement pas aimé la question d’un collègue de Winnipeg qui lui demandait si le but de Toffoli était le point tournant du match.
« On vient de perdre par un but et ils ont marqué en désavantage numérique. Il me semble que ça ne prend pas un génie pour comprendre qu’il s’agit du point du tournant de la partie », a vociféré le capitaine des Jets.
Price intimidant
Wheeler avait un peu raison. Cela dit, pour qu’un but assure la différence dans un match, il faut que le gardien victorieux soit en mesure de protéger cette mince avance. Ce que Carey Price a fait encore vendredi.
Avec la confiance, l’aisance et l’aplomb qu’il affiche depuis le début des séries, Price a repoussé les 30 tirs des Jets. Les 14 reçus en troisième période ont tous été plus dangereux que les huit affrontés au premier tiers et en période médiane. Et ces arrêts en cascade ont tout autant marqué le match que le but en désavantage numérique de Toffoli. Ils ont d’ailleurs permis à Price de signer son huitième jeu blanc en carrière en série.
Loin d’avoir disputé un match spectaculaire, le Canadien a disputé un match efficace. Il a été patient. Il a fermé le jeu. Pour avancer en séries, il faut être capable de gagner de bien des façons. Et c’est exactement ce que le Canadien a fait hier. Il a gagné un vrai match de route. Un match au cours duquel tu protèges tes acquis au lieu de prendre la chance de les perdre.
Il s’en est peut-être remis un brin trop à son gardien en troisième période, mais quand tu profites d’un gardien intraitable comme Carey Price l’est présentement, c’est un brin normal de s’en remettre à lui.
Vers un balayage?
Fort du but de Tyler Toffoli, fort des arrêts de Carey Price, fort de l’efficacité de Phillip Danault, Brendan Gallagher et Artturi Lehkonen qui a remplacé à merveille Jake Evans au sein d’un trio qui a encore gardé les meilleurs éléments offensifs de l’autre camp hors d’état de nuire, fort d’une autre partie solide des Perry, Armia et Staal, sans oublier les jeunes qui ont forcé Connor Hellebuyck à réaliser de gros arrêts pour garder son club dans le coup, le Canadien a ainsi non seulement évité le piège qui se dressait devant lui, mais voilà qu’il a doublé son avance dans une série qu’il pourrait balayer avec des victoires dimanche et lundi au Centre Bell.
Bon! Avant de parler de balayage, il serait bon de simplement se concentrer sur la prochaine partie. J’en conviens.
Mais le Canadien vient de coller cinq victoires consécutives. Un exploit qu’il n’avait pas offert à ses partisans à ses 282 derniers matchs, soit depuis le 2 décembre 2017 alors qu’il avait battu les Red Wings de Detroit 10-1.
Le Canadien vient aussi de compléter un cinquième match de suite au cours duquel il n’a jamais tiré de l’arrière. Ce qui représente une séquence de 316 min 14 s puisque deux de ces matchs se sont décidés en prolongation.
Il faut remonter aux séries éliminatoires de 2012 pour retracer une telle séquence alors que les Kings de Los Angeles avaient disputé cinq matchs consécutifs sans avoir tiré de l’arrière. Il faut dire que les Kings avaient été intraitables il y a neuf ans alors qu’ils n’avaient encaissé que quatre défaites en 20 matchs : une contre les Canucks en première ronde, une contre les Coyotes en finale d’association et deux contre les Devils du New Jersey en finale de la coupe Stanley. Ils avaient balayé les Blues en deuxième ronde.
Malgré ses récents succès, malgré la tenue magistrale de son gardien, le Canadien est loin d’être aussi dominant que les Kings l’étaient lors de la première conquête de la coupe Stanley de leur histoire. La première de deux conquêtes célébrées en trois ans.
J’ai d’ailleurs hâte de voir comment Price, ses coéquipiers et leur entraîneur-chef qui impressionne depuis le début de série se braqueront lorsque les choses cesseront d’aller de leur côté.
Car le vent devrait bien tourner en faveur des Jets un moment donné. Oui? Non? Peut-être?
Des Jets optimistes malgré tout
Une chose est certaine, chez les Jets on regarde les deux prochains matchs avec un regard rempli d’optimismes.
« Nous avons été meilleurs ce soir que nous l’avions été lors du premier match. On a mieux protégé notre gardien. On a passé moins de temps dans notre zone. On a généré de bonnes occasions et il faudra trouver une façon de les transformer en buts. Mais nous avons été meilleurs sur la route (17-10-1) qu’à la maison (13-13-2) cette saison ce qui est un facteur positif », a mentionné l’entraîneur-chef Paul Maurice.
« On a passé la presque totalité de la troisième période dans leur territoire. C’est certainement une source de satisfaction et de confiance pour notre groupe », a aussi répliqué Blake Wheeler à qui un collègue a demandé ce qu’il trouvait de positif dans un revers de 1-0.
« On s’en va à Montréal pour y disputer deux matchs en deux jours. Le Canadien a amorcé la série avec l’énergie de leur remontée victorieuse contre Toronto en première ronde. Mais cette série s’est rendue à la limite. La fatigue va les rattraper un moment donné. Surtout leurs quatre principaux défenseurs qui jouent beaucoup. Le fait que nous soyons plus reposés et qu’ils soient plus fatigués entrera en jeu. Ce sera à nous d’en profiter », a ajouté Andrew Copp.
Les Jets peuvent aussi puiser dans leur histoire récente pour trouver un autre facteur de motivation. En 2019, après avoir perdu les deux premiers matchs de la série les opposant aux Blues, les Jets étaient ensuite allés gagner deux fois de suite à St Louis pour égaler la série... avant d’être évincés de la première ronde par les Blues qui ont finalement gagné la série en six matchs.
« La majorité des gars qui ont vécu cette remontée contre St Louis il y a deux ans sont encore ici. Nous savons ce qu’il faut faire pour gagner. Nous nous sommes bien battus ce soir. Nous avons créé des chances. Il faudra trouver une façon de déjouer Carey Price, mais si on continue à jouer comme on l’a fait ce soir, les buts vont venir, j’en suis certain », que Nikolaj Ehlers philosophait après la rencontre.
Cela dit, les Maple Leafs de Toronto se disaient la même chose lorsque le Canadien a évité l’élimination lors du cinquième match de la série en première ronde.
Ils se disaient la même chose lorsque le Canadien a égalé la série lors du sixième match.
Maintenant qu’ils sont en vacances, ils ont tout le temps au monde pour remettre en question leur décision de s’en remettre au fait qu’ils allaient gagner un moment donné.
On verra ce que ça donnera dimanche.
Entre les lignes
- Cole Caufield a semblé avoir compris le message. Après s’être fait reprocher de trop jongler avec la rondelle en zone ennemie au lieu de profiter de la qualité de son tir, le jeune américain a obtenu cinq tirs sur Connor Hellebuyck vendredi soir.
- Cole Caufield et Jesperi Kotkaniemi ont obtenu 10 des 24 tirs du Canadien lors du deuxième match...
- Bien qu’il accomplisse du travail exemplaire en minimisant la production offensive des meilleurs attaquants adverses, Phillip Danault est toujours en quête d’un premier but en séries. Un but qu’il aurait pu marquer en fin de rencontre n’eut été de la glissade du défenseur Neal Pionk qui a réalisé un arrêt du bout du patin aux dépens du centre québécois alors que Connor Hellebuyck avait été rappelé au banc à la faveur d’un sixième attaquant...
- Les joueurs du Canadien ont bloqué 19 tirs des 60 tirs tentés par les Jets pour venir en aide à leur gardien Carey Price. Les joueurs des Jets les ont aussi aidés alors qu’ils ont été atteints par plusieurs rondelles alors qu’ils tentaient de compliquer la tâche du gardien du Canadien en lui voilant la vue...
- Les Jets ont distribué 49 mises en échec vendredi soir; 29 de plus que le Canadien...
- Carey Price a obtenu la première étoile du match pour une deuxième rencontre consécutive face aux Jets. Il a aussi reçu cet honneur dans trois des quatre gains qu’il a signés aux dépens des Maple Leafs en première ronde...