Patrick Roy mérite encore que son chandail soit retiré par le Canadien.

On retire avant tout le chandail d'un joueur pour ce qu'il a accompli sur la patinoire et je ne crois pas que les incidents de la semaine dernière à Chicoutimi empêchent l'organisation du Canadien de lui réserver cet honneur.

Les accomplissements de Roy font de lui un des grands gardiens de l'histoire du Canadien et de la LNH sinon le meilleur! Je songe tout de suite à la coupe Stanley de 1986, celle de 1993 ainsi que la finale de la LNH en 1989.

Ceci dit, il faut que Patrick s'aide.

Il recevra l'une des plus belles récompenses qu'un joueur peut rêver et ça procure une aussi une grande fierté à la famille. Il doit donc s'aider jusqu'au moment de cette cérémonie.

Le Canadien pourrait songer à retarder cette cérémonie d'une saison ou deux afin d'apaiser les choses. Je ne suis pas dans les secrets du Tricolore, mais son comportement des prochains mois pourrait avoir une influence dans ce dossier.

Certains partisans ne se gênent pas pour prétendre qu'ils vont huer Roy lorsque son numéro 33 sera hissé dans les hauteurs du Centre Bell.

Mais, en général, je crois que les amateurs vont se souvenir de sa carrière phénoménale.

Il faut éviter de jouer à l'hypocrite ici; ce ne sont pas tous des saints qui ont reçu ce privilège de la part du Canadien.

À mon avis, il y a avant tout un grand homme parmi eux et c'est Jean Béliveau. Je vous assure que certains ont fait des frasques spectaculaires à l'extérieur de la glace.

Alors il faut faire attention de trop juger les personnes car quelques chandails pourraient redescendre!

Le vétéran chroniqueur du quotidien The Gazette, Red Fisher, a lancé ce débat autour de Roy. Nul doute, Fisher est l'un des grands du métier et je le respecte puisqu'il a accompli des choses exceptionnelles au cours de sa carrière. Il a droit à son opinion, mais je ne la partage pas.

La première place, un petit velours

Je m'attends à ce que le CH termine sa saison en force même si la pression est retombée.

D'ici la fin du calendrier, Guy Carbonneau pourra se concentrer à bien préparer son équipe pour les séries.

Le Canadien est pratiquement assuré de terminer parmi les trois premières équipes de l'Association Est. Évidemment, ce serait tout de même un petit velours pour eux de finir en première place.

Le plateau du 100 points ferait aussi plaisir à de nombreux joueurs. La dernière fois que le Canadien a franchi les 100 points, c'était en 1992-93. Vous vous souvenez sans doute que Carbo faisait partie de cette équipe et j'imagine qu'il aimerait bien battre ce résultat de 102 points.

Tous ces objectifs sont bien intéressants, mais je suis persuadé que l'entraîneur du Canadien ne perdra pas de vue l'importance de bien finir la saison avec quatre trios efficaces.

Ensuite, Carbo va prendre les moyens nécessaires pour éviter les blessures et c'est l'une des raisons pour laquelle il donnera la chance à tout le monde de jouer.

À l'approche des séries, il y a toujours des choses à améliorer et j'apprécie le fait que le Canadien a déjà corrigé de petits problèmes lors de ses derniers matchs. Je pense par exemple aux difficultés de l'équipe en première période. Depuis quelques parties, ils sont plus efficaces en début de rencontre.

La constance demeure probablement l'aspect à améliorer. Toutefois, je considère qu'il faut se montrer plus positif à l'endroit du Canadien. La troupe de Guy Carbonneau a tellement accompli de choses depuis le début de la saison. Les joueurs du Tricolore ont fait tout un bout de chemin. Leur parcours est encore plus impressionnant si l'on songe aux prévisions très pessimistes des experts avant le premier match.

Tout ce qui reste à peaufiner est entre les mains des entraîneurs et ils effectuent un travail colossal cette saison. Selon moi, Carbo et ses adjoints vont insister pour réduire la durée des présences des joueurs sur la patinoire pour le début des séries. Je présume également que des efforts seront consacrés à retrouver le haut niveau d'excellence de l'équipe en avantage numérique.

Le débat du jeu physique et de la robustesse refait surface à quelques jours des séries éliminatoires. Mais, à mon avis, il ne faut ne pas trop s'inquiéter de cette dimension. Le Canadien a prouvé que sa rapidité pouvait avoir raison des équipes robustes et intimidantes. Les équipes de l'Association n'ont pas les éléments pour effrayer les joueurs du Canadien. Si jamais le Tricolore accède à la finale de la coupe Stanley, le scénario risque d'être plus complexe face à des équipes aussi robustes que les Ducks par exemple.

Le CH s'est fait «brasser» à quelques occasions cette saison, mais les joueurs ont trouvé le moyen de s'en sortir avec succès.

Je retiens surtout que le Canadien a fait mentir tous les spécialistes qui croyaient que la présence d'un « goon » était nécessaire.

Le Jack Adams revient à Carbo

Le moment est bien choisi pour discuter des candidats au trophée Jack Adams, remis au meilleur entraîneur de la LNH.

J'ai toujours de bons souvenirs lorsqu'on parle de ce trophée. J'ai eu la chance d'être en nomination trois ans de suite pour le Jack Adams et je l'ai mérité à deux occasions soit en 1986-87 et 1987-88 avec les Red Wings.

Ça me faisait chaud au cœur de me rendre à Toronto pour recevoir ces trophées. C'est plaisant d'être reconnu comme le meilleur entraîneur de la LNH de la saison.

En tant qu'analyste, je crois qu'il faut être honnête avec les autres entraîneurs de la LNH. Quand je prétends que mon vote irait à Carbo, ce n'est pas parce qu'il a joué sous mes ordres. Il ne faut pas penser de cette façon.

Je n'ai pas le droit à un vote, mais si c'était le cas, Carbo en hériterait puisqu'il mérite ce trophée pour plusieurs raisons.

Avant tout, il a vendu le concept «Tous pour un» à ses joueurs.

Ensuite, il a amorcé la saison avec Carey Price, un jeune de 20 ans, comme adjoint de Cristobal Huet. Cette décision a été payante puisque Price aura gagné plus de 20 matchs cette saison.

Il faut également vanter son mérite avec tous les autres jeunes de l'équipe. Il a relancé Andrei Kostitsyn, il a fait de Josh Gorges un défenseur indispensable…

Bref, il a accompli un travail incroyable avec cette jeune équipe. Sans oublier qu'il a perdu son gardien de but vétéran en fin de saison.

De plus, il a très bien motivé les joueurs qui ont en poche de lucratifs contrats comme Andrei Markov. Il est parvenu à le faire jouer avec un énorme appétit de victoire à tous les soirs.

Carbo mérite du crédit pour avoir éviter des problèmes majeurs. Certains vont parler de l'histoire la sacoche en Floride, mais ce n'était pas vraiment majeur comme incident et le Canadien a bien géré la situation.

Je ne peux passer sous silence le travail de Claude Julien à la barre des Bruins de Boston. Il est l'un de mes candidats et c'est certain qu'il va obtenir des votes, il a effectué un travail fantastique.

Propos recueillis par Éric Leblanc