MONTRÉAL - Entre un emploi exigeant comme ingénieure mécanique, une maîtrise en génie aérospatial et les aléas du quotidien, Catherine Daoust a toujours trouvé le temps d'enfiler ses patins pour s'adonner à sa passion: le hockey.

Daoust a dû faire de nombreux sacrifices et organiser son horaire au quart de tour au cours de la dernière année pour arriver à trouver un équilibre entre sa carrière et le hockey professionnel.

Même si, de son propre aveu, l'ancienne no 12 des Canadiennes de Montréal a payé davantage que ce qu'elle a reçu pour jouer au hockey la saison dernière, le choc a été difficile à encaisser en avril dernier, lorsque la Ligue canadienne de hockey féminin (LCHF) a annoncé qu'elle mettait fin à ses activités.

Mais comme plusieurs autres femmes l'ont fait, Daoust a choisi de prendre la parole et de se battre afin de faire avancer les choses.

Son désir de se joindre à la lutte pour l'égalité dans le hockey, comme la majorité des joueuses, est parti d'abord et avant tout de l'idée de mettre en place un système viable qui permettra aux futures joueuses d'évoluer au sein d'une ligue professionnelle et de vivre de leur sport à temps plein.

« Les femmes avant nous se disaient la même chose et ç'a évolué beaucoup, mais là, on veut que, comme les hommes, les femmes sachent qu'elles ont une vraie option pour vivre de leur sport », a soutenu la hockeyeuse âgée de 24 ans, qui a continué d'évoluer cette année avec l'équipe de la région de Montréal mise sur pied après la dissolution de la LCHF.

« Et c'est pour ça qu'on se bat aussi. Pour que les idoles ne soient pas seulement des hommes, mais que les femmes faisant partie de la Ligue nationale féminine soient aussi des modèles pour les générations à venir et que l'intérêt ne se présente pas juste une fois au quatre ans aux Jeux olympiques », a renchéri la joueuse originaire de l'Île-Bizard.

Dans les dernières années, la montée du féminisme et la prise de la parole des femmes sur la place publique ont incité les hockeyeuses à aller de l'avant avec leur projet.

« Je crois qu'il y a une ouverture et une volonté de donner une voix aux femmes. On avait le tremplin un peu avec les Jeux olympiques de PyeongChang en 2018. Quand les Américaines ont gagné, elles ont été invitées à plein d'émissions de télévision pour parler de leur sport et montrer leur médaille olympique », s'est-t-elle souvenue.

« Le fait que tous ces mouvements-là naissent en même temps, ça nous donne l'espoir d'avoir une meilleure plateforme pour véhiculer notre message et nous faire entendre. Les femmes sont écoutées », a-t-elle mentionné.

Samedi, vingt des meilleures joueuses du hockey féminin en Amérique du Nord participeront à un match trois contre trois dans le cadre du week-end du match des Étoiles de la Ligue nationale de hockey à St. Louis. Il s'agit là d'une excellente occasion pour ces femmes de mettre en vitrine le talent des membres de l'Association des joueuses de hockey professionnel (PWHPA).

« C'est plaisant de savoir que les yeux seront rivés sur le hockey féminin. C'est une grosse vitrine pour nous, s'est exclamée Daoust. On va avoir la chance de montrer le talent de ces joueuses-là, leur effort et tout ce qu'elles ont donné pour le sport. »

Après avoir bénéficié de l'appui de l'Association des joueurs de la Ligue nationale, cet évènement pourrait donner un souffle nouveau aux hockeyeuses professionnelles, qui poursuivront ensuite la tournée 'Dream Gap' dans le but de sauver leur avenir.

La plateforme  « Until She's Paid », initiative du copain de Daoust, Fabrice Latour, et de son ami Gabriel Lalonde-Francoeur, pourrait aussi grandement aider la cause. Le site internet, qui propose d'une part des portraits de hockeyeuses élites qui sont restées dans l'ombre, contient aussi une pétition s'adressant à la LNH.

« Mon copain a d'abord créé ce site pour montrer la réalité des autres filles (qui ne sont pas membres de l'équipe nationale), qui sacrifient beaucoup pour jouer au hockey, a-t-elle expliqué. Au moment où nous allons avoir une ligue, c'est important que ces filles-là n'aient pas abandonné, parce que nous allons avoir besoin d'elles. Ensuite, le but premier de la pétition était de chiffrer l'intérêt envers une ligue féminine, et ça permet aux gens d'appuyer la cause pour ceux qui voulaient le faire.

« Je pense que ça peut avoir un impact réel, a-t-elle poursuivi. N'importe quoi peut aider. Que ce soit la pétition ou autre chose, ça nous permet d'avoir plus de visibilité. (Gary Bettman) va peut-être la voir ou non, mais c'est certain qu'il y a plusieurs personnes qui vont la voir sur les réseaux sociaux, et je pense que c'est ce qui peut nous aider, d'avoir de la visibilité. »

Parmi la liste de souhaits de Daoust pour l'année à venir, il est évident que l'annonce de la mise sur pied d'une nouvelle ligue se situe tout en haut. Et si elle jamais l'arrivée d'une nouvelle ligue lui en offre l'opportunité, la défenseuse n'écarte pas l'option de quitter Montréal pour aller vivre de son sport ailleurs.

ContentId(3.1358940):Match des étoiles : « Il y a tellement de femmes talentueuses »
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