MONTRÉAL – Si la dernière saison de Jonathan Drouin nous a appris quelque chose, c’est qu’il vaut mieux se garder une petite gêne avant de tirer des conclusions trop hâtives.

 

Il y a un peu moins d’un an, Drouin était en voie d’éclipser facilement toutes les marques de référence qu’il avait établies jusque-là dans sa carrière. À la fin du moins de janvier, il avait déjà mis 50 points en banque. Avec encore un gros mois devant lui pour surpasser son sommet personnel, on était prêt à parler de grande éclosion, d’année charnière.

 

Tout le monde connaît la suite : l’électrisant attaquant a manqué de courant et s’est complètement éteint, ne grappillant que trois points à ses 18 dernières parties.

 

Pour cette raison, on ne blâmera personne de préférer respirer par le nez à la lecture des statistiques actuelles de Drouin. Avec ses deux buts en échappée samedi soir contre les Maple Leafs de Toronto, la Comète de Sainte-Agathe totalise dix points en onze rencontres. Jamais il n’a été aussi productif au mois d’octobre depuis son arrivée dans la Ligue nationale il y a déjà cinq ans.

 

Mais Claude Julien, qui n’a pourtant pas l’extrapolation facile, aime ce qu’il voit. Assez pour laisser entendre que Drouin, le troisième choix au total au repêchage de 2013, pourrait enfin être prêt à produire à la hauteur de son potentiel.   

 

« C’est pour ça qu’on dit souvent qu’on n’a pas le droit d’abandonner sur des joueurs qui sont encore jeunes, a dit Julien après la victoire de 5-2 des siens. Et Jonathan, je le considère encore comme un jeune joueur. Il y en a qui semblent capter les choses rapidement, il y en a d’autres pour qui ça prend un peu plus de temps. Ça n’a rien à voir avec l’intelligence parce qu’on sait que [Jonathan] est un joueur intelligent. C’est juste que tout le monde est différent. »

 

« Sans nécessairement parler de Jonathan, la patience des fois, c’est sûr que ça devient difficile par moments, mais quand tu vois le potentiel, tu te dis qu’à moment donné, il va comprendre et on va voir le résultat. Je pense que tranquillement, c’est ce qu’on voit de Jonathan. Il voit vraiment que ça rapporte et ça l’encourage à en faire encore plus », a ajouté Julien.

 

« C’est facile : pour moi, c’est juste de m’impliquer, a répondu Drouin quand on lui a demandé comment il expliquait ses succès. À chaque match, je veux être alentours de la rondelle, que ça soit en zone défensive ou en zone offensive. Je pense que je récupère plus de rondelle, je suis plus impliqué et je ne peux pas mentir, j’ai du plaisir à jouer. J’ai du fun et je pense que je ne suis pas tout seul. On a un bon groupe de joueurs ici. »

 

Après avoir passé le début de saison à la gauche de Jesperi Kotkaniemi, Drouin a été réuni cette semaine à Max Domi. Leur trio, complété par Joel Armia, s’est complètement moqué de l’unité de cinq qui devait lui servir d’opposition chez les Leafs.

 

« À date depuis le début de l’année, moi pis ‘Army’, on connecte. C’est sûr que moi pis Max, on a déjà connecté. Je ne suis pas inquiet que ces deux-là vont connecter aussi, raisonne Drouin. Max c’est un gars assez intelligent et Armia a l’air de marcher avec pas mal n’importe qui présentement. »

 

Armia en est un autre qui a commencé sa saison sur les chapeaux de roue. Il a six buts après neuf matchs, un rythme qui devrait lui permettre de surpasser aisément les 13 buts qu’il a réussis à sa première année à Montréal. Homme de peu de mots, le grand Finlandais a endossé d’un laconique « oui » la théorie voulant qu’il joue présentement le meilleur hockey de sa carrière.

 

« Évidemment, quand vous obtenez des chances et que vous mettez la rondelle dans le but, ou que vous créez des chances pour les autres, c’est bon pour la confiance. Et je dirais que c’est plus facile de jouer avec la confiance que sans elle », a expliqué Armia.

 

« Drouin voit le fruit de ses efforts »

« On a quand même aimé Joel l’an passé, a complimenté Julien. C’était un des rares joueurs qu’on avait avec un gros gabarit, des bonnes mains et très fort pour protéger la rondelle. On savait qu’il avait un bon lancer. Souvent, je lui disais la même chose : ‘Tu as peut-être une meilleure opportunité ici avec notre équipe [qu’à Winnipeg] de jouer sur des plus gros trios ou de jouer plus souvent; c’est à toi d’en tirer avantage’. »

 

« Je ne suis pas surpris, a renchéri Drouin. C’est un gars avec un talent extraordinaire. Il est sur la rondelle, c’est un des meilleurs sticks que j’ai vus pour récupérer la rondelle ou aller chercher quelque chose dans le coin, il est incroyable. Il ne reçoit pas beaucoup de crédit pour tout ce qu’il fait depuis le début de l’année, mais il en mérite. »

 

« Il a un bon début de saison jusqu’à date. Maintenant c’est de s’assurer qu’il soit régulier toute l’année », a bien résumé Julien.

 

Ce qu’ils ont dit...

 

« Les bonnes équipes dans la Ligue nationale, celles qui font les séries, elles n’en perdent pas trois de suite. Je pense que c’est une règle et on voulait éviter que ça nous arrive. »

-Jonathan Drouin

 

« Il est probablement le gars le plus talentueux avec qui j’ai jamais joué. »

-Joel Armia au sujet de Drouin

 

« J’aime autant avoir un gars qui a trop d’émotions et devoir le calmer qu’être obligé d’utiliser mon pied pour le faire avancer. »

-Claude Julien, questionné sur la combativité disciplinée de Max Domi et Brendan Gallagher

 

« Non. »

-Max Domi, à savoir s’il était surpris de ne pas avoir été puni après avoir jeté les gants devant Alexander Kerfoot.