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MONTRÉAL - Le Canadien est sorti de la patinoire la tête basse mercredi soir après une autre défaite en prolongation. Eh oui! Une autre...

 

C’était la cinquième jusqu’ici cette saison. La troisième aux mains des Jets de Winnipeg. La troisième encaissée par Dominique Ducharme depuis qu’il a pris la relève de Claude Julien derrière le banc du Tricolore il y a 11 matchs.

 

Si on ajoute à ces cinq défaites en prolongation, les trois revers encaissés en tirs de barrage, on est donc rendu à huit points que le Canadien a généreusement offerts à ses adversaires : les trois aux Jets, deux en tirs de barrage aux Canucks, un en prolongation et un autre en fusillade aux Sénateurs et un dernier en prolongation aux Maple Leafs lors du tout premier match de la saison.

 

Huit points donnés aux adversaires, c’est aussi huit points dont le Canadien s’est privé. Ce qui double les conséquences négatives d’une telle débandade dans le contexte où tu affrontes toujours des clubs qui se battent pour les mêmes quatre premières places au classement que toi.

 

Ce gaspillage fait donc bien mal au Tricolore. S’il n’arrive pas à corriger la tendance, ça pourrait finir par lui faire très mal puisque la combinaison de tous ces points offerts et inversement de tous ces points perdus aura un impact important dans le choix de l’adversaire en première ronde des séries. Sans oublier qu’elle pourrait finir par carrément compromettre sa place en séries.

 

Cela dit : ce n’est pas le point que le Canadien a offert et/ou perdu en prolongation mercredi qui retient la plus grosse partie de mon attention. C’est plutôt celui qu’il a trouvé le moyen d’aller chercher en poussant ce match en prolongation.

 

Car après un aussi affreux début de match, après une cascade d’erreurs en zone défensive, des erreurs qui ont directement mené aux trois premiers buts des Jets, la remontée effectuée au dernier tiers était loin d’être prévisible.

 

Vrai que les Jets ont levé le pied. À un moment donné, je croyais même qu’ils tentaient d’imiter le Canadien tant ils étaient amorphes et sur les talons. Tant ils jouaient pour éviter de perdre au lieu de jouer pour gagner.

 

Mais on doit donner au Canadien le mérite d’en avoir profité. Ça lui a permis de sauver le match. Bon! Il n’a sauvé qu’un point. Mais ce point lui a permis de sauver le voyage puisque le Canadien effectuera son envolée vers Montréal jeudi avec six points récoltés sur les 12 à l’enjeu dans sa série de six matchs dans l’Ouest.

 

Remarquez qu’il faudra bien trouver une manière d’en gagner ne serait qu’une petite...

 

Petry jongle, Ehlers marque

 

À défaut de marquer, le Canadien s’est offert une bonne occasion d’y arriver mercredi. C’est déjà une amélioration...

 

Dominique Ducharme a encore fait confiance à Phillip Danault pour qu’il puisse gagner la mise en jeu initiale. Il l’a gagnée. Ducharme a aussi fait confiance à Jeff Petry. Une décision qui va de soi. Pour compléter le trio, il a misé sur la vitesse de Paul Byron.

 

On peut débattre de la sélection de Byron.

 

Personnellement, j’aimerais mieux voir Anderson dès la première seconde de la prolongation. D’autres Tatar, d’autres Drouin, d’autres Gallagher, d’autres Suzuki et pourquoi pas Toffoli qui n’est certainement pas un marchand de vitesse, mais qui est quand bien même le meilleur marqueur du Canadien et le deuxième de la LNH au grand complet avec ses 18 buts.

 

Autant d’indécision démontre le manque de joueurs phares vers qui se tourner pour amorcer la prolongation.

 

C’est tout le contraire dans le camp des Jets. Paul Maurice a deux choix : le trio de Scheifele flanqué de Stastny et Wheeler, le trio de Dubois flanqué de Ehlers et Connor.

 

C’est comme avoir deux billets gagnants pour un seul et même tirage. Pas surprenant que les Jets aient signé mercredi leur sixième victoire en prolongation cette année.

 

Danault, Byron et Petry ont fait du bon boulot. Du moins en début de présence. Petry a d’ailleurs obtenu une excellente occasion de marquer alors qu’il a forcé Connor Hellebuyck à réaliser un très gros arrêt sur un tir de l’enclave.

 

Après, ça s’est gâché.

 

Au lieu de protéger la rondelle comme il se devait de le faire afin de permettre à Danault et Byron d’aller changer au banc, Petry a jonglé avec la rondelle. Il l’a perdue. Les Jets sont partis en contre-attaque avant que Drouin n’ait le temps de sauter sur la glace et au terme d’une descente à trois contre Toffoli et Price, Nikolaj Ehlers a marqué avec un bon tir. Il aurait aussi pu passer tant les options étaient nombreuses.

 

Meilleure chance la prochaine fois!

 

Effondrements collectifs

 

Les buts de Brendan Gallagher en début de troisième – le fougueux ailier a littéralement explosé à sa sortie du cercle des mises en jeu pour s’emparer de la rondelle et déjouer Connor Hellebuyck avant que le gardien ou ses coéquipiers des Jets n’aient eu le temps de comprendre ce qui se passait autour d’eux – et de Tyler Toffoli – il a marqué son 18e avec 85 secondes à faire alors que Carey Price avait été rappelé au banc à la faveur d’un sixième attaquant – ont poussé le match en prolongation.

 

Ce qui est très bien.

 

Mais ils ne peuvent faire contrepoids à tout ce que le Canadien a fait de mal et de très mal dans sa zone.

 

Sur le premier but, Jonathan Drouin perd la rondelle le long de la bande à droite de Price. Première erreur. Shea Weber semble ne pas savoir où donner de la tête alors que la rondelle lui passe entre les jambes et alors qu’il tourne d’un bord et ensuite de l’autre pour comprendre ce qui arrive. Deuxième erreur. Josh Anderson, pourtant si hargneux et efficace lundi soir, joue mollement la rondelle qui se retrouve sur la lame du bâton de Blake Wheeler. Troisième erreur. Carey Price est ensuite déjoué en dessous du bouclier.

 

ContentId(3.1385279):Dominique Ducharme : « Il fallait juste être plus patients » (Canadiens)
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Sur le deuxième, Alexander Romanov effectue une vilaine passe en direction de la pointe droite en direction de Gallagher. Ce dernier est mal placé pour recevoir la rondelle. Et comme cette dernière frappe la bande avant de le rejoindre, Gallagher la perd et les Jets en profitent pour reprendre la pression en zone du CH. Pendant que Connor, Ehlers et Dubois s’échangent la rondelle, Gallagher est lent à revenir aider ses défenseurs, Suzuki est plus lent encore et Xavier Ouellet renverse Carey Price alors qu’il tente de venir protéger l’enclave.

 

C’est 2-0 Jets!

 

Sur le troisième, c’est Jeff Petry qui effectue une passe suicide vers Brendan Gallagher. Gallagher fonce à l’attaque en regardant derrière lui. Il sait qu’il est vulnérable. En fait non : il est carrément en danger.

 

Rappelez-vous la mise en échec qu’Eric Gryba avait servie à Lars Eller quand le Canadien et les «Sens» se sont croisés en séries en 2013. Eller avait été blessé sur une sortie de zone très similaire en réception d’une passe de Raphael Diaz.

 

En se tournant, Gallagher voit qu’il sera frappé. Il perd l’équilibre d’abord et la rondelle ensuite. Les Jets reprennent l’attaque. Dubois reçoit la rondelle au centre de la zone du CH. Suzuki doit le marquer. Non seulement il ne le fait pas, mais le jeune centre permet à Dubois de revenir sur son côté fort au lieu de le garder sur son revers. Le Québécois tire au but. Connor qui a flairé la bonne occasion file vers l’enclave où il s’empare du retour en marque sous les yeux de Petry qui l’a échappé quelques secondes plus tôt.

 

Une autre cascade d’erreurs en zone défensive par le Canadien, un autre but des Jets.

 

On blâme souvent les défenseurs en les accusant de manquer d’originalité, voire tout simplement de talent lorsqu’ils se résignent à sortir la rondelle par les baies vitrées. Mais des fois, c’est tout ce que tes coéquipiers t’offrent comme option. Et tant qu’à perdre la rondelle en « viraillant » dans ta zone, tant qu’à tenter une passe qui a plus de chances de servir la cause de tes adversaires que tes coéquipiers, l’option du jeu simple s’impose d’elle-même.

 

Le Canadien n’a pas mis en application cet aspect du jeu mercredi. Avec les conséquences qu’on connaît.

 

Suzuki – Weber : au-delà les statistiques

 

Nick Suzuki disputait son centième match en carrière avec le Canadien mercredi soir. Déjà 100 matchs? Oui déjà. Mais ce match sera loin de passer à l’histoire tant le jeune centre a connu une soirée difficile face aux Jets.

 

En 25 présences totalisant un peu plus de 17 minutes de jeu, il a été blanchi et a terminé sa soirée de travail avec un différentiel de moins-3. Il a bien cadré deux des quatre tirs qu’il a tentés, mais il a aussi terminé sa soirée de travail avec six mises en jeu gagnées sur les 16 qu’il a disputées.

 

Inversement, les statistiques annoncent une grande performance de Shea Weber. Vingt-sept présences totalisant plus de 25 minutes d’utilisation, un différentiel de plus-3, sans oublier les quatre tirs cadrés sur les cinq tentés, les deux mises en échec et le tir bloqué. Des chiffres qui devraient faire largement contrepoids aux trois revirements que lui ont accolés les officiels mineurs à Winnipeg.

 

Et pourtant!

 

Le capitaine a connu un match bien difficile. Un autre. Et ça commence à en faire plusieurs.

 

Que Weber ait perdu de la vitesse, c’est normal. Ce qui l’est moins, voire pas du tout, c’est de le voir aussi égaré dans sa zone. De le voir parfois presque au dépourvu. Que Weber perde une course pour une rondelle libre, je peux comprendre. Je peux même accepter. Surtout s’il est mesure de se servir de son expérience pour reprendre ensuite le dessus.

 

Mais de voir Weber perdre des batailles le long de la bande ou autour du filet, ça, ça ne peut pas passer.

 

De voir Weber rater la cible lorsqu’il décoche des bombes pour tenter de marquer ça peut passer.

 

Mais de le voir bousiller des passes, surtout en zone défensive et de même le voir y aller de passe molle et imprécise alors que ses passes ont toujours eu la vitesse et la précision des missiles les plus performants, ça ne passe pas du tout.

 

Dire que Shea Weber en arrache présentement est un euphémisme.

 

Et contrairement à Nick Suzuki qui mérite qu’on lui offre un brin de temps pour se développer et deux brins de patience pour qu’il y arrive même s’il apprend peut-être plus lentement que tout le monde – lui le premier – le voudrait, le capitaine n’a pas droit à cette même dose de compréhension.

 

Pas avec sa réputation. Pas avec sa prestance. Pas avec tout ce qu’il est encore capable de donner. Car oui, je le crois encore capable de non seulement donner du gros hockey, mais je le crois encore capable d’être la pierre d’assise de la défensive. De l’équipe.

 

Shea Weber n’est pas juste le capitaine du Canadien. Il doit être celui sur qui ses coéquipiers peuvent compter quand les choses deviennent difficiles sur la patinoire.

 

Avec Ben Chiarot à l’écart pour six à huit semaines, c’est Weber qui devrait colmater une partie de la brèche en jouant mieux encore.

 

C’est le contraire qui arrive présentement.

 

Et le capitaine doit y voir. Rapidement. Car si Nick Suzuki – et vous pouvez ajouter ici les noms de Jesperi Kotkaniemi et même d’Alex Romanov – se développe lentement, il est clair que Shea Weber pour le moment déçoit grandement.

 

S’il est blessé, qu’on nous le dise!

 

Entre les lignes

 

  • Avec leur victoire de mercredi aux dépens du Canadien, les Jets n’ont toujours pas encaissé deux revers consécutifs en temps réglementaire cette saison. De fait, ils n’ont encaissé deux revers de suite qu’une fois jusqu’ici cette année : un revers de 4-1 aux mains des Canucks le 30 janvier, suivi d’une défaite de 4-3 en tirs de barrage contre les Flames...

 

  • Inversement, le Canadien n’a pas signé deux victoires consécutives depuis les 1er et 2 février alors qu’il avait battu les Canucks 6-2 et 5-3 au Centre Bell. Depuis ces victoires, le Tricolore s’est contenté de six gains en 19 parties (6-7-4-2)...

 

  • En plus d’amorcer la remontée du Canadien en début de troisième période avec son 11e but de la saison, Brendan Gallagher a aussi inscrit son 184e en carrière. Ce but lui a permis de rejoindre Vincent Damphousse au 28e rang des marqueurs de l’histoire du Tricolore. L’ancien capitaine a marqué ses 184 buts en 519 matchs dans l’uniforme bleublanc-rouge. Malgré un talent moins aiguisé que celui de Damphousse, Gallagher l’a rejoint en 576 parties...

 

  • Après avoir patienté jusqu’à son 25e match de la saison avant de marquer son premier but, Phillip Danault a récidivé en quatre. Le centre québécois a disputé une bonne partie à Winnipeg alors que Brendan Gallagher est venu les rejoindre lui et Tomas Tatar après les chambardements de trios – Perry a remplacé Gallagher à la droite de Suzuki et Armia a été rétrogradé au quatrième trio – effectués par Dominique Ducharme en troisième période...

 

  • Le Canadien a comblé un recul de deux buts pour la quatrième fois seulement cette saison. Il est toutefois toujours en quête d’une première remontée gagnante. Le 4 mars, au Centre Bell, il avait comblé un recul de 0-2 pour ensuite s’incliner 3-2 aux mains des Jets. Il a aussi perdu 5-3 contre Toronto le 20 février et 5-4 en tirs de barrage trois jours plus tard à Ottawa...

 

  • Avec les deux buts qu’il a ajoutés mercredi, Kyle Connor a moussé à quatre buts sa récolte aux dépens du Canadien lors des deux derniers matchs et à 13 points (huit buts) sa production en 12 matchs en carrière contre le Canadien...

 

  • Complice de trois buts des Jets, PierreLuc Dubois a gonflé à six buts et 12 points ses statistiques personnelles à ses sept derniers matchs contre le Canadien. Il revendique sept buts et 13 points en 15 matchs en carrière contre Montréal...

 

  • Les Canucks ont fait le trajet entre Ottawa et Montréal immédiatement après leur victoire de 32 en tirs de barrage aux dépens des Sénateurs...

 

  • Canadien et Canucks se croiseront vendredi et samedi pour la dernière fois de la courte saison régulière. Le Tricolore a signé cinq victoires et perdu à deux reprises en tirs de barrage lors des sept premiers duels entre les deux équipes...